mardi 10 avril 2012

[Critique] Titanic 3D, de James Cameron



titanic_3d.jpg
(Etats-Unis, 1997-2012)



Sortie le 4 avril 2012




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Au fond, je reprocherais à ce « Titanic 3D » la même chose que je reprochais déjà à sa version plate de 1997 : sa romance sirupeuse et stéréotypée à mort, pour ne pas dire parfaitement désuète,
entre un jeune artiste sans le sou et une bourgeoise qui rêve de se rebeller contre l’ordre établi… Si ces enjeux dramatiques là ont déjà été mille fois vus et revus au cinéma, on sent d’autant
plus que James Cameron n’est pas du tout un cinéaste fait pour le mélodrame : d’habitude réalisateur de films couillus et musclés, dont les héroïnes sont paradoxalement le plus souvent des femmes
(à l’instar d’un « Terminator » ou d’un « Aliens, le retour »), il « rame » à mort
(un comble à bord d’un paquebot !) pour rendre crédible et palpitante cette histoire d’amour, certes portée par deux acteurs merveilleux (Kate Winslet et l’encore tout bambin Leonardo DiCaprio),
mais qui enfile les clichés et la subversion de petite fille façon « papier glacé »…

Un peu triste, aussi, que cette histoire d’amour attendue ne soit finalement réduite qu’à un pur enjeu au service de l’idéologie capitaliste hollywoodienne, puisque le but de la réminiscence de
la centenaire Rose n’est au fond pas en premier lieu de nous raconter ses ébats contrariés avec Jack, mais bel et bien de révéler où se trouve un précieux diamant qui aurait du se situer quelque
part sur l’épave retrouvée du bateau… Piteuse perspective au final, de faire rêver les jeunes filles avec des pierres précieuses très chères plutôt qu’avec la beauté de l’amour ?

Par contre, le film reste toujours aussi impressionnant dans son souci de faire revivre l’imposant « Titanic », le réalisateur apportant toujours un soin profond à chaque détail de sa
reconstitution, qu’il s’agisse des impressionnantes machineries du bateau ou de la vie à bord, depuis la séparation des classes sur les différents étages jusqu’à la présence de certains décors ou
objets d’apparat… Sans compter qu’à partir du moment où le paquebot heurte l’iceberg, on retrouve enfin le style dans lequel Cameron excelle vraiment : celui de l’action ! Le naufrage dure près
d’une heure trente en tout et le metteur en scène ne nous laisse pourtant pas un moment pour souffler : l’enchaînement des séquences à sensations fortes est impressionnant et le film révèle alors
enfin ses véritables atouts ! Quelques scènes poétiques viennent même orner cette sublimation du film catastrophe, notamment lorsque l’on voit sombrer avec le navire certains chef-d’œuvres de la
peinture impressionniste ou lorsque des musiciens décident d’affronter la mort sur le pont leurs instruments à la main… « Titanic » compte ainsi de jolies choses et de nombreuses réussites !

Quant à l’adjonction du relief au film, même si elle n’apporte pas forcément un grand changement par rapport au matériau d’origine (surtout sur une durée de 3h, le regard finissant parfois par
oublier l’effet 3D…), force est pourtant de constater qu’elle est ici plutôt bien réalisée, contrairement par exemple à la piteuse version que Lucas nous a livré de son « Star Wars » récemment… Pour « Titanic », on pourrait même presque
dire que la troisième dimension « révèle » la mise en scène de James Cameron, tant on remarque aujourd’hui à quel point le film semble avoir été pensé pour cette technologie : caméra constamment
stabilisée, longs et lents travellings et plans séquences sur le bateau permettant de bien poser le regard… « L’immersion » est donc concluante et réussie, bien plus que celle du Titanic de 1912
! Le naufrage devient ici une sympathique aventure…



 



Autres films de James Cameron :



- Aliens, le retour (1986)



- Avatar (2009)































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4 commentaires:

  1. "on sent d’autant plus que James Cameron n’est pas du tout un cinéaste fait pour le mélodrame "


    Non mais t'es pas sérieux? ;)


    Cameron en fait toujours des tonnes avec les histoires d'amour (Terminator, Abyss, Avatar). C'est sa marque de fabrique. Mais elles cachent toujours des idées bien plus intéressantes. Ici, la
    "naissance" de Rose est loin d'être aussi naïve qu'elle en a l'air.


