[Critique] Au bout du conte, d’Agnès Jaoui

(France, 2013)

Sortie le 6 mars 2013

Le duo de scénaristes Jaoui / Bacri a fait ses preuves depuis une vingtaine d’années maintenant : après « Cuisine et dépendances » et leur collaboration fructueuse avec Alain Resnais (« Smoking /
No Smoking », « On connaît la chanson »…), ils ont nonchalamment continué de croquer avec humour et habileté les petits tics et défauts des hommes et des femmes qui les entourent… Agnès Jaoui est
même passée à la réalisation en 2000 avec « Le goût des autres » et a même récidivé avec les plus dispensables « Comme une image » et « Parlez-moi de la pluie ». Ils reviennent aujourd’hui avec «
Au bout du conte », qui semble relever le niveau des deux films précédents, même si l’on constate néanmoins une prise de risque minimum dans ce qui demeure un cinéma un peu trop plan-plan et
routinier…

Le train-train de la valse des histoires qui s’entrecroisent peut ainsi recommencer ici, dans un énième « film choral » composé par ailleurs d’une ribambelle d’acteurs tout à fait aimables, des
deux scénaristes susmentionnés (que l’on retrouve malheureusement toujours un peu dans les mêmes types de rôles, certes un peu vieillissants désormais…) aux jeunes premiers tout à fait charmants
et attachants Agathe Bonitzer (« Une bouteille à la mer », « A moi seule »…) et Arthur Dupont (« Mobile Home »), en passant par le chanteur Benjamin Biolay…

Malgré quelques effets pointillistes entre les séquences, la mise en scène reste de facture plutôt classique, l’intérêt de ce cinéma-là résidant dans les dialogues drôles et savoureux et la
représentation de situations douces amères, auxquelles chacun pourra aisément se reconnaître par intermittence… Si le style Jaoui / Bacri se renouvelle peu, on ne s’amuse pas moins à rire de
nous-mêmes et de nos travers dans une histoire alerte et bien construite : l’illusion du grand amour, les croyances en tout genre, le mythe de l’éternelle jeunesse… tout y passe, enrobé qui plus
est dans un univers de contes de fées plutôt agréable ! Jolie trouvaille, en effet, de reprendre certains archétypes éculés des contes pour mieux les détourner : le petit chaperon rouge plus si
innocent que ça, un grand méchant loup qui collectionne les aventures, la marâtre botoxée, la pantoufle de Cendrillon perdue par le garçon… ou encore cette Belle au bois dormant (en fait, droguée
à mort !), que la meilleure façon de réveiller n’est plus un baiser de prince charmant mais une bonne claque dans la gueule ! Au bout du compte, chacun devrait pouvoir trouver son conte et son
compte dans « Au bout du conte »…

Il était une fois...

- Blanche-Neige et le chasseur, de Rupert Sanders

- Le vilain petit canard, de Garri Bardine

- Hansel & Gretel : Witch hunters, de Tommy Wirkola