mardi 22 avril 2014

[Critique] Les Citronniers, de Eran Riklis






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Les Citronniers



de Eran Riklis



(France, Israël, Allemagne, 2008)




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Malgré son ancrage dans un contexte très réaliste (et politique) et le traitement psychologique réservé à ses personnages, « Les
citronniers » d'Eran Riklis appartient avant tout au genre de la fable. Ce film est une superbe métaphore du mal qui ronge deux peuples, en constante opposition depuis trop longtemps.



On peut à première vue y voir une adaptation libre de David contre Goliath, avec l'histoire de cette pauvre veuve palestinienne en
territoire occupé qui va tout faire pour défendre sa citronneraie, unique héritage de son père, qui visiblement met en péril la sécurité d'un ministre israélien, qui vient tout juste de
s'installer dans la maison voisine... Sauf que ça ne se terminera pas aussi bien que dans la Bible, car comme le dit quelqu'un dans le film : "Il n'y a que dans le cinéma hollywoodien que les
histoires finissent toujours bien". Dont acte alors, pour une fin plus douce amère, en cohérence avec le ton général qui parcourt ce très beau film, à la fois très touchant et intelligent.



Et l'intelligence des « Citronniers » apparaît dans la finesse de son message profondément humain. Chaque personnage semble
effectivement prisonnier de sa propre condition sociale et politique, alors même qu'au plus profond de lui il n'aspire qu'à la paix et à une meilleure connaissance de l'autre... Cette séparation
entre non plus deux êtres humains prêts à s'entendre, mais entre une palestinienne et un couple d'israéliens historiquement voués à se déchirer, cette séparation s'érigera d'ailleurs
littéralement en un immense mur entre les individus à la fin du film... Mur métaphore encore, de la petite histoire qui entre en résonance avec la grande. La subtilité du cinéaste rend l'ensemble
d'une grâce absolue et d'une douceur très émouvante... Je ne reparlerai pas ici (mais bon, un peu quand même...) de la phrase de Truffaut à propos de «
La Grande Illusion » de Renoir,
qui s'applique finalement aussi très bien au film de Riklis : "La cohabitation forcée [...] permet de faire ressortir les différences de classe, de race, de pensées et d'habitudes et,
naturellement, Jean Renoir évolue dans ce décor comme un poisson dans l'eau. L'idée qu'il a si souvent exprimée que le monde se divise horizontalement et non verticalement, c'est à dire par
affinités plutôt que par nationalités". Mais dans un monde en guerre, la nationalité dépasse les affinités et détruit toute entente possible...































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2 commentaires:

  1. Bonjour Phil Siné, voilà un joli film qui m'avait plu. http://dasola.canalblog.com/archives/2008/05/19/8963893.html Bonne après-midi.

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  2. sacré historique de ton blog ! :)

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