mercredi 6 novembre 2013

[Critique] Interior Leather Bar, de James Franco et Travis Mathews



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Interior. Leather
Bar.



de James Franco et Travis Mathews



(Etats-Unis, 2013)



Sortie le 30 octobre 2013




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Aussi à l’aise comme petit ami d’Harvey Milk dans le film militant de Gus Van Sant que comme neuneu au sourire ultra-bright dans le sirupeux « Monde fantastique d’Oz » pour Disney, James Franco est tout de même un drôle
d’oiseau. On pourra dire de lui ce qu’on veut, il sait prendre des risques dans le cadre d’une carrière très atypique. Outre le métier d’acteur qu’on lui connaît, on s’étonne par exemple
d’apprendre qu’il a déjà réalisé un certain nombre de films, qui nous parviennent en France au compte-goutte : on a récemment pu voir « As I lay dying », une adaptation de Faulkner, qui, si elle
ne convainquait pas complètement, avait néanmoins le mérite de faire preuve d’une certaine recherche formelle… Et il en va de même avec cet « Interior leather bar », une vraie curiosité
co-réalisée avec Travis Mathews, dont la forme même offre un résultat tout à fait étonnant…

Il faut dire que le simple concept du film surprend par son aspect presque improbable : vouloir recréer aujourd’hui les quarante minutes de scènes que William Friedkin aurait coupé au montage du
film « Cruising (La Chasse) » afin qu’il ne soit pas classé X. Ces quarante minutes relèvent d’ailleurs presque du mythe, puisqu’elles n’ont fait l’objet d’aucune projection, qu’elles sont
supposées détruites et surtout que personne ne sait véritablement ce qu’elles montraient… sinon bien sûr la vie et les mœurs d’une partie de la population homosexuelle des années 80, adepte des
bars « cuir » et SM. Et c’est bien cette réflexion sur un mythe que nous montre « Interior Leather Bar », qui ressemble d’ailleurs plus à un vrai faux « making of » du tournage de ces scènes
coupées qu’à la projection de cette « re-présentation » (donc forcément fausse) de ces scènes supposées… Entre simulacres et mises en abyme vertigineuses, le film semble se plaire à se jouer de
nous et à nous étourdir !

Un peu comme dans « I Want Your Love » (premier long métrage de Travis Mathews),
les auteurs de « Interior Leather Bar » se livrent à un vrai questionnement de la place du sexe et de sa représentation dans un cinéma « mainstream » (ou tout du moins dans un cinéma qui ne soit
pas purement pornographique). Des séquences de sexe explicites, censées « simuler » celles qu’aurait tourné Friedkin pour « Cruising », émaillent ainsi les discussions des réalisateurs et des
acteurs autour de ces sujets et de leurs limites… Les limites des acteurs sont également évoquées : jusqu’où un acteur hétérosexuel peut-il par exemple s’investir dans un rôle d’homosexuel,
surtout s’il y a contact avec un autre homme, voir acte sexuel non simulé… James Franco lui-même (dont on aurait en outre bien aimé qu’il reste moins en retrait comme « réalisateur » et qu’il
s’investisse par exemple un peu plus dans son projet comme « acteur ») évoque notamment la lourdeur de cet héritage culturel, religieux et hétéronormatif qui nous a rendu si prude lorsqu’il
s’agit de la représentation au cinéma d’une chose pourtant aussi naturelle chez l’homme que le sexe ou le désir… Reste à savoir si ce genre de tentative, par trop confidentielle (une seule salle
diffuse ce film en France !), n’est qu’un coup d’épée dans l’eau ou saura laisser sa graine germer dans les terres trop sages d’un cinéma qui nous abreuve de violence mais manque cruellement de
chair…



Perspective :



- I Want Your Love, de Travis Mathews



Films avec James Franco :



- 127 heures, de Danny Boyle



- La planète des singes : les origines, de Rupert Wyatt



- Le monde fantastique d’Oz, de Sam Raimi



- Spider-Man, de Sam Raimi



- The Green Hornet (Le Frelon vert) 3D, de Michel Gondry































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2 commentaires:

  1. Oh le coquin, il aurait voulu voir James Franco tout nu ! Le film est pas mal dans ce qu'il raconte, sur le cinéma porno vs mainstream, sur un acteur hétéro qui a peur de jouer
    un homo, etc. Après, c'est peut-être la présence de Travis Mathews, cinéaste relativement peu intéressant, qui pose problème.

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  2. tu n'avais pas aimé i want your love ?


    (oh oui, james tout nu !!! ;o)

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