vendredi 11 janvier 2013

[Critique légèrement gonzo] The Master, de Paul Thomas Anderson



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(Etats-Unis, 2012)



Sortie le 9 janvier 2013




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Commençons par nous attarder un moment sur l’image de l’affiche du film, contenue dans une tache en forme de test de Rorschach… Observez bien qu’il y a trois personnages : eh non, pas cinq,
puisque deux d’entre eux sont en réalité dédoublés ! Seul celui du haut n’apparaît qu’une fois, mais de là à dire qu’il forme un tout cohérent ou un personnage d’une seule pièce, loin de moi
l’idée de m’y risquer… Les deux autres, par contre, ne seraient-ils pas un peu fourbes dans leur dualité ? Et pourquoi le gros bonhomme lève le doigt et regarde dans deux directions distinctes
alors que la jeune fille semble plutôt se regarder elle-même, comme l’ami Narcisse ? On nage un peu en psychanalyse, vous ne trouvez pas ? D’autant que le film propose un vrai test de Rorschach
au personnage principal, lequel ne voit que bites et vulves dans les taches mystérieuses ! Bon, je balance tout ça, mais vous en faite ce que vous voulez au fond… En plus, ce n’est qu’une affiche
de film, et pas le film lui-même…

Le film justement, venons-y ! Il s’appelle « The Master »… et là, je ne peux m’empêcher de revenir à cette affiche (veuillez m’en excuser si cela vous gêne…) : « le maître » n’a-t-il pas l’air
d’être celui qui trône en haut de l’affiche, semblant ainsi dominer les autres personnages ? Et pourtant, si vous saviez… et si vous avez vu le film, d’ailleurs, vous penseriez plutôt que « le
maître » de l’histoire est plutôt le gros monsieur qui lève son index, avec son air de « je vais vous faire la morale et vous dire des trucs qui vont vous laisser sur le cul ! » Mais en êtes-vous
si sûr qu’il est le maître, dans ce déconcertant et parfois bien obscur récit ? Et si c’était la gonzesse en fait ? Ah ah ! Vous ne l’attendiez pas celle-là, hein ?! Bon, mais je dis ça, j’ai
rien dit en fait… Passons !

« The Master », ça raconte en fait le retour en Amérique de Freddie, un ex-soldat marqué par la guerre et désormais (presque) toujours imbibé d’alcool, qu’il se fabrique d’ailleurs lui-même, je
vous raconte même pas le tableau ! Du coup, il est vachement influençable et le gros bonhomme de l’affiche (on y revient, décidément…), il en profite un peu et lui fait faire presque tout ce
qu’il veut pour le bien (ou le mal ?) de son genre de secte appelée « La Cause » (faut dire que ça en jette comme nom !) Certains y ont vu une métaphore de la Scientologie par ce grand cinéaste
qu’est Paul Thomas Anderson… et on peut dire qu’il réussit en quelque sorte son coup, le bougre ! Car si « The Master » n’est pas le chef-d’œuvre irréfutable comme pouvait l’être le magistral «
There will be blood », il n’en demeure pas moins un film assez fascinant et hypnotique, notamment par une forme qui claque… Le film a ainsi été tourné en 70 mm (comme du temps des plus grands
films de Stanley Kubrick ou de David Lean !) afin d’offrir au spectateur une image sublime aux airs d’absolu… et certains plans déchirent, y’a pas à pipeauter ! Moi, je l’ai même vu « projeté »
en 70 mm, le film : bon, il a cassé en cours de séance (ah, le joyeux temps de la pellicule…), n’empêche que c’était rudement chouette ! Et puis en plus, les deux acteurs principaux, Joaquin
Phoenix et Philip Seymour Hoffman, sont tout de même sacrément impressionnants dans la relation qu’ils entretiennent, toute en tensions et en ambiguïtés…

Bon, comme je n’ai mis qu’une étoile à « The Master », vous vous attendez forcément à un « Mais » à ce moment-là de ma rédaction… Eh ben non, je ne vous donnerai pas ce plaisir et il n’y aura
donc pas le moindre « mais » dans mon discours ! Toutefois (héhé), je crois que j’aurais été bien plus sincère avec vous si, plutôt que de vous assommer avec tout ce qui précède, je vous avais
tout simplement dit que je n’ai rien compris au film…































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11 commentaires:

  1. Un récit bien obscur en effet. J'ai été assez déçu par ce film, j'en attendais tellement plus d'Anderson. La mise en scène est magnifique, les acteurs sont extraordinaires, ce sont des faits,
    mais l'histoire et le récit sont tellement brumeux, obscur comme tu le dis, ça sent plus l'exercice qu'autre chose. Mais quelque part, peut-être qu'Anderson (qui n'est pas un manche) se colle à
    son personnage, perdu, enragé, à la recherche d'une personne pour rétablir l'ordre dans sa tête. À revoir, au moins pour méditer.

