dimanche 6 novembre 2011

[Critique] The Host, de Bong Joon-ho


jour du saigneurthe host



The Host, de Bong Joon-ho (Corée du Sud, 2006)



Note :
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Avec « The Host », Bong Joon-ho réalise un grand film de genre un peu foutraque, au confluent de diverses tonalités, parfois parfaitement opposées, comme seul le cinéma coréen sait en être
capable sans jamais perdre de sa force… et même bien au contraire ! Le film s’avère finalement à l’image de la créature qu’il met en scène, ce monstre hybride et transgénique visiblement issu du
bouleversement de l’écosystème de la rivière Han après que l’armée américaine y ait versé en toute impunité des produits dangereux… A l’instar d’un « Godzilla », « The Host » réactualise alors le « film de monstre », qui se veut tout à la fois un
divertissement grand public et une réflexion sociopolitique sur le monde…

En partant du destin d’une famille pour traiter un phénomène largement collectif, « The Host » opte presque pour un traitement hollywoodien de son histoire. On suit ainsi tout au long du film le
combat de la famille Park partie sur les traces de la créature qui a enlevé la petite Hyun-seo, véritable fierté familiale… La débauche de l’artillerie lourde proposée par l’armée et les
autorités est finalement relayée au second plan, ce qui permet un traitement des émotions humaines beaucoup plus fort et plus proche pour chaque spectateur…

On est impressionné par la qualité des effets spéciaux, à commencer par le design assez ludique et moderne du monstre, qui fait basculer avec un certain bonheur le film dans la série B parodique
: sa démarche, sa morphologie, ses mœurs… sont autant d’éléments pour se réjouir de ce film fantastique qui fourmille de détails et de trouvailles originaux ! Cependant, le cinéaste s’attarde
juste ce qu’il faut sur le point de vue de la créature, afin de largement privilégier celui des humains et conférer à son film un statut plus réaliste et inquiétant… La force de « The Host » est
peut-être justement cette oscillation permanente entre des tonalités que l’on aurait cru parfaitement opposées : réalisme et parodie, horreur et comédie, drame familiale et franche pantalonnade,
lorsque l’on assiste notamment au deuil de la famille pour la fillette disparue, où les démonstrations de tristesse deviennent si exagérées qu’elles finissent par inciter à la franche rigolade !
Passer du drame ou de l’épouvante à la bouffonnerie en quelques secondes seulement, voici une gageure étonnante que le film relève à la perfection, sans faire ciller un instant son public scotché
à l’écran…

Mais au-delà du divertissement pur, franchement réussi tant la tension est palpable et la construction scénaristique travaillée, « The Host » s’offre également le luxe de la fable sociale et
politique intelligente et pertinente ! Par le pouvoir évocateur de ses images, Bong Joon-Ho multiplie les perspectives d’analyse critique sur une société en perte constante de son humanité… Dès
les premières images, le film évoque un anti-américanisme latent (l’armée américaine, présente illégitimement sur le territoire coréen, déverse avec cynisme des produits nocifs dans
l’environnement, qui seront la cause de la catastrophe) ainsi qu’un anticapitalisme plus discret, avec le suicide d’un homme d’affaire dans la rivière d’où le monstre surgira quelques années plus
tard… La responsabilité humaine dans la présence de la créature confère également au long métrage un message écologique et environnemental, exactement comme on pouvait le trouver derrière la
figure emblématique du monstre atomique Godzilla. La relation de la fillette avec la créature depuis le fond de sa tanière au milieu des égouts peut en outre évoquer la sensibilité présente dans
les rapports de King-Kong avec sa captive… « The Host » transcende ces références avec une belle subtilité pour devenir le nouveau film culte des années 2000 en matière de « film de monstre » !



 



Mise en perspective :



- Mother, de Joon-ho Bong (Corée du Sud, 2010)



 



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6 commentaires:

  1. je l'ai chroniqué il y a qques temps et je pense tout comme toi qu'il restera la référence des année 2000 en film de monstre! Ils sont fort ces coréens!


     


     


    Ber

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  2. Un film surprenant et original sous bien des rappors, et la chronique fait bien ressortir ce qui m'avait plu. Et puis, il y avait quelque chose de très émouvant dans cette famille un peu bancale
    qui se mobilise totalement dans la recherche de la jeune fille disparue.


    Ça méritant bien une troisième étoile ;)

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  3. The Host figure parmi les plus grands films à mes yeux, tant Bong Joon-Ho parvient magnifiquement à faire s'entremêler tous ces genres et tous ces tons avec la plus grande finesse et le plus
    grand talent. The Host c'est un immense film de monstre, mais c'est aussi un très grand drame humain, une magnifique fable politique et sociale, et une comédie indéniable. Tu fais bien tout
    remarquer Phil, tu t'es juste trompé dans le nombre d'étoiles ;)

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  4. De bonnes idéesmais je reste mitigé tout de même. Il manque un peu de rythme et de folie à mon goût...

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  5. C'est possible mais il faudrait quand même que je revois le premier avant pour être vraiment objectif car avec le temps je me souviens surtout de mon ressenti le film s'étant quelques peu estompé
    dans ma mémoire ;-)

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