mercredi 16 janvier 2013

[Série] Les Revenants, créée par Fabrice Gobert


les_revenants.jpeg(France, 2012)




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Et si les morts revenaient soudainement à la vie, sans explications précises et surtout sans avoir conscience d’être mort ? Comme par miracle, en somme… C’est le présupposé de la série du
cinéaste Fabrice Gobert, révélé par l’excellent « Simon Werner a disparu
» en 2010. Mais contrairement aux visions toutes américaines de morts-vivants aux chairs décomposées et n’ayant que l’envie de bouffer leurs congénères encore vivants dans un monde
post-apocalyptique, les ressuscités de Gobert ressemblent plus au film du même nom signé Robin Campillo en 2004 et dont la série s’inspire justement… Ici, les morts sont revenus à la vie dans
l’état exact où ils étaient avant de mourir, ayant gardé l’âge qu’ils avaient même s’ils sont morts depuis dix ans et possédant surtout toutes leurs capacités cognitives, même s’ils n’ont aucun
souvenir de ce qui leur est arrivé au cours de leur « absence » : ils essaient alors tant bien que mal de reprendre le cours de leurs existences, même si les vivants, eux, ont bien souvent
continué à vivre et se retrouvent bien embarrassés face à ces « revenants » qu’ils avaient transformé en simples souvenirs…

Car en effet, « Les revenants » interrogent avec une intense acuité les rapports que les vivants entretiennent avec leurs morts. Confrontés au retour des défunts, ceux qui sont restés doivent
alors revenir sur leur souvent difficile travail de deuil et trouver alors quelle réaction avoir devant ce retour inattendu… Si une mère ne peut qu’accueillir à bras ouverts sa petite fille morte
dans un accident de bus, qu’en est-il de sa sœur jumelle, qui devra de nouveau partager son foyer avec ce double d’elle-même qui n’a pas grandi ? Comment une femme remariée doit répondre au
retour de son fiancé tant aimé, qui s’est suicidé le jour même de ses noces ? A travers diverses situations intenables, Fabrice Gobert passe en revue les réactions que l’on pourrait avoir devant
ces évènements impossibles : se suicider ou vouloir tuer l’autre, ne pas croire en ce retour ou lui vouer au contraire une foi inébranlable… autant de comportements psychologiques qui montrent la
multiplicité de l’humanité. Emotionnellement, la série sait se montrer forte et pertinente, rendant vraiment chaque épisode passionnant à suivre…

Si le dernier des huit épisodes qui composent cette première saison de la série procède à une accélération de l’histoire, semblant faire prendre un peu artificiellement une tournure étonnante à
l’ensemble pour le dramatiser plus encore (mais en était-il besoin ?), on demeure sous le charme de cette série réellement novatrice à la télévision française. Et même si on a un peu peur que les
nombreuses questions posées peinent à l’avenir à trouver des réponses satisfaisantes, elles n’en donnent pas moins son rythme à un scénario fascinant et hypnotique…

Mais ce qui rend l’ensemble si fascinant, plus encore peut-être que l’écriture intelligente de la série (maniant habilement les ellipses et les flash-back), demeure probablement sa mise en scène
incroyablement belle et virtuose… S’inspirant des atmosphères lynchiennes à la « Twin Peaks » (la présence d’un « American Diner » au beau milieu de ces montagnes françaises semblent d'ailleurs
un hommage évident au feuilleton américain), Fabrice Gobert réussit à conférer à sa série une ambiance pleine de mystères, alternant images douces et cotonneuses et contextes parfois plus froids
et crus, appuyée en outre par un casting impeccable : Anne Consigny, Clotilde Hesme, Guillaume Gouix, etc… Mouvements de caméra superbement fluides, cadrages hyper méticuleux, décors naturels
parfaitement exploités, montage intrigant, hors champs parfaitement calculés (même s’ils pallient probablement à un budget insuffisant pour mettre en scène certaines séquences chocs) : on demeure
admiratifs devant l’intelligence d’une réalisation qui nous fait croire à une histoire fantastique, dont l’ambition demeure des plus réjouissantes dans la création de genre à la française !



Perspective :



- Simon Werner a disparu… de Fabrice Gobert































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3 commentaires:

  1. Il faut saluer l'audace de Canal+ pour avoir produit et diffusé une série qui sort des sentiers battus. Malgré un dernier épisode décevant (à mon goût), cette série, remplie de beaux personnages,
    fait une incursion intéressante dans le fantastique, se donnant les moyens de son sujet. 


    Beau billet, et blog intéressant, je repasserai 

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  2. Peut être pas "culte" mais il s'agit bien là de la meilleure série française que j'ai pu voir. 

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  3. meilleure série française fantastique tu veux dire ? ;)

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