dimanche 17 novembre 2013

[Critique] Sex Addict, de Frank Henenlotter


sex_addict.jpgSex Addict



de Frank Henenlotter



(Etats-Unis, 2008)



Le Jour du Saigneur # 133




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Las des exigences des producteurs qui le bridaient toujours dans ses ambitions « artistiques », Frank Henenlotter aura mis plus de quinze ans à revenir à la réalisation d’un film, avec l’aide de
son ami rappeur R.A. Thorburn. Et quand on regarde ce « Bad Biology » (traduit en bon français par « Sex Addict », très probablement en croyant le rendre ainsi plus « vendeur »), on regrette très
amèrement que le cinéaste n’ait pas pu réaliser plus de films que ça : seulement six – dont trois consacrés à une trilogie – depuis son culte et mythique « Basket case » en 1982 ! Son cinéma est pourtant si inclassable, si
fou, si libre et politiquement incorrect qu’il incite à la plus haute admiration : mais c’est justement son caractère unique et inidentifiable qui freine généralement les ardeurs des
producteurs…

Dans « Sex Addict », Henenlotter poursuit ses descriptions métaphoriques de la dépendance, notamment à la drogue, par le biais cette fois-ci de la sexualité… et on peut dire qu’il se lâche
complètement et n’y va pas par le dos de la cuillère. Il suffit pour s’en rendre compte d’évoquer les deux jour_du_saigneur_bis.jpgpersonnages principaux du film : Jennifer et Batz. La première est ce qu’on peut appeler une nymphomane de première catégorie, mais elle
n’y peut rien, puisque son problème n’est pas psychologique mais littéralement physique : née avec sept clitoris dans la chatte, son corps lui en demande trop en matière sexuelle et ses orgasmes,
sans limites, se révèlent quasiment monstrueux, au point de laisser mourir ses amants dans la folie incontrôlable de l’instant ! Quant au second, s’étant fait coupé la bite par accident à la
naissance (c’est ballot, mais ce sont des choses qui arrivent…), il a grandi en s’injectant des stéroïdes et autres drogues viriles jusqu’au jour où sa queue a « repoussé », mais dans des
proportions gigantesques et en développant sa propre conscience… On le voit alors parfois en pleine conversations et disputes exaltées avec son engin démesuré, un peu comme le « héros » de
l’inénarrable « Brain Damage » !

Ces deux personnages « hors norme » et finalement monstrueux sont bien sûr fait, inéluctablement, pour se rencontrer et vivre ainsi l’orgasme absolu. Mais avant que cela n’arrive dans un
tragi-comique dénouement, ils vont s’adresser directement à nous spectateurs pour nous expliquer un peu leur difformité respective et leur façon de l’appréhender. Si Jennifer, dissuadée par sa
famille et les médecins, se sera empêchée de coucher avec des hommes jusqu’à un âge avancé, elle finira par s’y vautrer et vivre pleinement ses plaisirs, allant même jusqu’à considérer que si
Dieu l’a faite ainsi, c’était pour coucher avec elle : elle attend donc impatiemment cette extase grandiose avec le divin ! Consciente de sa dépendance (« Une bite est pour moi comme une dose
pour un camé »), elle s’y vautre à fond, faisant parfois se terminer ses rapports sexuels dans le sang et exigeant l’absence de préservatif lors des coïts, afin d’être fécondée. Car un autre
caractère étonnant de sa « difformité » est un rythme de grossesse accéléré, lui permettant d’accoucher deux heures après l’acte sexuel… et puisque cela lui permet d’avoir un plaisir encore plus
grand que la pénétration, elle ne va donc pas se gêner ! Quant aux « bébés monstres » qui sortent de son vagin, ne les considérant pas comme des véritables humains, elles les laissent mourir
tranquillement dans une baignoire ou dans une poubelle… jouissif !

De son côté, Batz vit en quelque sorte l’exact opposé de la situation de Jennifer, en faisant tout pour brider ses pulsions, sachant que son organe ne pourrait pas s’adapter à une anatomie
féminine « normale »… Sauf qu’entre lui et sa bite, il est souvent difficile de savoir qui contrôle qui et qui finira par avoir le pouvoir : c’est un peu Docteur Jekyll et Mister Hyde à la sauce
porno au fond, et ça se révèle proprement délirant et hilarant ! Pour calmer ses ardeurs, Batz a même construit une énorme machine chargée de branler sa bite, lui-même n’ayant pas assez de force
avec ses deux mains… et le jour où sa bite prend le dessus et défonce une pute, celle-ci continue d’avoir un orgasme toute seule, plus d’une heure après l’acte : qu’à cela ne tienne, Batz la
bâillonne et s’en va l’abandonner dans une ruelle sombre… une scène typique du cinéma atypique et fou d’Henenlotter !

Le scénario de « Sex Addict » se lâche souvent complètement dans un déluge d’horreur pornogore ahurissant et réjouissant ! La mise en scène du réalisateur se permet toutes les audaces, comme par
exemple filmer la tête d’un homme depuis l’intérieur du vagin de Jennifer, en montrant les sept clitoris se dresser dans un bruit à la fois étrange et terrifiant, un peu comme des serpents qui
sifflent… La séquence de l’énorme bite de Batz, en partie en caméra subjective, qui s’en va se promener toute seule la nuit, cassant les cloisons des maisons avec son prépuce pour aller de chatte
en chatte et distribuer les orgasmes à des visages de femmes d’abord terrifiés par la bête, vaut elle aussi son pesant de « grosses cacahuètes », si l’on peut dire ! Le film se termine dans un
délire exponentiel, entre un massage cardiaque et un « bouche à bite » à la queue de Batz mourante, une délicieusement perverse et hérétique réplique de Jennifer pendant son orgasme divin (« Je
sentais Dieu et tous les disciples au fond de mon vagin ») ou encore la naissance de ce délirant « bébé bite »… « Sex Addict » nous prouve bel et bien que l’esprit underground et irrévérencieux
du cinéma triple « bis » d’Henenlotter n’est pas mort ! Dommage seulement que l’on n’y ait pas droit un peu plus souvent…



Autres films de Frank Henenlotter :



Basket case (Frères de sang) (1982)



Basket Case 2 (Frères de sang 2) (1990)



Elmer, le remue-méninges (1987)



Frankenhooker (1989)































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3 commentaires:

  1. je suis pas sûr que dsk ait une grosse bite... j'en doute même, vu qu'il fait de la politique... (les gens qui aiment le pouvoir en général ont une toute petite bite... ;-)

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