samedi 26 janvier 2013

[Critique] Malcolm, d’Ashley Cahill



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(Etats-Unis, 2012)



Sortie le 23 janvier 2013




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Premier film de son réalisateur, qui est aussi le scénariste, monteur et l’acteur principal (!), « Malcolm » est une œuvre complètement foutraque et hors norme, dans laquelle un jeune homme,
plutôt smart et cultivé, se fait filmer sur le mode du documentaire en train de tuer des gens et de théoriser sur ces meurtres ou de disserter sur ses méthodes… Pourquoi il tue ? Apparemment pour
éliminer les chieurs (le genre de ceux qui envoient des SMS pendant les séances de ciné…), mais visiblement aussi un peu pour le plaisir et la jouissance de la mort !

Certains identifieront sans doute le concept de « Malcolm » au film culte (et belge) « C’est arrivé près de chez vous » avec l’intarissable et irrésistible Benoît Poelvoorde, sauf que le
personnage tuait dans ce cas pour de l’argent : en gros, le meurtre, c’était son job… Ici, Ashley Cahill semble toujours vouloir brouiller les pistes et rendre difficilement identifiable les
motivations de son personnage, pour lequel on peut éprouver de l’attachement (à moins de le trouver carrément horripilant !) mais qui au fond est un être fondamentalement fou ! Mais ne le
sommes-nous pas tous dans le fond ? semble vouloir nous demander le film. Et le meurtre n’est-il pas parfois la première pensée que nous ayons devant ceux qui semblent nous pourrir l’existence
exprès ?

Nihiliste et subversif, le long métrage l’est ! Mais il est tout autant drôle et assez dingue, dans son enchaînement chevronné et agressif de scènes de meurtres, souvent filmées avec vivacité et
originalité… Pour le plus grand plaisir des cinéphiles, il se trouve que le personnage fait pleuvoir les références, citant tour à tour Samuel Fuller ou Martin Scorsese, ou croisant un instant la
route de Kirsten Dunst ! Rien que son prénom est en outre un clin d’œil à l’« Orange mécanique » de Stanley Kubrick, dont le héros est interprété par… « Malcolm » McDowell ! Tuer au hasard, mais
tuer aussi par geste de révolte politique, le sujet est justement au cœur de ce véritable OFNI, que le « serial killer héros » interroge justement en permanence, cherchant à aller toujours plus
loin dans sa démarche : plus loin que tous les films de meurtriers qui ont pu fleurir depuis le « Taxi Driver » de Scorsese, et dont les motivations semblent un peu foireuses pour Malcolm… Plus
loin aussi que le personnage de « C’est arrivé près de chez vous » ou que le pauvre gars de « God bless America ». On touche ici les limites du meurtre gratuit, commis en masse,
qui questionne le phénomène de la violence au cœur de notre civilisation bourgeoise… Si ce (pas si) fou furieux de Malcolm semble faire des émules à la fin de son film, tout se finit par un
amusant pied de nez, qui renvoie néanmoins plus la fable vers le simple plaisir potache : à moins qu’il ne renvoie au personnage le propre miroir de lui-même, en lui prouvant que l’on est
peut-être toujours l’emmerdeur de quelqu’un d’autre ? L’arroseur arrosé, en somme, ou l’éternel recommencement, l’éternel retour de la violence, en réponse à la violence…































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3 commentaires:

  1. Ah, que de grandes vérités... J'ai adoré Malcolm et j'admire beaucoup ta critique : comme toujours très bien écrite, elle synthétise tout ce que j'avais vu dans le film tout en m'éclairant au
    passage sur les références cinéphiles que je sentais bien que je loupais... sauf celle à Dirty Harry (je crois...) que je n'ai même pas vu pourtant! Tu me donnes déjà envie de revoir Malcolm,
    tiens ! En attendant, je re-re-reverrais bien aussi un autre film génial dont tu nous avais parlé avec un tueur fou que j'adore (peut-être un chouïa moins drôle mais qui maîtrise à donf en
    revanche) : Rampage, probablement mon préféré du genre.

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  2. Argh, mes souvenirs sont de plus en plus flous... ça n'était pas plutôt lorsque Malcolm descend la fille qui n'aime pas les rétrospectives de Clint Eastwood en lui tirant dans le dos dans une
    ruelle sombre avec un certain calibre de pistolet ? Enfin, la référence à Dirty Harry revient plusieurs fois je crois :) Et tu savais que le film s'appelle "Charm" in English ? C'est intriguant,
    non ?

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