    Toujours un plaisir au ciné!

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  2. Je le reverrai bien quand même, sur grand écran et en 3D ce Titanic. Je ne l'ai pas vu depuis le ciné à l'époque.

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  3. Bonjour :)


    "cette histoire d’amour attendue ne soit finalement réduite qu’à un pur enjeu au service de l’idéologie capitaliste hollywoodienne, puisque le but de la réminiscence de la centenaire Rose n’est
    au fond pas en premier lieu de nous raconter ses ébats contrariés avec Jack, mais bel et bien de révéler où se trouve un précieux diamant qui aurait du se situer quelque part sur l’épave
    retrouvée du bateau… Piteuse perspective au final, de faire rêver les jeunes filles avec des pierres précieuses très chères plutôt qu’avec la beauté de l’amour ?"


     


    Nous n'avons pas dut tout vécu et compris le film de la même façon apparemment. :) Dans MA réalité, je crois que vous êtes passé, à mon avis, totalement à coté d'une des morales véhiculées par ce
    film.


    1) D'accord au début l'équipe de recherche n'a qu'un seul but : le Cœur de l'océan. D'ailleur au début de la narration de Rose, le directeur des recherches la coupe dans son élan
    et lui dit une réplique du genre :"on sait tout ça, rapellez vous juste une chose" (en rapport avec le diamand)... Elle lui rétorque un "voulez-vous entendre ce que j'ai à dire mr truc?" De cette
    façon elle commence à implanter l'idée qu'il y a bien plus important que le diamand, il y a son histoire... Donc je désapprouve totalement votre analyse. Je pense que c'est tout à fait le
    contraire en fait.


    2) Le film se focalise sur l'histoire d'amour et en fait très peu sur le diamand.


    3) Il y a un passage vers la fin du film ou les personnes de l'équipes de recherche parlent entre eux. Et le "directeur" des recherches dit à un de ses collègues : J'ai étudié 5 ans le titanic
    sous tous ses angles, et je suis passé complètement à coté..." En conclusion de l'histoire de Rose.  Ce qui pour moi signifie, j'ai passé 5 ans à regarder le titanic d'un oeil scientifique
    ET de façon intéréssé pour le "trésor". Et je suis passé à coté de la chose la plus importante : son histoire, j'ai manqué d'empathie. Là se trouvait la vraie richesse. Ce qui valide
    l'enseignement de rose, et qui je pense est une formulation explicite de la conclusion du film pour ceux qui n'aurait pas compris pourquoi rose nous avait raconté tout ceci.


    4) Tout à la fin elle jette le diamand dans l'eau. Ou est la conclusion capitaliste ?


    Donc je pense que vous vous méprenez totalement lorsque vous affirmez : "un peu triste que cette histoire d’amour attendue ne soit finalement réduite qu’à un pur enjeu au service de l’idéologie
    capitaliste hollywoodienne" Alors que moi je pense que l'équipe de recherche ( l’idéologie capitaliste) n'a servi de support que pour véhiculer une valeur bien plus riche et ainsi
    s'auto-détruire...


     


    Pour votre analyse sur la romance du film et sur l'incapacité de james cameron de faire du mélodrame... Difficile pour moi de vous contredire étant donné que vous ne justifiez de façon précise
    aucun de vos arguments... Et je trouve que remettre en question les capacités de james cameron, c'est fermer les yeux devant l'engouement des gens du monde entier pour ce film à
    sa sortie. 


    Au final êtes-vous sûr et certain que le problème vient de l'incapacité de james cameron à toucher le coeur de ses spectateurs? Ou plutôt que votre incapacité à être touché
    ?



    Vous avez le droit de ne pas avoir été touché, mais de là à remettre en question le professionnalisme de james cameron, sur son oeuvre qui est devenu culte...

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  4. eh oui je suis arrogant et centré sur mon petit nombril : mais c'est la définition d'un blog non ?

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