vendredi 25 janvier 2013

[Critique] Mundane history, d’Anocha Suwichakornpong



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(Thaïlande, 2009)



Sortie le 16 janvier 2013




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Derrière son mystérieux titre, « Mundane history » cache une « histoire de pas grand chose », le mot thaï « mundane » signifiant « anodin » ou « quelconque »… En effet, ce premier long métrage
met en scène la relation finalement assez simple et « basique » d’Ake, un jeune homme paraplégique à la suite d’un accident, avec son aide-infirmier Pun, qui va essayer de rendre sa vie de
paralytique un peu moins « statique ». Sous ses atours modestes, le film révèle pourtant une beauté et une richesse de prime abord insoupçonnées : il se montre tour à tour social et politique (ce
qui lui valut une interdiction aux moins de 20 ans dans son pays !), mélancolique et contemplatif (du fait de la situation d’Ake, qui semble en vouloir à la terre entière tout en demeurant
tristement mutique), philosophique (certaines conversations des deux personnages sont ponctuées de questions éminemment métaphysiques et universelles), voire même cinéphilique, puisque Ake rêvait
de devenir cinéaste avant son accident…

Depuis la Palme d’or
délivrée à Apichatpong Weerasethakul pour son « Oncle Boonmee »
, on sait que le cinéma thaïlandais est capable de nous emporter vers des contrées insoupçonnées et de nous faire découvrir des
mondes inconnus, tout en proposant une esthétique et un cinéma radicalement « autre », ce qui le rend éminemment fascinant et excitant ! Eh bien la cinéaste Anocha Suwichakornpong se révèle
effectivement tout aussi passionnante, en proposant des images novatrices et ambitieuses, comme il est si rare d’en découvrir… Méditatif, son film est comme un cheminement intérieur, ou comme un
voyage capable d’embrasser l’univers entier… Par des effets de montage peu conventionnels (les séquences semblent se mélanger dans un chaos anti-chronologique) et tout un travail sur la notion de
durée, « Mundane history » s’impose comme un film intense et hypnotique, englobant avec une grâce désarmante et naturelle les notions d’infiniment petit (la naissance d’un enfant, la place de
l’homme dans son environnement…) et d’infiniment grand (avec la présentation d’une véritable cosmogonie, a priori découverte au planétarium où se rendent les personnages). Quand la réalisatrice
évoque son film par le prisme de la spiritualité, elle explique d’ailleurs qu’"il y a un cycle constant de naissance, de croissance, de décadence, de mort et de renaissance. Je voulais refléter
cette idée d’éternel retour dans le montage, quelque chose d'assez bouddhique". En d’autres termes, on n’est pas loin de retrouver ici la fulgurance d’un « Tree of life », revu et corrigé par un Terrence Malick qui aurait fait l’expérience du
bouddhisme et de l’impermanence…



Perspective :



- Se laisser porter par la superbe musique du film...































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2 commentaires:

  1. Ooh, c'est très impressionnant de me retrouver par surprise en lien de ton bel article et "tu ne le dis pas" en plus... merci !! :) Justement j'attendais ton avis sur ce film que j'ai trouvé
    fascinant, surtout que le rock prog choisi pour sa BO accompagne et illustre aussi parfaitement l'ensemble, je trouve, par sa montée en puissance tout en douceur...

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  2. mais c'est bien normal, tu parles bien mieux de la musique des films que moi de toute façon ! :)

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