mercredi 4 avril 2012

[Critique] La terre outragée, de Michale Boganim



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(France, Pologne, Ukraine,
Allemagne, 2011)



Sortie le 28 mars 2012




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Avril 1986 : la terrible catastrophe de la centrale nucléaire de Tchernobyl oblige les habitants de la ville de Pripiat à fuir en abandonnant tout derrière eux… 10 ans plus tard, certains
survivants font visiter la ville fantôme et la « zone interdite » à des touristes idiots en mal de sensations fortes… En scindant ainsi son film en deux époques et en embrassant le destin de
quelques personnages seulement, la réalisatrice issue du documentaire Michale Boganim signe une fiction remarquable qui donne à voir ce drame mondial à travers le prisme de l’intime…

La première partie de « La terre outragée » nous montre les habitants de Pripiat vaquant à leurs occupations habituelles, laissant la vie continuer tranquillement alors que l’horreur se produit…
Les indices apparaissent peu à peu : nuages gris, pluie noire, compteur Geiger qui s’emballe… mais la tradition du secret des autorités soviétiques fait tarder la seule décision à prendre pour ne
pas voir mourir toute vie dans la zone irradiée : l’évacuation des lieux arrive alors bien tardivement… Entre-temps, un ingénieur de la centrale, condamné à se taire, ne sait plus quoi faire,
sinon laisser fuir discrètement sa femme et son fils et se cantonner à quelques gestes dérisoires, comme distribuer des parapluies à la population…

De son côté, la belle Anya (superbe Olga Kurylenko) se mariait le jour même de la catastrophe : ce qui devait être le plus beau jour de sa vie se transforme en cauchemar quand son mari est
réquisitionné pour officiellement aller éteindre un feu de forêt, mais officieusement faire parti des « liquidateurs », sacrifiant ainsi sa vie pour juguler l’incident à la centrale… 10 ans
après, elle ne sait pas si elle doit partir ou rester dans la zone, partagé entre son amour pour deux hommes : l’un incarnant l’impossibilité de fuir son passé et l’autre qui lui permettrait de
s’installer en France. Entre deux visites de la zone, elle entonne « Voyage voyage », incitation à l’ailleurs, symbole du désir d’échapper à ce quotidien morne et mortifère ?

Même si le scénario finit un peu par tourner en rond dans la seconde partie, « La terre outragée » demeure un superbe film d’atmosphère, montrant des personnages flottant entre la vie et la mort,
faisant preuve de cette résignation sans faille qui leur permet de rester là… Une détermination à retrouver parfois un parent que l’on a perdu lors de la catastrophe et que d’autres supposent
mort aujourd’hui… Il y a comme une poésie du désastre qui recouvre ces images splendides et tragiques à la fois, aux envolées parfois presque fantastiques : le silence et la neige de la ville
fantôme de Pripiat (la réalisatrice a beaucoup galéré avec les autorités pour tourner dans la zone) où rodent ici et là des enfants seuls et autres pilleurs, cette scène étonnante au cours de
laquelle Anya incite des touristes grossiers à « écouter le bruit de la radioactivité », qui n’est bien sûr qu’illusion mais que l’on croirait presque entendre dans les branches de tous ces
arbres morts qui les entourent… « La terre outragée » est en somme un voyage qui nous hante et d’où l’on se demande si l’on peut vraiment revenir : une expérience envoûtante et méditative…































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3 commentaires:

  1. C'est décidé je vais le voir aujourd'hui.


    Bises et bonne semaine !

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  2. Vu et "chroniqué" aujourd'hui et j'ai mis ton avis en lien !


    Bises et bonne soirée

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