lundi 28 janvier 2013

[Critique] Zero Dark Thirty, de Kathryn Bigelow



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(Etats-Unis, 2012)



Sortie le 23 janvier 2013




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Après l’excellent et très maîtrisé « Démineurs », à l’intrigue très resserrée et à l’action suspendue, Kathryn Bigelow semble en prendre le contre-pied avec « Zero Dark Thirty », au scénario
touffu et éclaté et aux scènes d’action explosives ! Dans ce nouveau long métrage, on assiste à la traque d’Oussama Ben Laden à travers le monde par une équipe de la CIA spécialisée dans
l’antiterrorisme… Mais ce thriller richement documenté et ancré dans l’histoire réelle (en outre étonnamment proche de nous !), brillamment construit sur la durée (2h30 rythmées et sans répit,
littéralement à couper le souffle !), sait s’éloigner de la simple enquête politique ou du film d’action bien testostéroné à travers la caméra de la réalisatrice. Bigelow impose son propre style,
en fusionnant habilement l’enquête et l’action, mais en optant surtout tout au long de son film pour le regard d’une femme, Maya, agent de la CIA déterminée à débusquer ce putain de terroriste
d’Oussama !

Bravement incarnée par la très belle Jessica Chastain, ce point de vue féminin n’est bien sûr pas innocent de la part de la cinéaste. Maya est un personnage qui détruit avec brio les habituels
clichés purement machistes des filles dans les films sévèrement burnés : elle s’impose ici à la fois comme joliment féminine, mais aussi comme forte et vindicative, au caractère bien trempé.
C’est une femme qui refuse de se mettre en retrait dans un univers presque purement masculin, et la mise en scène de Kathryn Bigelow le montre assez subtilement… La réalisatrice s’explique
d’ailleurs sur ce choix de personnage : "Il y avait plusieurs femmes et hommes qui ont joué un rôle essentiel dans cette traque. Et puis j’ai réalisé que la meilleure façon de raconter
l’histoire, ce serait à travers les yeux de cet individu, et de mettre le public dans sa position. Vous savez, elle est une sorte de témoin, elle nous emmène dans cette chasse, à travers cette
odyssée et ce voyage, dans tous ces différents endroits."

Et des endroits, on en visite en effet beaucoup dans ce film qui fonce à toute allure pour couvrir dix ans de traque : celle de l’homme le plus recherché de la planète ! Tout commence dans le
noir à New York, avec les derniers mots au téléphone de plusieurs victimes dans les attentats du World Trade Center (le point de départ de la croisade presque mystique contre le terrorisme), puis
les lieux s’enchaînent à vive allure, exactement comme la fuite en avant du temps qui passe… Afghanistan, Pakistan, Koweït, Pologne, Etats-Unis… avec notamment un passage étonnant par la «
Zone 51 » où l’on trouve de jolis « colibris » - censés ne pas exister, indétectables au radar et sans doute à base de technologie
extraterrestre - qui vont permettre de nous amener à une scène finale dantesque et haletante dans la maison où se cachait l’ennemi juré et tant recherché ! La réalisation de l’attaque militaire,
hyper couillue et efficace, nous fait plonger en plein jeu vidéo – les soldats parlent même de « niveaux » pour les étages de la maison et semblent tous jouer à celui qui abattra Ben Laden – et
nous rappelle que le cinéma de Bigelow peut aussi être un divertissement pur…

Bien sûr, transformer l’Histoire en divertissement nous rappelle combien le film a été critiqué ici et là, notamment à travers des accusations affirmant qu’il faisait l’éloge de la torture par
l’armée américaine et surtout la justifiait… accusations finalement peu recevables, dans la mesure où ces scènes de tortures sont montrées dans toute leur horreur à l’écran ! Plus difficile
cependant de ne pas voir tout un arrière fond bien patriotique dans l’entreprise, mais là encore, cet argument pourrait être contredit par la seule dernière image du film, qui le fait basculer
dans une perspective totalement différente… En premier lieu parce que l’on y passe de la fureur de l’Histoire à la pure sphère de l’intime : après qu’on lui demande où elle veut aller, et
celle-ci se rendant compte qu’elle n’a plus nulle part où aller, le personnage de Maya se met à pleurer… et c’est par ces larmes que le véritable message de Bigelow s’éclaire enfin : après avoir
consacré sa vie entière à combattre l’ennemi présumé, Maya se retrouve démunie et affreusement seule. Tout le film n’est finalement qu’une description d’une situation où deux camps opposés
s’affrontent en se renvoyant dos à dos leur haine réciproque : la haine du terrorisme contre la haine de l’arrogance et de l’impérialisme de l’occident… Toute la haine de Maya était vouée à
Oussama Ben Laden, mais celui-ci étant mort, il ne lui reste plus rien, justement parce que ce n’est pas avec la haine que l’on construit quelque chose, mais avec l’amour auquel elle n’a pas
voulu accorder du temps… Dans le jargon militaire, « Zero Dark Thirty » renvoie à un espace-temps où il fait toujours nuit, quel que soit le moment de la journée : n’est-ce pas là, dans toute
cette obscurité, que se trouve désormais la pauvre Maya ?































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4 commentaires:

  1. Très bel article!


    J'ai trouvé le film moyen pour ma part, très ennuyeux surtout avant que le grand méchant loup ne soi repéré. Mais je ne suis pas fan du cinéma de Bigelow.


    La fin est très efficace, je le reconnais. Détail amusant: je n'avais pas refléchi au fait que les technologies utilisées pour les avions stockés dans la zone 51 pouvaient avoir été construits à
    l'aide d'une technologie Alien...à moins que ton allusion soit une blague. 

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  2. Un excellent film, surtout montre aussi le travail ingrat et peu hollywoodien ddes agents de la CIA. L'assaut apporte un suspense inattendu (pour cause !)... 3/4

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  3. Très mauvais film...Il ne suffit pas de faire un biopic sur un personnage d'actualité pour faire du cinéma ! Ce film est vide et ce n'est pas l'ambiance orientale de celui-ci qui suffit à en
    faire un film tout court...Tout n'est qu'habillage et le fond, creux, a déjà été traité 100 000 fois ! Ennui et poubelle...

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  4. C'était au cinéma et ca parlait de la Guerre du Vietnam...Le reste, c'est de la déco pour tromper le spectateur !

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