lundi 4 mars 2013

[Critique] Les chevaux de Dieu, de Nabil Ayouch



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(Maroc, France, Belgique,
2013)



Sortie le 20 février 2013




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Basé sur la terrible réalité des attentats kamikazes survenus à Casablanca en 2003, provoqués par de jeunes gens issus des quartiers pauvres de la capitale marocaine, le scénario des « Chevaux de
Dieu » est loin de se contenter d’une simple illustration des faits ou d’une démonstration appuyée de l’enracinement du terrorisme au sein des populations les plus pauvres… Il s’intéresse
effectivement avec une infinie délicatesse au destin de quelques-uns de ces kamikazes, frères ou amis, ayant grandi dans le bidonville de Sidi Moumen, l’un des plus pauvres de la banlieue de
Casablanca…

Devant la construction du film, difficile d’ailleurs d’imaginer où celui-ci va nous mener tant son commencement évoque une chronique de la jeunesse marocaine dans les quartiers défavorisés,
moitié documentaire moitié fiction, avec ce qu’il faut d’aspect social et politique… Le cinéaste Nabil Ayouch a d’ailleurs choisi ses acteurs – non professionnels mais tous parfaitement naturels
– parmi la population du bidonville où se déroule l’action, ajoutant ainsi au sentiment de réalisme qui se dégage de son film.

On se laisse alors très vite embarquer dans une histoire pleine de souffle et par une mise en scène à l’ampleur véritablement réjouissante, commençant notamment par un habile parallélisme entre
l’enfance et l’âge adulte des personnages, permettant de les reconnaître par un mouvement de mimétisme à la fois beau et émouvant… La caméra s’envole parfois au-dessus de ce petit monde, dans des
élans de lyrisme que l’on n’avait pas vu venir et qui nous touche plus encore !

L’empathie et l’attachement que l’on éprouve alors pour ces jeunes héros, tous différents et aux vies infiniment complexes et bien décrites (de la difficulté à s’occuper de sa famille à des
sujets comme la place des femmes ou des homosexuels dans cette société, on peut dire que le réalisateur a eu à cœur de dessiner des individus bel et bien vivants et convainquants !), sont
d’autant plus troublant que l’on va observer leurs vies basculer dans la seconde partie du film… Sans jamais être lourdement démonstratif, « Les chevaux de Dieu » amène son sujet avec une infinie
subtilité, en laissant sourdre la marche de l’Histoire au cœur de son récit (la télé qui annonce les changements de régime ou les attentats de New York…), puis en montrant l’embrigadement
progressif et insidieux de ces jeunes gens par un groupe d’islamistes bien trop malins pour eux… Sans juger ses personnages, Nabil Ayouch nous rappelle combien le monde est complexe et combien il
est difficile de comprendre certains comportements humains. Son film, en plus de nous émouvoir avec force et sincérité, a aussi l’immense mérite d’ouvrir nos yeux, trop souvent aveuglés par les
opinions unilatérales que nous présentent généralement les médias…































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4 commentaires:

  1. Je ne savais pas du tout à quoi m'attendre en allant voir ce film et j'ai pris une sacrée claque ! Pour toutes les raisons que tu décris si bien, il est passionnant d'un bout à l'autre. C'est
    beau, c'est extrêmement riche, captivant et plein d'émotions... Un énorme coup de coeur surprise pour moi :)

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  2. Papa tango Charlie15 mars 2013 à 02:06

    Oh Phil, tu es La référence pour moi en matière de ciné. Mais la je trouve que le film rend justement un bel hommage au film original, qui était très mièvre et larmoyant aussi par rapport aux
    nouvelles écrites par l'auteur . non vraiment la je te trouve très vilain, hideux même ! Tout ça parce que c'est au départ un disney et que c'est une prequelle parce qu'ils n'ont pas pu obtenir les
    droits originaux pffff!!! Et franchement votre haine de Sam raimi.... Non mais allo quoi! ;)

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  3. Papa tango Charlie22 mars 2013 à 03:55

    Roh, je me demandais pourquoi ma réponse sur le monde d'oz n'avait pas été enregistrée la première fois, c'est que je l'avais postée n'importe où ! :

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  4. héhé en effet... comme je réponds dans l'interface overblog, je ne m'en étais même pas aperçu ! :)


    peut-être un signe pour que tu ailles voir les chevaux de dieu ?

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