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  2. D'accord egalement, il y a un gros rate au niveau de la narration. Dommage, car le sujet de la scientologie etait fascinant et les acteurs se surpassent.

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  3. Bon ben tt ça m'a donné l'envie de le zapper, c'est déjà ça. :-)

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  4. Hé hé hé, salut Phil ! Bonne année à toi et à ton blog.


    J'attends le verdict final de Pascale, qui lui a attribué un 5 étoiles, la rédac de la note va venir. Elle semble avoir compris si elle en a mis 5 non ?


    Joaquin est un grand, le bougre. Mais c'est de famille. River dans My own Private Idaho c'était un juste hallucinant. A fleur de peau le gamin, on sait ce que cela lui a coûté.


    Dis donc, ce ne serait pas Ezra en haut, dans ta bannière ?

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  5. J'ai à peu près le même avis que toi sur le film et je n'ai pour ma part pas réussi à lui attribuer une note. 


    Pour ce qui est de la compréhension, je pense que le but du jeu est "simplement" d'étudier la relation entre le maître et le disciple, de manière approfondie et universelle. 

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  6. Etrange... Tu n'es pas le premier que je lis à trouver ce film particulièrement hermétique. Pourtant, il ne m'a pas forcément semblé si difficile à comprendre en fait. L'habitude veut que l'on
    cherche trop de sens cachés sous les images là où il n'y en a pas. "The master" c'est, comme le souligne Anderson lui-même, une histoire d'amour à trois. Pas plus que ça. Bien sûr il y a le fond
    psychologique, "sectologique" (je trouve que ça sonne bien, je dépose immédiatement un brevet sur ce mot ), le contexte
    de l'après-guerre (qui sert aussi à motiver la femme de Dodd, un genre de "plus jamais ça" décrété sur le mode de la pensée unique). Mais ce n'est pas le fond du sujet. Tu t'attardes à juste
    titre sur l'affiche (chose que je n'ai faite) qui montre bien la dualité des deux personnages du bas (Anderson montre que les Dodd jouent clairement un rôle) et le côté cash et entier de celui du
    haut (ce bon Freddie qui a perdu la boule depuis sans doute très longtemps). J'avoue que j'ai bien mis une heure avant de trouver le verrou du film, mais j'en suis sorti finalement conquis.
    Dois-je m'inquiéter pour ma santé mentale ?

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  7. J'ai beaucoup aimé, même si c'est effectivement loin d'atteindre son précédent film. Quelques trucs ne vont pas comme le fait que la complexité de l'épouse (Amy Adams) méritait sans doute plus de
    présence... 3/4

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  8. Ma foi tu m'as bien fait rire ;)


    Je suis totalement d'accord avec toi. Hypnotique mais totalement hermétique...

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  9. Je crois que je viens de trouver la réponse à la question que je me suis posée tout le long du film et après. Cette question : mais que veut dire le réalisateur ? Où veut-il en venir ? 


    Je crois, à la vue du nombre de gens dans la salle regardant régulièrement leur montre, qu'il s'agissait d'endormir le spectateur afin de lui inculquer les préceptes du Maître. 


    Rien à sauver du film. Si ce n'est la prestation de Joaquin Phoenix. 


    Mais quel ennui. Mortel ennui. 

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  10. Oh, pas une minute d'ennui pour moi, même si j'étais aussi perplexe en sortant de la séance et tous les jours qui suivirent... jusqu'à ce que je lise l'analyse de princécranoir (ah mais oui, tout
    compris à présent, merci!) et la tienne (riche idée de partir de l'affiche :). Sur le moment tout de même, j'avais trouvé le film de toute beauté, le personnage du maître étrangement attachant
    dans la sincérité avec laquelle il défend ses idées foireuses et se met en scène pour ses ouailles alors qu'il semble lui-même complètement perdu parfois... Et Joaquin Phoenix comme
    toujours saisissant, fabuleux, impressionnant.

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  11. les images sont de toute beauté... au moins au début ! j'ai lu quelque part qu'il fallait quand même être un peu couillon pour utiliser le 70 mm pour finir par ne filmer que des gros plans sur
    les visages des 2 acteurs principaux ! ;o)

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