jeudi 7 mars 2013

[Critique] Wadjda, de Haifaa Al Mansour



wadjda
(Arabie Saoudite, 2012)



Sortie le 6 février 2013




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Dire que j’ai bien failli ne jamais aller voir « Wadjda », de peur surtout de découvrir un de ces docu-fiction misérabilistes, avec des acteurs peu professionnels et une mise en scène
approximative, que la critique encense surtout parce qu’il s’agit là d’un film saoudien, si rare sous nos tropiques, le premier d’ailleurs à être tourné sur le territoire saoudien… et réalisé par
une femme, qui plus est, autant dire que c’est le moment ou jamais d’en rajouter dans la bien-pensance et l’émotion facile, en oubliant qu’on est pourtant là pour parler de cinéma avant tout
!

Eh bien, heureusement que l’on a insisté pour me le montrer, parce que toutes mes idées reçues et mes craintes n’avaient absolument rien de fondé ! « Wadjda » est bien au contraire un film
merveilleux, un vrai petit miracle de cinéma qu’il est en effet besoin de recommander abondamment ! La réalisatrice Haifaa Al Mansour, dont c’est le premier long métrage (et l’on espère pas le
dernier, vu l’audace de son sujet et la difficulté de faire du cinéma dans son pays), imprime un vrai regard à son film, qu’elle construit comme une véritable fiction, habilement écrite et mise
en scène, tout en y distillant des piques à l’égard du conservatisme de la société saoudienne… La jeune actrice principale, Waad Mohammed, âgée de douze ans, est tout simplement épatante, emplie
d’un charme naturel, et jamais agaçante comme pouvait l’être l’actrice des « Bêtes du Sud sauvage », par exemple…

« Wadjda » trace l’itinéraire de cette fillette pleine de vie et d’espoir, qui tente de s’émanciper dans un monde où les femmes doivent surtout se faire discrètes, voire invisibles… Il faut la
voir, Converses aux pieds sous ses amples habits noirs, délicatement irrévérencieuse en vendant des cassettes enregistrées ou des bracelets sous le manteau à l’école de filles… Son énergie est
communicative et le spectateur pourra partager aisément ses émotions devant la directrice obtue de l’école ou la cruauté d’un vie où exister semble un crime… La vision de la cinéaste est
justement d’éviter tout misérabilisme et de dégager l’horizon pour son personnage, avec tout l’optimisme que cela suggère. Les dernières images du film sont en cela de toute beauté : chevauchant
le vélo qu’elle a tant désiré malgré les bâtons qu’on lui a mis dans les roues (le vélo demeure normalement l’apanage des hommes), voilà Wadjda face à son avenir, entièrement dégagé… un peu comme
si devant cette route où elle stoppe, elle avait autant le choix d’aller – ou de fuir ? – à droite qu’à gauche, le cœur alors rempli d’espoir… C’est par la volonté indéboulonnable de petites
Wadjdas que le monde aura une chance de changer !































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2 commentaires:

  1. Un joli film, intelligent et non manichéen. A conseiller... 3/4

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  2. Mais oui, c'est chouette Wadjda ! Il est de ces films qui montrent des choses graves en toute légèreté, je trouve. On est captivé, on s'attache vite à tous les personnages, on partage leurs
    émotions et même si tout n'est pas au top en fait, on en ressort quand même enchanté... Du moins fut-ce mon cas alors ça fait plaisir que tu l'aies vu et aimé aussi, et qu'il soit encore à
    l'affiche!

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