J’ai quatre ans aujourd’hui. Je ne suis au fond encore qu’un enfant. Et je suis tout de même encore un peu jeune pour déjà penser à la mort… ou tout du moins à la finitude, des choses. Pourtant,
je pense que l’on n’a jamais assez de temps pour comprendre – et accepter – que tout ce que l’on peut faire n’est qu’une peine inutile et absurde en vue d’un achèvement inévitable. On devrait
toujours avoir conscience de notre mortalité, et surtout de notre ineptie… Cela rendrait probablement le monde meilleur, ou en tout cas moins laid.
"L'ineptie consiste à vouloir conclure. Nous sommes un fil et nous voulons savoir la trame." Cette citation de Flaubert nous rappelle combien nous sommes vaniteux et combien nous pensons pouvoir
tout prévoir… "Contentons-nous du tableau, c’est ainsi, bon." Il serait plus simple de se montrer moins pressé, moins affamé… un peu plus simple, ou modeste. Et accepter.
J’ai quatre ans aujourd’hui et je ne suis que le résultat de la folie d’un homme. Je suis le produit de son ambition, de l’affirmation de sa vanité, de son sentiment de grandeur… alors qu’il
n’est rien. Et moi dans tout ça ? Je ne suis que le produit d’un grand rien ? N’est-ce pas au fond encore moins que rien ? Et vous continuez à me lire, pauvres fous !
J’ai quatre ans aujourd’hui et je serais bien incapable de prédire mon avenir. Je ne sais pas où je vais, ni même si seulement je vais… Vous aurez certainement observé des signes de faiblesse de
ma part ces derniers temps. Je ne suis peut-être plus aussi régulier qu’avant, sans doute encore moins complet… mais la complétude est une chose tellement illusoire : pourquoi s’abîmer à lui
courir après, alors ? Je doute de demain, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de demain… Après tout, nous verrons bien ensemble de quoi demain sera fait pour moi…
J’ai quatre ans aujourd’hui et je suis un blog qui parle. Qui vous parle. Et qui vous rappelle que je ne signifie rien. Si je vous plais, ou que je vous apporte un peu de satisfaction, quelle
qu’elle puisse être, alors tant mieux… Mais ne comptez pas sur moi pour que tout cela dure éternellement ! Pas seulement parce que je ne le veux pas… mais plus certainement parce que je ne le
peux pas… Souvenez-vous toujours de l’impermanence de toute chose, et surtout acceptez-la : vous n’en vivrez que mieux !
"Vois comme la vie est éphémère
comme les nuages
juste un passage
une goutte d’eau nécessaire
au voyage"