mardi 1 mai 2012

[Critique] Je fais feu de tout bois, de Dante Desarthe



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(France,
2012)



Sortie le 30 mai 2012




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« Je fais feu de tout bois » serait l’épisode central d’une trilogie démarrée avec « Je me fais rare » en 2005 et qui devrait s’achever avec « Je ne réponds plus de rien » d’ici quelques années,
si tout va bien… Chaque film de la saga a pour principe de mettre en scène le même personnage, Daniel Danite, à trois moments importants de sa vie : lors d’une phase dépressive dans le premier,
au cours d’une phase (mégalo)maniaque dans le second et pendant une phase mystique dans le dernier, encore en gestation… Pour s’amuser, lorsqu’on lui demande si le dernier volet est déjà écrit,
Dante Desarthe répond : « Pas du tout. Je le tournerai d’abord, et l’écrirai ensuite, sous la dictée de Daniel Danite. L’idéal serait de le tourner en 35 millimètres. Mais j’attendrai pour cela
que le 35 ait totalement disparu. » Ces bons mots cadrent parfaitement avec le ton et l’état d’esprit du film et du personnage écrits, réalisés mais aussi interprétés par leur auteur ! Ca,
c’était pour vous situer un peu…

Dans « Je fais feu de tout bois », Daniel Danite est toujours cinéaste (pas « réalisateur », hein : « cinéaste » !) et entend bien se démener autant qu’il peut pour le faire savoir… en faisant
justement « feu de tout bois » ! On le voit cheminer à travers mille projets et mille aventures rocambolesques : il quitte sa femme enceinte sur le point d’accoucher pour essayer de monter un
projet de film au sujet complètement fallacieux (celui que chaque cinéaste se choisirait un frère de cinéma pour travailler, ce qui ferait « deux fois moins de films, mais qui seraient en moyenne
deux fois meilleurs ») ; il donne des cours de vidéo à des stagiaires en réinsertion professionnelle en étant persuadé de s’adresser à de futurs grands cinéastes (quel bonheur de le voir leur
expliquer ses théories fumeuses comme quoi par exemple on ne peut plus dire « ça tourne » désormais avec les caméras numériques, mais « ça ondule » ! ou les aider avec enthousiasme à rejouer des
scènes du « Big Lebowski » dans un bowling bien beauf !) ; il a le projet fou d’édifier un musée du cinéma à ciel ouvert dans le jardin de la maison que lui prête un ami ; il fait des pieds et
des mains pour partir rencontrer les frères Coen aux Etats-Unis… dans le but peut-être de devenir le troisième frère Coen ? Tiens, oui, c’est vrai, il existe des paires de frères cinéastes, mais
rarement des triplés… et les sœurs Coen dans tout ça ?!

De sinueuses fantaisies en absurdes péripéties (une course poursuite sur un bateau, une séance de psychanalyse hilarante…), le film se déroule sur un rythme endiablé et avec surtout un sacré
tempérament ! Il dresse finalement le portrait d’un looser magnifique, qui paraît toujours rester confiant alors que rien ne va comme il le voudrait certainement… Pourtant, il se satisfait de
tout et s’adapte à merveille à toutes les situations ! En plus d’être vive et originale, cette pure comédie loufoque et déjantée de Dante Desarthe nous fait découvrir des tas de comédiens donnant
vie à autant de personnages hauts en couleurs ! L’acteur cinéaste est bien sûr irrésistible dans la peau de Daniel Danite, mais tous ceux qu’il croise ou qui l’entourent s’imposent comme une
foultitude de faire-valoir génialement écrits et interprétés… On sort de « Je fais feu de tout bois » ébouriffé et heureux, avec en tête une ribambelle de répliques définitivement cultes, façon «
Si Bergman avait mis au cœur de ses films des scènes de poursuites, par exemple, il serait plus connu du grand public. Et ça, les frères Coen l’ont bien compris ». Un film savoureux, qui procède
en plus à une mise en abyme protéiforme et palpitante du cinéma lui-même : un must !



[Film vu en projection de presse]































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