dimanche 29 avril 2012

[Critique] Hell’s Ground (Zibahkhana), d’Omar Khan


hell_s_ground.jpg(Pakistan, 2007)




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Vous pensiez le cinéma de genre pakistanais inexistant ? Eh bien, détrompez vous ! Il faut bien reconnaître que dans un pays où le poids de la religion se fait encore bien sentir, proposer des
films composés de sexe et de sang n’a absolument rien d’évident, et pourtant le réalisateur Omar Khan relève cette gageure avec une conviction qui fait plaisir à voir ! Certes, « Hell’s Ground »
demeure probablement l’un des seuls films d’horreur produit dans le pays récemment et il a apparemment flirté de très près avec la censure, mais force est de constater qu’il existe bel et bien,
tel un diamant brut des plus réjouissant !jour du saigneur

Admiratif du cinéma d’horreur américain, Omar Khan s’est bien servi dans le catalogue des grands classiques de l’épouvante, citant tout autant « Vendredi 13 », « Massacre à la tronçonneuse » ou «
La nuit des morts vivants »… A côté de dialogues hésitant bizarrement entre langue anglaise et langue locale, il est d’ailleurs étonnant de voir comment le film se permet de mélanger les genres
horrifiques et de passer du coq à l’âne en un clin d’œil au beau milieu du long métrage : ce qui démarrait comme un film de zombie dévie ainsi sans prévenir pour se transformer en slasher pur jus
! Un peu comme si finalement le cinéaste tenait absolument à rendre hommage à tout ce qu’il aime dans un seul et unique film, de peur sans doute de ne pas avoir la chance d’en réaliser d’autres
un jour…

Mais si l’inspiration vient des Etats-Unis, « Hell’s Ground » parvient parfaitement à y mêler de multiples références à la culture pakistanaise… Outre un scénario mettant en scène des jeunes
adultes obligés de mentir à leurs parents pour se rendre à un concert un peu éloigné (une fille qui sort toute une nuit, ça ferait vraiment tâche vis à vis de Dieu et de ses parents !), le film
distille des traces d’une civilisation écrasée par des lois religieuses, le poids de traditions ancestrales et de tabous majeurs : même le serial-killer de la partie slasher porte la burqa, alors
c’est dire ! Khan parvient même à rendre hommage à l’un des seuls films fantastiques de l’histoire du cinéma de son pays, par le biais de l’acteur Rehan Qavi, vedette d’un « Dracula au Pakistan »
de 1967, dont un court extrait inonde l’écran lorsque l’acteur apparaît sous les traits d’un vieux fou qui leur vend des boulettes de viande apparemment immondes et qui les met en garde sur la
route qu’ils empruntent, qui ne serait autre que « la route de l’enfer » !

Multipliant les situations archi-rebattues du cinéma horrifique occidental (une bande d’ados qui tombent en panne sur une route abandonnée, la population changée en zombies suite à la pollution
de l’eau, une maison abandonnée la nuit où sévit un tueur fou maniant le fléau avec dextérité…), « Hell’s Ground » fait preuve d’une certaine audace, notamment dans sa représentation visuelle de
la violence (tête tranchée, dépeçages en tout genre, zombification d’un sosie de Louis Garrel…) Mais son aspect le plus plaisant demeure sans doute son ton décalé et parodique : expressions et
comportements constamment exagérés, des personnages qui se draguent alors que leurs amis sont morts ou portés disparus, scènes d’attaques meurtrières souvent assez ridicules, sans compter une
bande son composée de musiques locales parfaitement horripilantes… Et même si cette dimension de franche déconnade potache n’est absolument pas volontaire, on n’en a au fond pas grand chose à
faire tant ce spectacle étonnant et unique se révèle diablement réjouissant !



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2 commentaires:

  1. Aaaah, ce tueur à la burqa qui est la fifille à sa môman ^_^ Un grand moment de n'importe quoi jubilatoire !

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  2. yes ! grand film ! vive le cinéma bis pakistanais !

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