dimanche 1 avril 2012

[Critique] Heartless, de Philip Ridley



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(Grande-Bretagne, 2009)




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Voici un film étonnant qui se distingue du cinéma horrifique traditionnel dans la mesure où il se plaît à multiplier les fausses pistes et à brouiller les repères habituels du genre… « Heartless
» se situerait même plutôt au confluant de plusieurs tendances, quelque part entre l’horreur pur, le fantastique, le thriller, le sujet de société et le drame psychologique… L’intrigue mêle en
effet le film de monstres avec une relecture du mythe de Faust et le portrait d’une psychose avec le film de banlieue où sévissent la pauvreté et les gangs ultra violents !

A travers l’itinéraire du jeune Jamie (impeccable Jim Sturgess), le film de jour du saigneurPhilip Ridley nous plonge ainsi dans un univers
sombre de misère sociale, où des jeunes gens livrés à eux-mêmes se mettent à tuer des passants au hasard (dont la mère de Jamie) par pur plaisir… à moins que ces jeunes ne soient en réalité des
monstres, comme le soupçonne peu à peu notre héros ! Bizarrement, le film bifurque un peu et nous emmène sur des routes que l’on n’attendait pas forcément : confronté au Diable (ou quelque chose
comme ça ?), Jamie va accepter un pacte afin de voir disparaître la tache de naissance en forme de cœur qui lui défigure le visage (et lui pourrit socialement la vie !), en contrepartie de quoi
il se verra contraint de tuer poisson_avril_simpson.gifcertaines personnes… C’est ainsi en
devenant littéralement « heartless » (« sans cœur ») qu’il va lui-même devenir un criminel. Mais le film maintient une belle ambiguïté, qui nous empêche toujours de savoir si ce que l’on voit est
le réel ou le monde intérieur de Jamie, qui serait alors en train de devenir fou…

Cette ambivalence constante entre rêve et réalité, entre folie et rationalité, aidé par des effets spéciaux dans l’ensemble très réussis, offre au film son esthétique et sa construction si
spéciale et si originale, qui envoûte tout bonnement son spectateur… Dans un film où tout ne semble alors que faux-semblants, on se raccroche au personnage principal, un être solitaire et rejeté,
dont les rapports au monde et aux autres sont devenus extrêmement difficiles depuis son plus jeune âge… Presque psychanalytique, le film revient sur ses rapports au père défunt et la disparition
de sa mère le fragilise finalement plus que jamais, celle-ci étant le dernier rempart qui le préservait de la violence du monde qui l’entoure… Avec le temps, il s’est créé un refuge, la
photographie, qu’il exige de réaliser en argentique, refusant la technologie numérique : c’est d’ailleurs dans son labo que des photos lui « révèlent » (au sens chimique des produits permettant
de développer les négatifs) l’existence des monstres, exactement comme le film se « révèle » peu à peu dans son imaginaire débordant et polymorphe aux yeux du spectateur passionné !



 



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2 commentaires:

  1. La cohérence et la vraisemblance du film est mis à mal par uen laideur toute relative (je dirais même plus) du héro... On pense au navet "Sortilège" malgré que le côté thriller fantastique est
    remplacé le sirupeux. De l'idée mais ça manque d'ambition... 1/4

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  2. c'est vrai que c'est un peu une convention cinématographique de faire incarner des personnages laids par de beaux acteurs... ;)


    mais c'est triste ce que tu dis de ce très chouette film !

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