dimanche 20 décembre 2009

L’expérience 3D : révolution esthétique ou gadget sans relief ?

cinema 3D
Voilà quasiment un an que l’on nous rebat les oreilles en France (et qu’on nous prélève quelques scandaleux frais de location de lunettes au passage) avec la nouvelle « expérience 3D » dans les
salles de cinéma… D’abord avec des films d’animation pour enfants (avec notamment le bien sympathique « Volt »), puis avec des concerts de grands groupes de rock, des films d’horreur, et désormais
avec tout type de films grand public, à commencer par « Avatar » actuellement à
l’affiche… Avec « Avatar » justement, l’arnaque est totale, puisqu’on nous a fait croire qu’il s’agissait d’une révolution « historique » pour ce bon vieux cinématographe. Or, il n’y a quasiment
pas de différence, si ce n’est le budget et peut-être un plus grand soin technique, entre le nouveau film de James Cameron et tous les autres films en 3D qui fleurissent sur nos écrans depuis des
mois… Et pour filer la polémique jusqu’au bout, affirmons également que la frontière n’est pas si étanche entre les films en relief de 2009 et ceux que l’on faisait dans les années 50…

Là, je sens bien que quelques explications techniques peuvent s’avérer nécessaires… En effet, le cinéma en relief existe depuis l’année 1954 (avec « Le crime était presque parfait » d’Alfred
Hitchcock), mais les premières expérimentations n’ont pas été concluantes. Une nouvelle vague de films en relief, notamment d’horreur, s’est écrasée dans la même indifférence dans les années 80 («
Les dents de la mer 3 », « Vendredi 13, meurtre en 3D », « Amityville 3D »… bref ! toutes les sagas d’épouvante dont c’était le troisième volet !) Si toutes ces tentatives ont échoué, c’est d’abord
parce que la technique, dite « stéréoscopique » (et qui est exactement la même que celle que nous connaissons aujourd’hui !), était balbutiante et que le matériel nécessaire à ces projections était
extrêmement lourd et coûteux… Aujourd’hui, avec le numérique, les projections en 3 dimensions restent un investissement, mais nettement plus abordable qu’à l’époque et plus pratique également,
étant donné que le même projecteur numérique peut permettre les deux types de projections, en 2D classique ou en 3D (pour laquelle un simple adaptateur sera nécessaire).

Quoiqu’il en soit, la technique reste la même depuis un demi-siècle. Simplement un prix plus abordable permet à un parc de salles plus important que par le passé de s’équiper. Ca pourrait s’appeler
la « démocratisation » de la 3D. A l’heure où les foyers s’équipent de « home cinema », il s’agit aussi pour les exploitants de se rendre plus attractifs en offrant un spectacle exclusif pour les
salles. On peut certes expliquer aussi que la projection stéréoscopique s’est nettement améliorée, avec un rendu de l’effet en relief plus impressionnant (grâce à une projection de 48 images par
seconde sur des projecteurs numériques !), avec également des lunettes plus confortables pour les yeux… Il n’en reste pas moins qu’on ne sort à aucun moment du schéma « projection classique +
matériel optique pour chaque spectateur ». Afin d’éviter tous les abus de langage que l’on a pu entendre à propos de la 3D moderne, il convient donc de rectifier le tir en précisant que nous sommes
bien dans un phénomène d’« évolution » et qu’il ne s’agit en aucun cas d’une « révolution » !

On évitera ici de parler de la qualité des films proposés en relief et on ne s’engagera surtout pas dans un débat pour savoir si la version en trois dimensions d’un film lui apporte quoi que ce
soit en plus, si ce n’est cet aspect « gadget » de l’expérience, que l’on avait surtout pris l’habitude de faire jusqu’alors dans les parcs d’attraction… Il paraît pourtant évident que le relief
est un phénomène encore à explorer et qu’il pourrait bien contenir quelques chocs esthétiques à venir, mais force est de constater qu’il n’a pour le moment ni l’audace ni les auteurs adéquats pour
se hisser vers des sommets ou tendre au génie. Sachant que la stéréoscopie n’est pas une technique objective et que son expérience peut se révéler bien différente d’un individu à l’autre (par cette
technique, l’effet de relief est en réalité recréé mentalement par l’esprit et n’existe finalement qu’en « théorie », chaque spectateur ayant une réception propre du relief, dépendant de sa
capacité physiologique), sachant ainsi que certaines personnes ne voit absolument pas le relief dans ce type de projections et sachant aussi que de longues projections en 3D peuvent entraîner de
fortes fatigues visuelles pour le public, il semble peu probable que cette technique soit faite pour durer… Peut-être ne faut-il la voir que comme une étape (et les mensonges de ceux qui nous la
vendent comme le nec plus ultra du cinéma moderne n’en sont alors que plus horripilants !) : une étape dont l’aboutissement sera une expérience de la 3D sans lunettes où la projection seule des
images se suffira à elle-même. A ce moment-là seulement, nous pourrons envisager de parler d’une révolution véritable…

A noter : un cycle de films en 3D est actuellement proposé à la Cinémathèque française






























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  • 3 commentaires:

    1. Intéressant, même si je ne suis pas d'accord avec tout. Je crois que la 3D peut apporter un réel plus s'il y a le bon cinéaste derrière. Et Cameron, avec Avatar, a pensé sa mise en scène en
      fonction de l'Imax. On peut être d'accord ou non avec cette démarche mais on ne peut retirer le fait qu'elle apporte une vraie immersion. Pour moi, même chose avec Là Haut du studio Pixar. Il
      s'agissait de mon premier film en 3d, et j'ai apprécié le fait que le relief était là pour ajouter une véritable profondeur de champ, et non pas pour simplement balancer des choses à la tête du
      spectateur... Bref, d'accord pour dire qu'il s'agit "seulement" d'une évolution, mais je trouve que celle-ci peut aller dans le bon sens s'il y a une bonne approche derrière. Après, cela ne veut
      pas dire non plus que le futur du cinéma doit se résumer à ça, on est d'accord !

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    2. je confirme ta pensée. La 3D n'apporte rien. Ce qui me frustre c'est cette impression de plat des objets. un exemple, si un tronc d'arbre se retrouve au premier plan, il sera avancé par la 3D, sauf
      que l'on ne verra pas le côté rond de ce tronc, juste une sorte de feuille mise devant. Le jour où la 3D arrivera non plus à créer des plans mais à faire de la vraie 3D sur es objets, peut-être on
      en reparlera. En attendant, comme tu dis, en 1954, La crime était presque parfait sortait en D, avec, détail amusant le besoin de faire un entracte pour changer les bobines!

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    3. c'est cool, je ne suis pas un cas isolé à ne rien voir de révolutionnaire à tout ça... ;)

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