vendredi 16 avril 2010

Domaine, de Patric Chiha (France-Autriche, 2010)



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Note :
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« Domaine » fascine dès les premiers instants. Cette séquence d’ouverture, à la fois étrange et tellement simple, presque banale, nous montre un ballet de corps assez puissant et sensuel. Un
groupe de gens, un peu alcoolisés, en train de boire, parler, danser, autour d’un feu par une belle nuit d’été… Tout semble très vivant, et puis badaboum ! En un plan, c’est le matin et la vision
glaçante de tous ces corps inertes, allongés auprès du feu éteint, nous donne une sensation de mort… Le film de Patric Chiha est d’ailleurs construit sur ce troublant paradoxe : les personnages y
paraissent tous à la fois vivants et morts, à la fois dur et tendre avec eux mêmes ou les uns avec les autres… L’histoire de Nadia, alcoolique et à bout de vie, est difficile, celle de Pierre,
jeune homme qui se découvre différent, n’a rien d’évidente non plus, et pourtant la mise en scène de ces douloureuses existences reste toujours emplie de douceur et de pudeur…

La candeur de Pierre (très beau Isaïe Sultan) est vraiment touchante. La relation très trouble, voire malsaine, qu’il entretient avec sa tante, n’en devient que plus belle et lumineuse… Béatrice
Dalle est encore une fois formidable dans le rôle de Nadia, cette tante perdue, qui sombre dans l’alcool autant qu’elle sombre dans la vie… Mathématicienne, elle ne se fait plus la moindre
illusion sur la capacité que peuvent avoir les hommes à organiser le chaos qui les entoure : une capacité si proche du zéro absolu… Elle aura des monologues incroyables et glaçants, évoquant un
vide existentiel atrocement palpable dans sa voix, dans ses gestes, dans son regard… Le cinéaste éclaire magnifiquement les visages et les corps de ses personnages, qu’il sait rendre magnétiques.
Ils évoluent dans une lumière noire, qui laisse transparaître la mélancolie à la surface de la pellicule… Tout est si beau dans son « Domaine », pourtant si triste à pleurer… L’émotion est à
fleur de peau et l’on assiste à une projection qui nous hantera certainement encore pendant longtemps après que les lumières de la salle se soient rallumées. Un style et une démarche singulière,
à suivre sans hésiter…































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3 commentaires:

  1. Le film que j'ai le plus envie de voir en ce moment !


    Hélas, toujours pas de ciné possible pour moi pour le moment...

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  2. En position horizontale depuis près de 3 semaines et sans autre activité que de mater des films... Je pète un peu les plombs et j'ai hâte de pouvoir retourner au ciné... sans doute pas avant
    début juin...

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  3. ah zut, c'est affreux... il faudrait inventer les salles de ciné où l'on peut se mettre allongé... un peu comme un planetarium... ;)

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