samedi 10 mai 2014

[Critique] Libre et assoupi, de Benjamin Guedj



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Libre et assoupi



de Benjamin Guedj



(France, 2013)



Sortie le 7 mai 2014




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Quelle surprise que cet étrange et surprenant premier film… Certes, il convient d’emblée de dire qu’il ne s’agit là que d’une toute petite chose sans prétention ni esbroufe, mais une toute petite
chose quand même pleine de respirations et de moments savoureux qui font vraiment du bien !

Soit Sébastien, un jeune homme bardé de diplômes, qui n’a qu’une seule ambition dans la vie : ne rien faire… Mais entendons-nous bien : on ne peut pas dire qu’il ne « fait rien » dans la mesure
où il a beaucoup travaillé pour ses dix ans d’études post-bac (et accumulé ainsi une importante culture qu’il fait resurgir avec humour ici et là au détour d’une scène), qu’il met la main à la
pâte pour le ménage dans l’appartement qu’il occupe avec deux colocs et surtout qu’il a quasiment toujours un livre à la main pour bouquiner paisiblement… Ce que notre civilisation appellerait «
fainéantise » n’est en fait qu’un nouvel art de vivre, paisible et heureux, que prône notre attachant anti-héros : une forme de contentement, de « simplicité volontaire » (osons le mot) proche
d’Epicure ou de Diogène… Ce fameux « hédonisme », que notre société obnubilée par sa valeur « travail » (définir quelqu’un plus par ce qu’il FAIT que par ce qu’il EST) a transformé en « paresse
». Sébastien est ainsi le parfait « assisté social » selon l’opinion contemporaine, d’autant qu’il profite éhontément et sans culpabiliser du RSA, cette mirobolante manne de 475 euros mensuels
que l’Etat verse aux glandeurs…

Certes, tout le côté subversif qu’aurait pu proposer « Libre et assoupi » n’est guère exploité et développé (on n’est pas non plus dans le post-soixante-huitard « An 01 » de Jacques Doillon,
Alain Resnais et Jean Rouch), mais le film se révèle constamment sympathique et drôle, avec cette légèreté et cette fantaisie qui le fait verser dans la comédie entre potes, mi-potache
mi-poétique… Parler allemand pour apprivoiser un ours, se glisser sur les photographies des touristes pour avoir l’impression de voyager, se balader en slip dans un musée la nuit (en citant une
réplique des « Valseuses » de Blier, ce qui ne gâte rien) : le long métrage de Benjamin Guedj est truffé de surprises et d’inattendus ! Si l’on regrettera une conclusion relativement consensuelle
(assimilant finalement d’une certaine façon le personnage principal dans les conventions sociales), on gardera un vrai plaisir à avoir vu « Libre et assoupi », porté par trois jeunes acteurs
délicieux : Baptiste Lecaplain, Charlotte Le Bon et Félix Moati (découvert dans « Télé
Gaucho
»)… Les apparitions de Denis Podalydès ou Bernard Ménez rendent le tout plus réjouissant encore. Si seulement toutes les comédies françaises étaient si joliment et légèrement écrites
et dialoguées !































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3 commentaires:

  1. T'es sérieux ? Ca a l'air assez con comme film...

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  2. Ca ne révolutionne pas le genre mais ça reste une comédie assez efficace je trouve. J'ai passé un très bon moment devant ce film.

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  3. Une super comédie, intelligente et bien plus profonde qu'il y parait au premier abord sur la génération stagiaire. Sans juger la petite histoire prend forme entre optimisme et réalisme, en prime
    humour sans moquer d'une certaine poésie... 3/4

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