vendredi 26 avril 2013

[Critique] Blackbird, de Jason Buxton



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(Canada, 2012)



Sortie le 12 juin 2013




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coeur


Prix Claude Jutra 2013 et Prix du meilleur premier film au dernier Festival de Toronto (prix qu’il partage assez curieusement avec « Antiviral »), « Blackbird » s’impose tout de suite comme une nouvelle révélation du cinéma
canadien ! En relatant l’histoire d’un adolescent marginal d’une petite ville du Canada, pris dans le terrible engrenage d’une justice qui s’emballe un peu trop vite, le cinéaste Jason Buxton
propose un sujet fort, traité qui plus est avec une intelligence et une subtilité admirable…

Sean, adolescent gothique et fan de métal, est maltraité par les autres élèves de son lycée. Quand des soupçons se forgent devant des publications qu’il laisse sur internet, la police débarque
sauvagement en pleine nuit chez l’ado et son père, accusant Sean de préparer une tuerie façon Columbine dans son école… Des « preuves », qui ne sont pourtant que des écrits de colère d’un jeune
exclu, l’accablent au point qu’un tribunal refuse une liberté sous caution avant le procès. Le jeune homme, que l’on a vu pourtant incapable de tuer une biche alors qu’il chassait avec son père,
se retrouve dans une prison avec d’autres ados hostiles à son égard, bien plus violents encore que ceux de son lycée… Voyant qu’il ne peut tenir dans un tel environnement, il accepte la
proposition de son avocat : laisser croire à tous qu’il avait vraiment l’intention de mettre ses plans meurtriers à exécution et s’en excuser platement… Enfin libéré, il se rendra néanmoins
compte qu’il n’est justement plus « libre », le regard des autres dans cette communauté de province le faisant finalement toujours se sentir en prison… où il finira d’ailleurs par retourner,
pousser par l’envie de lutter contre une machine judiciaire qui le dépasse et de faire enfin reconnaître la vérité sur son innocence !

« Blackbird » dresse au fond le portrait d’un personnage « pur » et intègre, comme il n’en existe presque plus dans nos sociétés guidées par le mensonge et l’apparat. « Je suis attiré par les
histoires où le personnage principal lutte pour faire entendre sa voix et maintenir son intégrité, face à l’adversité », explique le cinéaste, qui rejoint finalement les derniers mots de son
personnages principal, affirmant ne jamais choisir la facilité… Mais c’est justement cette volonté d’intransigeance, parfois en dépit du « bon sens » tel que veut nous le faire entendre les
institutions modernes, qui rend Sean si émouvant, d’autant plus qu’il est interprété par un jeune acteur extrêmement prometteur, au jeu intense et tout en intériorité (Connor Jessup). A travers
son histoire, Jason Buxton tend à montrer la folie humaine, notamment celle d’une communauté repliée sur elle-même, toujours prête à s’acharner sur des bouc émissaires… Usant d’une mise en scène
sèche et déterminée, à mille lieues des « teenage movies » américains par exemple, il sait pourtant tracer les contours d’une histoire édifiante, méticuleusement construite et riche en émotions.
Chaque étape que doit franchir son jeune « héros » devient comme une révélation à lui-même et l’aidera à trouver dans la noirceur de son quotidien toute la grâce des choses de la vie : c’est en
prison qu’il finira par exemple par se faire un ami, au prix de beaucoup de peine et de coups, et c’est en aidant une jeune fille à fuir le monde factice qu’elle s’est construit qu’il trouvera
l’amour… Extrêmement beau et vibrant !































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4 commentaires:

  1. La bande-annonce m'avait déjà séduit et après avoir lu ta critique, je n'hésite plus, je vais aller le voir! En plus, tu as mis un coeur, c'est bon signe!

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  2. Vu et apprécié, une fin un peu abrupte ... mais porteuse d'espoir.


    Bises

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  3. Ca yest, je l'ai enfin vu (hier soir)! ;)
    Génial!!! J'ai a-do-ré!
    Ta critique est très juste (je l'ai relue attentivement), c'est un très beau film, juste et intelligent, brillamment interprété (mention spéciale à Connor Jessup, bluffant).
    Le personnage force vraiment l'admiration, prêt à payer très cher le prix de son intégrité morale. J'étais à la fois épaté par son abnégation et révolté par les épreuves qu'il traverse... mais
    qui lui permettront de grandir et de sortir vainqueur (il gagne le respect, l'amitié et même l'Amour).
    Un vrai coup de coeur pour moi aussi, Philou!

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  4. cool, tu as l'air super enthousiaste ! on n'a pas beaucoup entendu parler du film, par ailleurs, c'est dommage...

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