
Note :


Une famille dans laquelle tout le monde semble se détester traverse le désert dans une caravane. Une mauvaise route indiquée par un pompiste mal intentionné les mène droit en enfer… Parce que la
colline a des yeux pour les voir, mais parce qu’elle est surtout peuplée de créatures dégénérées et assoiffées de vengeance ! Le français Alexandre Aja signe là un remake extraordinaire d’un
classique de l’horreur signé Wes Craven. A-t-il réussi à dépasser le maître dans cette version d’une puissance indéniable et à la rare violence ? On tâchera de laisser à chacun se faire sa propre
idée, en évoquant cette « Colline a des yeux » comme une oeuvre nouvelle et originale…
Evacuons très vite le sous-texte politique pas idiot, mais qui n’est pas franchement non plus ce qui intéresse le plus le spectateur moyen du cinéma gore. En montrant des monstres qui sont en
réalité les victimes des essais nucléaires américains dans le désert, Aja ne fait pas qu’accuser le gouvernement des Etats-Unis pour son silence sur les conséquences de tels méfaits, il pose aussi
une ambiguïté forte sur la notion de bourreaux et de victimes dans son film. Qui sont les véritables coupables au bout du compte dans cette histoire ? Y’a-t-il le moindre personnage innocent devant
nos yeux ? La question est en tout cas posée…
La réussite de « La colline a des yeux » tient bien sûr avant tout à sa parfaite maîtrise formelle et à son talent méticuleux à faire monter l’horreur cran par cran, jusqu’à lui faire atteindre des
sommets dans l’abomination. On assiste ainsi à une gradation dans l’horreur, avec une alternance de scènes fortes qui jouent souvent sur l’accumulation rapprochée de la violence et d’autres moments
de courts répits, permettant aux personnages de se préparer à riposter… Le cycle infernal de la vengeance est présenté avec une puissance admirable ! L’efficacité des scènes d’horreur à nous faire
carburer à l’adrénaline tient tout à la fois à une mise en scène brutale et convaincante qu’à l’intelligence des situations présentées. Le film joue en effet sur les paradoxes des espaces, comme
l’intérieur et l’extérieur de la caravane, faisant se jouer différentes actions au même moment. Il parvient à nous démontrer aussi qu’on peut vraiment effrayer le spectateur avec une véritable
prison à ciel ouvert (ici, le désert) et pas seulement dans des lieux clos ou oppressants, véritables clichés du film d’épouvante. Le contraste entre le jour et la nuit prouve également que même en
plein jour, on est à l’abri de rien ! Quant à cette façon d’avoir littéralement mis des yeux à la colline, filmant constamment ses personnages en point de vue subjectif, comme s’ils étaient
observés en permanence par une puissance obscure et inconnue, elle renforce encore plus cette sensation de terreur qui parcourt tout le film pour le bonheur et la jouissance de ses spectateurs en
quête de sensations fortes !