lundi 12 novembre 2012

[Critique] Sur le chemin des dunes, de Bavo Defurne



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(Belgique,
2011)



Sortie le 5 décembre 2012




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Pour son premier long métrage, le cinéaste belge Bavo Defurne déclare tout de go que le « réalisme social » ne l’intéresse pas… du moins, pas tel quel. Car si dans « Sur le chemin des dunes », il
est bien question de présenter des personnages confrontés à un contexte social un peu triste et misérabiliste, il le fait avec une telle fantaisie que tout passe comme une lettre à la poste (du
moins, avant que cette dernière ne soit privatisée…) On distingue au fond plus de la mélancolie que du naturalisme dans le regard que le cinéaste pose ici sur ses personnages, auxquels il est
aisé de s’attacher, tant la mise en scène fait preuve d’une tendresse et d’une générosité assez belle à leur égard…

Dans un décor vintage et nostalgique qui devrait évoquer quelques souvenirs aux trentenaires et quarantenaires (voire au-delà ?), « Sur le chemin des dunes » nous propose de suivre l’enfance et
l’adolescence de Pim, jeune garçon taciturne vivant seul avec sa mère dans une ville de la côte belge, visiblement du côté d’Ostende… Niveau contexte social, Defurne nous décrit sans pathos ni
insistance une certaine pauvreté et la vie dans une région apparemment assez sinistrée : les adultes semblent y perdre peu à peu toute responsabilité, notamment à l’égard de leurs enfants, et
passent leur temps à boire ou ne rien faire au « Texas », nom étrange d’un établissement assez atypique… La mère de Pim, naviguant d’un homme à l’autre, aspire bien plus à une carrière musicale,
poussant la chansonnette avec son accordéon, qu’à l’éducation de son fils, dont les silences demeurent la plupart du temps des plus éloquents… Les deux parents sur lesquels le film s’attarde
finiront d’ailleurs par disparaître, chacun à leur façon, laissant leur progéniture se débrouiller seule, ce qui ne change fondamentalement pas grand chose à leur quotidien dans le fond…

La mise en scène du cinéaste sait nous élever au-dessus de la facilité de l’apitoiement, proposant notamment une jolie esthétique, soignée et lumineuse, qui saisit plus facilement la beauté des
êtres plutôt que le sordide qui les entoure… Des plans sur les dunes, à côté de la mer, offrent par exemple de belles visions de la nature : le rapport que l’on entretient au monde est peut-être
avant tout dans la façon que l’on a de le regarder, semble nous dire la caméra du réalisateur.

Mais la plus belle chose que « Sur le chemin des dunes » nous montre avec une heureuse subtilité, ce sont ces portraits de l’adolescence qui s’achève et qui s’ouvre à l’amour… Tous ces corps qui
se cherchent, ils sont habités par des jeunes acteurs tous impeccables : Jelle Florizoone, Mathias Vergels, Nina Marie Kortekaas… Ils incarnent tout au long du film toutes les facettes terribles
du dépit amoureux : si Pim s’éveillera à la sexualité avec son meilleur ami Gino, qui finira par s’éloigner de lui à son grand désespoir, il sera aussi une brutale désillusion pour la sœur de
Gino, secrètement amoureuse de lui depuis l’enfance… Quant au passage à l’âge adulte de cette jeunesse si romantiquement seule, il est superbement illustré par ces trésors affectifs que Pim
accumule en cachette dans une boîte, et qu’il finira par brûler sur la plage, avant de se jeter à l’eau, comme on se jette dans l’inconnu de la vie et l’avenir, enfin !































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4 commentaires:

  1. C'est encore un bien joli film que tu m'as fait découvrir là, tu en parles vraiment bien ci-dessus. Hop, un petit lien (tant qu'il fonctionne) si par hasard ça te disait d'en réécouter la musique
    de fin à l'occasion : je crois qu'il s'agit de la chanson Paper Wings
    du groupe Little Auk :)

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  2. La musique est toujours essentielle pour moi comme tu sais et là, il s'agit de la dernière ambiance du film (je crois, en tout cas ça m'en rappelle des passages) alors je voulais juste la
    partager ici pour ça, cadeau ! Mais elle ne te plaît pas trop alors ? arf... A vrai dire, je l'associe aussi à la chouette dédicace du film, que je n'avais pas pu lire en entier à cause des
    gens qui se lèvent pendant les génériques (et cachent les crédits musique que j'attends, moi, ou les petits mots de la fin ;) mais que j'ai pu retrouver après coup... avec cette musique. Bref!

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  3. Tu m'en veux si je te la cite en VO pour ne pas risquer de la déformer en traduisant ? Si mes sources sont bonnes, la dédicace disait "This film is dedicated to all the kids whose parents
    wouldn't let them take part in the film. It gets better."

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  4. oh ! je ne suis même pas sûr de bien la comprendre à vrai dire... mais merci !

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