vendredi 5 avril 2013

[Critique] La maison de la radio, de Nicolas Philibert



maison_de_la_radio.jpg
(France, 2012)



Sortie le 3 avril 2013




star.gif

star.gif

star.gif


Comment filmer la radio ? Comment créer des images avec ce qui n’est d’habitude que du son ? Le documentariste Nicolas Philibert, à qui l’on doit notamment le très beau « Etre et avoir », a très
bien compris les enjeux de son sujet et les difficultés de représentation qu’il posait et sur lesquels il fallait nécessairement s’interroger : "Un film sur la radio, c’est un peu contre nature -
comment filmer la radio sans détruire son mystère ? - mais c’est sans doute pour ça que j’ai eu envie de le faire." Et pour « filmer l’invisible », si l’on peut dire, six mois de tournage au sein
de « la maison de la radio », la fameuse « maison ronde » dans le 16e arrondissement parisien, ont été nécessaires ! Six mois, que le film a décidé de représenter sous la forme d’une journée
fictive de 24h, en commençant tôt le matin avec les émissions d’infos et en terminant tard dans la nuit (ou encore plus tôt ?) avec la préparation rédactionnelle de ces mêmes émissions…

Le résultat à l’écran est tout simplement miraculeux ! On assiste à la vie quotidienne dans les couloirs et les bureaux de cette « maison de la radio » mythique, où se jouent des scènes et des
émotions aussi diverses qu’inattendues… Un jeune stagiaire se fait faire des remontrances sur son travail, mais des remontrances toujours constructives, qui lui apprennent les subtilités du
métiers – et qui en plus nous font rire, ce qui est tout bénéf ! Un animateur nous raconte sa passion de la musique, complètement submergé par les montagnes de CD qui encombrent son bureau. On
suit un moment la moto du tour de France, au gré de rencontres visiblement plutôt joyeuses… On assiste à des enregistrements musicaux de toutes sortes (parfois avec des instruments étonnants), et
même à des enregistrements de pièces radiophoniques avec des acteurs formidables, comme Eric Caravaca ou Anne Alvaro, que l’on aperçoit brièvement… On apprend que Jésus parcourt les couloirs de
la maison ronde avec du thé et du café pour tout le monde !

Nicolas Philibert donne finalement à voir autant la diversité des programmes créés au sein de ce lieu à la richesse incroyable que la multiplicité des émotions qu’ils véhiculent… Son film est
traversé de part et d’autre par des moments de rire ou d’émotions pures ! Des moments parfois poétiques aussi, ou même un brin absurdes… On retrouve au fond les sensations d’un grand film de
cinéma et on demeure fasciné par la magie de certaines séquences : les musiciens qui doivent arrêter un enregistrement pour attendre que des travaux, quelque part dans les murs, s’arrêtent enfin,
ou les minutes de solitude des invités de Rébecca Manzoni dans son émission Eclectik… L’éclectisme de tous ces programmes, souvent inventifs et audacieux, voilà justement ce que nous montre ce
documentaire plein de surprises et d’intelligence ! Le réalisateur rend au bout du compte un vibrant hommage à Radio France, l’un des services publics les plus merveilleux qui nous reste encore,
mais un service éminemment fragile dans une société libérale où la vitesse et l’argent détruisent toutes les belles choses… « La maison de la radio » nous rappelle combien il convient de prendre
soin de ce service et combien il est important de le protéger pour le voir perdurer, comme un antidote parfait à la télévision abrutissante d’une civilisation de l’image et de l’illusion facile !































  • Plus










3 commentaires:

  1. Quelle passion, c'est épatant... En pleine mode des podcasts audio filmés (?!) et des programmes radios qu'on peut voir à la tv (??! aussi...), j'ai dû voir la bande annonce de ce film des
    dizaines de fois en salles. Et tout comme les deux drôles d'idées que je viens d'évoquer, ça m'a laissé passablement perplexe, typiquement un film qui n'aurait pas retenu mon attention. Mais
    voilà que tu me donnes presque envie de le voir... Allez honnêtement : c'est ton côté fanboy de Radio France ou vraiment le cinéphile en toi qui parle, là ? Quoi qu'il en soit, chapeau pour cette
    encore très belle critique :)

    RépondreSupprimer
  2. Ben oui, "presque" : c'est tout de même un docu français sur de la radio française que je n'écoute pas (même si Inter diffuse Fauve apparemment, et que ça c'est très bien! :), il n'y avait
    vraiment aucune raison que je m'intéresse à ce film avant de lire ta belle critique. Mais note que la dernière fois que j'ai écrit ça, c'était à propos de "Dans la maison" et que je l'ai vu
    finalement...

    RépondreSupprimer
  3. mais oui inter c'est chouette ! ils passent même alex beaupain et saez !! :)

    RépondreSupprimer