samedi 9 mars 2013

[Critique] Hiver nomade, de Manuel von Stürler



hiver nomade
(Suisse, 2012)



Sortie le 6 février 2013




star.gif

star.gif


600 kilomètres à parcourir en quatre mois, dans les montagnes et le dur froid hivernal, voilà ce que doivent endurer chaque année les bergers Pascal et Carole lors de la transhumance de leur
troupeau de 800 moutons ! Ils les guident souvent avec une belle virtuosité, les faisant passer parfois par des routes étroites entre deux champs que les agriculteurs refusent de voir piétinés et
« broutés » par ces agneaux nomades… Ils dorment à la belle étoile avec eux, avec une bâche pour abri de fortune et des peaux de bêtes pour se tenir chaud. Aidés par leurs quatre chiens – dont un
chiot qu’il faut encore formé ! – et leurs trois ânes stoïques, la tâche est difficile et pleine d’épreuves, mais l’hiver particulièrement rude de cette année-là ne suffira pas à les voir
renoncer…

Quelle merveilleuse idée de la part du compositeur et désormais réalisateur Manuel von Stürler que d’avoir filmé ces deux bergers dans leur périple d’un autre âge ! Il les a croisé alors qu’ils
passaient devant sa maison en Suisse lors de leur transhumance et, comme il le raconte lui-même, "ce fut une incroyable rencontre : tout d’abord avec le spectacle inouï du flot des moutons, mais
surtout avec les bergers, Pascal et Carole. L’aventure de la transhumance m’a passionné, elle m’a ouvert les yeux sur la mutation du paysage et la « los-angelisation » du Plateau suisse. L’idée
d’en faire un film s’est immédiatement imposée". Car au-delà du caractère bucolique et des visions éminemment poétiques de ces gigots sur pattes traversant des décors de montagnes enneigées, le
film pose de vraies questions éthiques, en opposant cette vie rugueuse et paisible qui ressemble à la vérité à nos vies de fous dans les abattoirs urbains : Carole raconte d’ailleurs avec une
belle émotion le jour où elle a renoncé à sa vie tranquille mais routinière à la ville par le biais de sa rencontre inespérée avec Pascal… Tout quitter du jour au lendemain pour n’éprouver
aujourd’hui aucun regret !

Superbement construit et amené, « Hiver nomade » n’ennuie jamais… bien au contraire ! Il émerveille à chaque plan et nous fait passer par mille émotions : la curiosité devant le troupeau,
l’empathie devant la rigueur de cette vie si particulière et pourtant si désirable, l’attendrissement ou l’amusement devant les relations entre les deux bergers… et l’humour ne manque pas dans ce
film parcouru de mille richesses et d’autant d’enseignements : on sourit de bon cœur aux côté de Titus le chien qui ne peut s’empêcher de mordiller les cuisses des agneaux, de Paulo l’âne qui
peine sous le poids qu’on lui fait supporter sur le dos, de Carole, de Pascal et de leurs milles moutons, que l’on pourrait passer des nuits entières à compter pour le plaisir… et sans s’endormir
!



Perspectives :



- Le temps des grâces, de Dominique Marchais



- Tous au Larzac, de Christian Rouaud



- Bovines ou la vraie vie des vaches, d’Emmanuel Gras































  • Plus










2 commentaires:

  1. Bon, je suis un chouïa en retard maintenant que c'est le printemps mais j'avais bien aimé ce film aussi, voici donc un petit lien pour en ré-écouter les jolies musiques à la guitare écrites et
    interprétées par la musicienne suisse Olivia Pedroli : c'est par ici si ça te dit !

    RépondreSupprimer
  2. comment ça c'est le printemps ? tiens, je n'ai pas eu l'info...


    merci pour le lien !

    RépondreSupprimer