jeudi 26 avril 2012

[Critique] DSK, Hollande, etc. (v. 1), de Julien Brygo, Pierre Carles, Aurore Van Opstal


dsk_hollande_etc.jpg(France, 2012,
etc.)



Première version du film disponible sur le site de Pierre Carles




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Revoilà notre trublion médiatique préféré, Pierre Carles, qui nous propose cette fois-ci un nouveau film en cours de finalisation sur son site internet : il y offre un premier montage en accès gratuit et lance un appel aux dons pour le terminer et si possible le diffuser dans quelques salles de cinéma d’ici la fin de
l’année… On veut y croire ! Surtout que le film se révèle une nouvelle fois passionnant et édifiant en matière de critique des médias : il s’attache cette fois-ci à la façon dont les journaux et
les télévisions ont littéralement « fabriqué » le futur candidat socialiste à la présidentielle en train de se jouer ces jours-ci… Comme il est désormais grillé de toute part chez les
journalistes « chiens de garde du pouvoir », il envoie du coup ses « disciples » au front, Julien Brygo et Aurore Van Opstal, qui parviennent avec une certaine espièglerie à mettre les grands
noms de la presse et de la télévision face à leurs connivences honteuses et à leurs contradictions innombrables…

« DSK, Hollande, etc. » use de la même aisance de montage et d’analyse que les précédents films de Pierre Carles, comme notamment « Fin de concessions ». On assiste ainsi à un enchevêtrement brillamment agencé de
documents pertinents, d’interviews bien menées, de réflexions riches et intelligentes, qui nous décortique en gros comment les médias dominants parviennent à maintenir comme immuable le même
système bipartite de la politique française et comment ils sont surtout parvenus à construire le candidat de la future « alternance » en assenant sans complexe leur idéologie à leurs lecteurs ou
à leurs spectateurs… D’abord en la personne de Dominique Strauss-Kahn, dont les déboires sordides obligeront les « journalistes » à lui trouver un remplaçant de poids, capable d’incarner
finalement le même discours libéral pour rassurer le système : ce sera Hollande, tiré habilement vers le haut à partir de sondages qui le donnaient à l’époque qu’à 5 % !

Le film fourmillent d’images troublantes et terrifiantes quant à la pseudo pluralité des médias… En les asticotant habilement, les réalisateurs parviennent à recueillir des témoignages « off »
assez explicites de certains directeurs de presse : Maurice Szafran, le directeur de Marianne, ira même jusqu’à balancer que « les éditorialistes [de tous les grands journaux] sont plutôt de
droite, et ils ont estimé que Strauss-Kahn, c’était une gauche qui leur convenait ». Et quelle jubilation, aussi, de voir s’énerver avec agacement les bons chiens-chiens coriaces à leur pouvoir
libéraliste : les Jean-Michel Aphatie (pitbull à RTL et Canal +), les Laurent Joffrin (fox-terrier au NouvelObs), les Nicolas Demorand (berger allemand à Libération)… Leur assurance arrogante,
leur prétention à détenir la bonne parole, leur anti-gauchisme primaire, les rend tous ici profondément antipathiques et dangereux pour la démocratie : Apathie pestant contre la présence de
plusieurs candidats trotskistes à la présidentielle ou affirmant « mériter » son salaire indécent devant un Dupont-Aignan qui nous paraîtrait presque sympathique tellement il est combattu avec
acharnement sur le plateau télé de Michel Denisot, remplis de bons toutous libéraux s’offusquant à la moindre idée différente de la leur…

La question fondamentale du film revient finalement à poser la question de la démocratie en France : le pluralisme et la liberté d’expression existent-t-ils encore lorsque tous les médias de
masse pissent dans le même sens ? Quel est ce pays où un journaliste déclame à Jacques Cheminade, candidat à l’élection présidentielle qui a pourtant obtenu 500 signatures d’élus nécessaires pour
se présenter, qu’il incarne la parfaite « candidature inutile » ? Quel est cette télévision publique où un Pujadas remet en cause à la légère les accusations pourtant documentées d’une Eva Joly
sur le lobby nucléaire ? Que reste-t-il de l’intégrité d’un éditorialiste revendiqué « de gauche » comme Demorand, lorsqu’il insulte et manque complètement de respect à Jean-Luc Mélenchon,
l’unique candidat crédible de la gauche en France aujourd’hui ? Pierre Carles et ses amis essaient encore et toujours d’alerter l’opinion sur notre système médiatique malade, antidémocratique et
corrompu : mais une diffusion de ce documentaire sur internet peut-il suffire à porter leurs voix au-delà du cercle des convaincus ?



 



Perspectives :



- Fin de concession, de Pierre Carles



- Les nouveaux chiens de garde, de Gilles Balbastre
et Yannick Kergoat































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