vendredi 23 avril 2010

Les chaussons rouges, de Michael Powell et Emeric Pressburger (Grande-Bretagne, 1948)



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Note :
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Avant même de le voir, « Les chaussons rouges » revêt une aura mythique ! On dit que Scorsese, Spielberg, Coppola ou encore DePalma ont déclaré un jour que leur envie de faire du cinéma n’aurait
pas été aussi définitive sans ce film là… Pour Martin Scorsese, il s’agit même du « plus beau film en Technicolor : une vision jamais égalée ». Mieux encore, les producteurs du film avaient
d’abord décidé de ne jamais le sortir tellement ils ne l’avaient pas aimé. C’est William Heinmann, dirigeant d’un petit cinéma de New York et emballé par le film, qui décide d’en obtenir les
droits pour le sortir aux Etats-Unis. Le succès est tellement retentissant que le film sortira finalement en Angleterre…

Mais au fond, de quoi parle ce « merveilleux » film ? Il raconte la vie d’une troupe de ballet, celle du célèbre et admiré Boris Lermontov. Il y engage justement deux nouvelles recrues
talentueuses : la jeune danseuse Victoria Page et le jeune compositeur Julian Craster. Tous les deux sont si doués qu’il leur propose très vite d’adapter en ballet « Les souliers rouges », le
fameux conte d’Hans Christian Andersen, où une jeune fille convoite des chaussons de danse rouge qui la mèneront à sa perte, ceux-ci l’obligeant à danser jusqu’à en mourir d’épuisement… Le ballet
est un succès, tout comme tous ceux qui suivront. Mais lorsque Lermontov apprend la liaison entre Victoria et Julian, sa jalousie va faire des ravages ! Sauf que cette jalousie n’est pas celle
que l’on pourrait croire : ce n’est pas un désir de chair pour Victoria qui le pousse, mais le désir d’un travail rigoureux et parfait, d’un travail pur et absolu, d’une exigence démesurée, dans
lequel l’amour n’a aucune place. Pour lui, tout doit être fait pour l’art, même si cela doit passer par un grand sacrifice de soi ! C’est ce terrible dilemme que ne supportera plus Victoria à la
fin du film, décidant d’en finir avec la vie plutôt que de choisir entre son amour pour Julian et sa passion pour la danse, c’est à dire son travail…

Etrangement, en assistant aux turpitudes du jeune couple devant le directeur de ballet, aux hésitations déchirantes de Victoria, c’est un peu comme si le conte d’Andersen prenait vie sous nos
yeux et s’incarnait à travers les personnages… La vanité d’un travail parfait poussera finalement Victoria à renoncer à la vie, dans tous les sens du terme : vie affective tout d’abord, et vie
tout court, finalement… Sa façon de se donner la mort est à ce titre absolument extraordinaire, la séquence bénéficiant d’une mise en scène grandiose et hautement symbolique ! Comme dans le
conte, les chaussons de la danseuse donnent l’impression de prendre vie et de la commander en la dirigeant au bas des marches d’un grand escalier, jusqu’au plongeon final sur la voie ferrée,
alors même qu’un énorme train à vapeur passe… Le rythme, le découpage, les gros plans sur les chaussons, l’accélération visuelle sont à couper le souffle, proposant un pur moment de cinéma !

Evoluant dans le milieu de la musique et de la danse, « Les chaussons rouges » n’est pas tout à fait une comédie musicale, mais y confine assez volontairement… Notamment au cours d’une séquence
de ballet un peu folle et incroyable, l’un de ces moments de bravoure invraisemblables, que l’on ne rencontre que rarement au cinéma. Durant près de vingt minutes, on assiste à l’adaptation
dansée de l’histoire d’Andersen : ce n’est alors pas seulement un magnifique moment de danse et d’orchestration musicale qui nous est donné à voir, mais aussi et peut-être surtout une sublime
leçon de cinéma ! Michael Powell et Emeric Pressburger y insufflent en effet une telle énergie et une telle précision que tout y est admirable : la mise en scène y est d’une variété et d’une
puissance folle, les effets spéciaux et les prouesses techniques s’y enchaînent à une vitesse frénétique… On est emporté dans un océan de beauté et de poésie, dans un univers « merveilleux » et
onirique à la richesse chromatique sublimée par le Technicolor… A la fin du film, on assistera à un extrait du même ballet, mais cette fois-ci sans la danseuse, pour rendre hommage à celle-ci,
décédée juste avant de remonter sur scène : le faisceau de lumière suit sur la scène l’absence de corps qui ne danse plus, dans un dernier éclat mélancolique d’un film d’une beauté rare… et
probablement éternelle !































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3 commentaires:

  1. J'en ai vu un extrair dans le cadre de mon cours d'histoire du ciné sur le cinéma anglais et le Free Cinema. J'avoue ne pas avoir accroché plus que ça. Mais ça doit être difficile de présenter un
    extait représentatif d'un film anglais. Il n'y a pas les montées d'adrénaline des films italiens par exemple.

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  2. Bon, ben je n'ai pas été touchée par la grâce...Mais c'est sans aucun doute très bien fait...

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  3. oh ! c'est tout ? (bon j'espère que tu me le rendras mon beau dvd du coup...)

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