vendredi 8 novembre 2013

[Critique] Inside Llewyn Davis, d’Ethan et Joel Coen



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Inside Llewyn
Davis



d’Ethan et Joel Coen



(Etats-Unis, 2013)



Sortie le 6 novembre 2013




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« Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage… » Dans « Inside Llewyn Davis », il se trouve qu’Ulysse est un chat, un gros et gentil chat roux que le héros de l’histoire laisse échapper de
l’appartement d’amis où il squattait pour la nuit… Et ce chat incarne probablement pour lui le secret de son âme… Après l’avoir trimballé un moment à bout de bras comme un lourd poids, laissé en
« dépôt » chez une autre amie (comme un objet dont on cherche à se débarrasser), le chat va lui échapper (par la première fenêtre laissée entrouverte). Il va ensuite croire le retrouver, mais les
propriétaires lui signaleront que ce n’est pas leur chat. Ce chat « inconnu », un peu « fake » ou un peu « fantôme », il commencera par s’en occuper avant de l’abandonner un peu lâchement,
persuadé peut-être qu’il faut abandonner les autres pour réussir dans son travail… Le hasard le remettra sur sa route, mais il le blessera par accident…

L’odyssée de ce chat, pétri de doubles et de paradoxes, est à l’image de Llewyn Davis, dont on suit la vie pendant à peu près une semaine. Llewyn est un brillant chanteur de folk dans le New-York
hivernal de 1961, partagé entre l’envie de réussir une carrière et la nécessité de gagner sa vie… Les deux semblent incompatibles pour lui, le film montrant ainsi que le talent ne suffit pas pour
briller, bien au contraire : Llewyn n’a probablement pas la tête de l’emploi pour vendre, selon les producteurs en tout cas… Le film des frères Coen, brillamment écrit et mis en scène, nous
emporte dans sa vie avec une simplicité presque désarmante, au point que l’on touche son intimité avec une pudeur troublante… La mélancolie qui émane du personnage touche, et ses maladresses, ses
errements, en font un être profondément humain… L’acteur Oscar Isaac lui donne une incroyable consistance…

« Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village / Fumer la cheminée, et en quelle saison / Reverrai-je le clos de ma pauvre maison ? » La suite du poème de Du Bellay reste elle aussi au cœur du
long métrage… Mais si le chat Ulysse finit par retrouver le chemin de la maison et de son doux foyer qui lui manquait certainement, on est troublé de voir Llewyn Davis aller de maison en maison,
passer tout le film à ne faire que chercher un foyer qui n’existe pas pour lui… Il s’agit sans doute là d’une des plus belles thématiques du film : un homme sans domicile fixe qui ne rêve au fond
que de se fixer quelque part, mais empêché de le faire par le destin… Il finit alors par tourner en rond, en cherchant à chaque fois à s’améliorer, comme semble nous le dire la curieuse
conclusion de ce superbe et passionnant « Inside Llewyn Davis »…



Autres films des frères Coen :



A serious man (2010)



True Grit (2011)































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5 commentaires:

  1. Je l'ai noté pour novembre ! Ta critique m'encourage à le voir !


    Bon dimanche

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  2. Papa tango Charlie11 novembre 2013 à 01:16

    Merci,pour ta critique,qui m'a donné envie d'aller voir ce film, je n'ai pas été déçu et c'est aussi pour moi la découverte des réalisateurs dont je n'avais jamais rien vu jusqu'à présent!

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  3. Du Bellay ! tiens, je n'y avais pas pensé. Faut dire qu'à cause (grâce ?) de Brassens, j'ai longtemps cru qu'Ulysse était un canasson trimballé par Fernandel (qui, après la vache,l se
    spécialisait dans la viande de cheval). Rien à voir avec le dernier fleuron de la filmo coenienne. Celui-là pourrait bien tourner en boucle, je crois bien qu'il ne me lasserait pas.

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  4. Un très beau film ; les pérégrinations malheureuses du musicien oscillent entre des moments drôles et touchants ; le leitmotiv du chat est bien vu! 

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  5. mais oui, le chat ça marche tout le temps ! :)

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