vendredi 12 avril 2013

[Critique] Le temps de l’aventure, de Jérôme Bonnell



temps_de_l_aventure.jpg
(France, Belgique,
Irlande, 2013)



Sortie le 10 avril 2013




star.gif

star.gif


Quand on lui demande ce qui lui a plu dans son personnage du « Temps de l’aventure », Emmanuelle Devos répond qu’elle « soit privée, brutalement, de tous les moyens modernes, censés faciliter nos
vies. Plus de carte bleue. Plus de portable… Vous imaginez combien ce petit objet terrifiant, s’il avait existé, aurait pu modifier le destin des grands personnages littéraires qu’on aime tant
[…] Dans le film de Jérôme [Bonnell], le romanesque de jadis redevient possible ». Romanesque : le mot est lâché… et c’est peut-être bien l’une des clés du merveilleux nouveau film du réalisateur
de « La dame de trèfle », dans lequel ce sentiment d’inconnu et
d’imprévisible devient constamment palpable. L’une de nos plus grandes actrices actuelles (ce que malheureusement trop peu de réalisateurs prennent en considération), la formidable Emmanuelle
Devos, y incarne ainsi une femme de 40 ans, qui se pose des questions sur sa relation actuelle et qui est visiblement à un tournant de sa vie, et qui va justement vivre une journée hors du commun
(et hors du temps ?) à Paris, le temps d’une rencontre et d’une aventure avec un homme croisé le matin même dans un train…

Si le synopsis possède de faux airs de romance à l’eau de rose, il faut dire que Jérôme Bonnell cache bien son jeu et sait distiller au gré des errances de son héroïne dans la capitale de vrais
enjeux dramatiques et même de forts questionnements métaphysiques… C’est que, l’air de rien, il a un talent immense pour filer des métaphores absolument extraordinaires et passionnantes ! Prenez
cette image du train, par exemple : tous ces trains, que le personnage prend ou rate, ne sont-ils pas le symbole de la vie ? Monter dans un train ou ne pas le faire, prendre le suivant, attendre
à quai, retarder son départ : n’est-ce pas les hasards qui le plus souvent scellent le destin ? Mais la métaphore que le cinéaste manie le mieux reste probablement celle du temps qui passe, des
trains qui filent, justement, et qui ne passeront peut-être bientôt plus… Profiter une dernière fois des chemins de traverse avant de se remettre sur les rails ?

Au milieu de cet enchevêtrement de scènes et de dialogues qui font mouche, condensés sur une journée dans un Paris en pleine fête de la musique (musique parfois gênante par son bruit
assourdissant, parfois agréable pour profiter d’une déambulation avec l’être aimé…), au milieu de cette profusion de sens, donc, l’actrice choisie par le réalisateur resplendit ! Elle est à
l’image du film, qu’elle porte d’ailleurs de bout en bout… Elle incarne en outre une actrice, mise en abyme heureuse qui permet de donner au film toute sa diversité miraculeuse : elle passe ainsi
sans le moindre heurt d’une scène complètement burlesque (la dispute hilarante – et pourtant si réaliste – avec sa sœur, suivie d’un poteau qu’elle se prend en pleine figure en marchant dans la
rue…) à une autre beaucoup plus grave (le temps des adieux…) On ressort de cette expérience éminemment troublé, avec le sentiment sincère d’avoir été profondément ému…



Perspective :



- La dame de trèfle, de Jérôme Bonnell































  • Plus










8 commentaires:

  1. Très déçu pour ma part. En premier lieu j'ai trouvé Gabriel Byrne pas investi, au minimum synidical et surtout je n' ai pas senti d'osmose avec Emmanuelle Devos, gênant pour un coup de foudre...
    1/4

    RépondreSupprimer
  2. Hello, je ne suis pas du tout déçue et je suis d'accord avec toi Phil Siné. Le film qui se déroule sur une journée est émouvant et parfois drôle et brulesque. Le personnage d'Emmanuelle Devos ne
    manque pas d'audace et pourtant j'avais un peu peur : encore une actrice qui joue le rôle d'une actrice.. Et puis j'ai beaucoup aimé les plans de Calais (la digue et surtout la gare que je
    commence à bien connaître !)..

    RépondreSupprimer
  3. Ce que j'ai aimé ce film complètement porté par Emmanuelle Devos. Content que tu l'ais apprécié aussi. Par contre, j'ai trouvé Byrne monolythique ...

    RépondreSupprimer
  4. Un peu chiant quand même...Le blabla d'E.Devos dans la chmabre d'hotel après qu'ils ont couché pour la 1ère fois ensemble, c'est un peu "Les feux de l'amour"....J'ai l'impression d'avoir été un
    peu enfumé...

    RépondreSupprimer
  5. Ah oui ? Pourquoi n'oses-tu pas en parler de Byrne ? moi, dans mon billet, je n'ai pas hésité pour dire que c'est une erreur de casting ;-)

    RépondreSupprimer
  6. Mince alors, j'ai plutôt bien aimé ce film aussi en dépit des passages très cinéma français auxquels je suis toujours aussi imperméable... c'était peut-être pour son mélange des genres justement,
    qui nous balade d'une humeur à l'autre, et on en ressort effectivement avec en tête quelques réflexions sur la vie qui m'ont parues très justes, pendant et après le film. Arf ! 

    RépondreSupprimer
  7. J'en retiens surtout une fin magnifique. Le reste ne m'a qu'à moitié convaincu. 


     


    http://www.lebleudumiroir.fr/?p=4904

    RépondreSupprimer