
Note :


Plutôt qu’« Elmer, le remue-méninges », ce film aurait pu s’appeler « Dialogue avec mon pénis » tant il est traversé de scènes connotées sexuellement et tant la bizarroïde créature nommée Elmer
fait penser à un gros gland en liberté… Mais commençons par le commencement ! Le film est d’ailleurs lancé sur les chapeaux de roue : dans un appartement, un couple de personnes âgées devient fous
en constatant la disparition d’un certain Elmer de leur baignoire… Ils mettent alors tout à sac à sa recherche et la bonne femme se met à hurler à la mort : ambiance tétanisante et à hurler de rire
à la fois, il faut vraiment le voir pour le croire ! Mais ce n’est qu’un début, car tout le film sera une succession de situations complètement hallucinantes et délirantes, qu’on n’oserait même pas
imaginer dans nos cauchemars les plus fous !
Elmer ayant quitté les vieux, c’est avec le jeune Brian qu’il se liera désormais d’amitié. Brian va se montrer parfaitement asocial à partir de là, délaissant son frère et sa petite amie (qui du
coup en profiteront bien dans leur coin), afin de passer le plus de temps possible avec Elmer, qui provoque un lien de dépendance complètement fou ! Mais qui est donc ce fameux Elmer, me
demanderez-vous ? Eh bien, ses origines ne sont pas bien claires mais elles semblent remonter à la nuit des temps, selon le discours d’un vieux fou qui scande son texte comme un narrateur extérieur
: du coup c’est complètement mauvais et on se fend bien la pèche en tout cas ! Elmer est en fait une sorte de créature étrange et dégoûtante, une sorte de gros vers immonde qui parle et qui chante,
et doté par ailleurs d’un grand sens de l’humour… Il a en fait besoin d’un humain pour se greffer à lui comme un parasite et partir en balade afin de dévorer tous les cerveaux qu’il pourra croiser
sur son passage. Pour éviter de perturber son hôte, il lui propose une substance bleue qu’il injecte dans son cerveau et qui le fait partir dans des trips hallucinatoires ! Brian devient ainsi
complètement accroc à cette substance, qui agit en fait comme une drogue : il se comporte en vrai junkie et en redemande de plus en plus… Le film se veut donc en partie une jolie réflexion sur la
drogue et la dépendance en général. Le titre original « Brain damage » évoque d’ailleurs les dommages irréparables que peut provoquer la cocaïne sur le cerveau des adolescents… héhé !
Mais le côté « brain » peut nous emmener aussi du côté de la masturbation intellectuelle, voire du conflit entre la raison et la pulsion, ou en d’autres termes un peu plus crus entre la cerveau et
la verge ! Les dialogues entre Brian et Elmer illustrent parfaitement ce débat et quand Elmer (extension phallique de Brian) lui envoie son « jus » (le précieux liquide bleu) dans le cerveau, c’est
le côté pulsionnel et sauvage de Brian qui ressort, engourdissant toutes ses fonctions intellectuelles ! Le film bascule ainsi souvent dans un univers grivois et à la sexualité assez glauque : pour
envoyer sa substance, Elmer se sert par exemple d’un « trou » qu’il a creusé au bas de la nuque de Brian ; une scène fabuleuse nous montre Brian jouant avec son sexe avec son Elmer dans le bain ; on assiste enfin à une séquence porno-gore assez phénoménale, au cours de laquelle une prostituée s’apprête à
faire une fellation à Brian, mais Elmer ayant pris la place du pénis de Brian (la pute se rend d’ailleurs compte de l’énormité de son engin à travers le pantalon !), on assiste à une pénétration
buccale carrément dégueulasse, où ce qui tient lieu d’organe mâle se met à dévorer la cervelle de la fille ! Ami de la poésie, passez votre chemin…
Bien gore et bien sale, mais à aucun moment dénué d’humour, ce film dénote vraiment dans la production de films horrifiques de l’époque, un peu comme si John Waters avait réalisé un film
d’épouvante ! Un sommet de décadence et de subversion, un peu oublié, plutôt risible (les acteurs sont mauvais comme des porcs !), mais qui mérite définitivement toute l’attention des fans d’un
cinéma un peu décalé et underground…