lundi 7 janvier 2013

[Critique] Le monde de Charlie, de Stephen Chbosky



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(Etats-Unis, 2012)



Sortie le 2 janvier 2013




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coeur


Sans doute pour être sûr de ne pas être déçu – ou de ne pas se sentir trahi – l’auteur, scénariste et réalisateur Stephen Chbosky a décidé d’adapter lui-même son roman à succès « Le monde de
Charlie ». Le titre original, « The Perks of Being a Wallflower », pourrait se traduire par « Les avantages d’être un looser », même si le terme « wallflower » invite à la polysémie : s’il
qualifie une plante qui pousse sur les murs, il est aussi une insulte à l’égard des élèves mis de côté par les autres dans un établissement scolaire… mais il inspire aussi une jolie métaphore,
celle d’une fleur qui pousse quoi qu’il arrive, même sur un support parfaitement infertile, comme un mur… et c’est bien de cela qu’il est question dans le film, à travers le personnage de
Charlie, jeune homme ayant un mal fou à communiquer ou à se faire des amis dans son lycée, dans lequel il compte les jours qu’il lui reste à passer, comme dans un univers carcéral.

Située au début des années 90, l’action du « Monde de Charlie » ressuscite le temps merveilleux où les ados exprimaient leurs sentiments en offrant des compilations musicales sur cassettes et où
certains prenaient encore plaisir à lire des romans (eh oui, le truc de malade en somme !) Il y a un ton et un rythme plein d’allant dans la mise en scène, fluide et chaleureuse, de Stephen
Chbosky… La chronique adolescente sonne souvent juste, entre les petits drames quotidiens et la délicatesse des émotions souvent à fleur de peau. Il y a aussi de l’humour dans le regard espiègle
du cinéaste, avec parfois des raccourcis ou des parallélismes joliment ironiques : passer de la sainte eucharistie au carré de LSD sur la langue, par exemple, est plutôt bien trouvé… On reste
aussi ému par la fantaisie du personnage de Patrick, qui se sert au fond de l’humour comme d’un bouclier, ou encore de ces moments délicieusement transgressifs lors des projections « animées » du
film culte « The Rocky horror picture show » !

Par le portrait de sa bande d’ados gentiment marginaux, « Le monde de Charlie » évoque, notamment par ses lignes de dialogues, la douceur déchirante des romans de Salinger, puis un peu plus loin
la mélancolique cruauté du « Mysterious Skin » de Gregg Araki… Car si tous ces
attachants personnages, remarquablement interprétés par un trio d’acteurs déjà remarqués ici et là (Logan Lerman en « Percy Jackson », Emma Watson dans la saga « Harry Potter » et Ezra Miller dans « We need to talk about Kevin »), ont une faille ancrée en eux qui les rend
différents et décalés par rapport au monde qui les entoure, c’est Charlie qui doit évoluer avec la plus profonde et tragique. S’il ne sait pas pourquoi il est comme il est, à louvoyer avec la
réalité, à rêvasser dans une épaisse et boueuse mélancolie, à se sentir à la fois triste et heureux au même moment, c’est un geste d’amour et de tendresse qui lui fera comprendre le mal qui le
ronge depuis qu’il est enfant, avec ces visions si troublantes qui lui sautent soudainement au visage… la Vérité ! Et si comprendre ne guérit pas, la philosophie du film, si elle n’est
probablement pas la plus originale, demeure sans doute la plus belle : peu importe les maux du passé, il faut savoir se projeter vers demain… avec une fulgurance visuelle épatante, la mise en
scène et les acteurs illustrent alors à merveille ce sentiment d’éternité propre à l’adolescence !































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5 commentaires:

  1. Ce serait bien que les sorties de bons films se calment un peu, parce que j'ai du mal à suivre le rythme! Mais ce Monde de Charlie me tente bien depuis plusieurs mois, d'autant que j'aime bcp ce
    fou d'Ezra. Et ta critique coup de coeur est d'autant plus motivante.
    Ma liste s'allonge, mais je suis débordé, argh! A suivre!

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  2. Oh oui c'est un très joli film... un petit coup de coeur pour moi aussi :)

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  3. Ouais, j'ai été cueilli. On peut le dire . Cette bande de gamins adorables parmi leurs connards de copains, on a
    envie de les prendre dans les bras ...

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  4. Bon ! Pas mal...bon moment...Mais Charlie est suffisemment commun et mimi pour se remettre bien vite de son trouble passager ! Un vrai troublé ne se fait pas de potes aussi vite, ne se sent pas
    si bien dans le groupe que semble le vivre charlie et si mimi soit-il ne se fait pas aussi facilement courtiser que le film le laisse penser...Le monde en vrai est un peu plus dur et compliqué !
    Enfin pour un bébé qui sourd de l'enfance pour se jeter la tête la première dans les affres tendres de l'adolescence s'est un film certianement pleins de fantasmes...

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  5. on me traite d'ado attardé pour avoir aimé "pas très normales activités" et me voilà devenu un bébé pour avoir aimé ce "monde de charlie"... j'essaierai de me faire une raison ! ;)

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