vendredi 18 janvier 2013

[Critique] Django Unchained, de Quentin Tarantino



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(Etats-Unis, 2012)



Sortie le 16 janvier 2013




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Du « Django » original de 1966, réalisé par Sergio Corbucci, Quentin Tarantino ne reprend finalement pas grand chose, si ce n’est le nom du personnage principal, l’apparition d’un cercueil (mais
servant bêtement ici à un enterrement, rien à voir donc avec l’utilisation ironique qui en est faite chez Corbucci), un caméo de l’acteur Franco Nero (le Django initial), et surtout la géniale chanson d’ouverture du film, tellement mélo et en décalage délirant avec le sujet violent de l’histoire : « Django, have you always been alone ?
Django, have you never loved again ? », etc. Plus encore qu’à ce film là précisément, le cinéaste cinéphile rend ainsi un hommage plus général au western spaghetti italien, même s’il ne s’arrête
largement pas là dans son œuvre de citations, puisqu’il embrasse ici comme à son habitude des pans entiers du cinéma, autant classique que ce cinéma de série B qu’il affectionne tant : le western
(genre américain par excellence !), les films d’arts martiaux (pour les scènes de castagnes), la blaxploitation… etc.

Dans « Django Unchained », on retrouve en effet tout ce qu’on aime dans le cinéma de Tarantino, et tout ce qui en fait un cinéma important tout en étant un joyeux divertissement… Il y a les
nombreuses références, donc, mais aussi les dialogues drôles et hyper affûtés, les situations absurdes, les scènes cultes (la libération de Django, les négociations sur le meurtre d’un shérif, le
caméo « explosif » de Tarantino himself…), les explosions soudaines de violences, la bande son méticuleusement constituée, la mise en scène éclatante… sans oublier bien sûr le casting carrément
cool : Jamie Foxx est nickel chrome en Django, Christoph Waltz – que l’on avait adoré dans « Inglorious Basterds » – est une nouvelle fois délicieux dans le
rôle d’un chasseur de prime très smart (qui se fait passer pour un dentiste et ment effectivement comme un arracheur de dents !), et Leonardo DiCaprio s’en donne à cœur joie dans le rôle d’un
vrai méchant, celui de Candie (qui a d’ailleurs nommé son domaine « Candie Land », autant dire « le pays de Candie »…), un riche exploitant qui abuse de l’autorité qu’il a sur ses esclaves… Car
oui, au fait, c’est un western sans indiens mais en plein monde de l’esclavagisme américain : Django est un esclave affranchi, qui va bientôt vouloir se venger de ceux qui l’ont arraché à sa
femme… Tiens, voilà d’ailleurs à nouveau la vengeance, l’un des grands thèmes récurrents du cinéma de Tarantino !

Tout va ainsi pour le mieux avec « Django Unchained », nouveau film mythifié avant même sa sortie du cinéaste culte par excellence ! Et pourtant, si le film possède un scénario et des dialogues
coupés au cordeau, un rythme d’enfer malgré ses presque trois heures et un ton entre ultraviolence et désinvolture goguenarde tout à fait savoureux, il n’en demeure pas moins que l’on n’en sort
peut-être pas autant emballé que d’autres expériences cinéphagiques du réalisateur de « Pulp Fiction »… Tout est bien là, mais tout semble aussi un peu trop calculé, ou trop maîtrisé… et par là
même trop attendu ! Le film se prend sans doute trop au sérieux, ne serait-ce que dans sa façon d’aborder ce thème si délicat de l’esclavage : on a connu Tarantino bien plus corrosif et
impertinent sur des sujets pourtant tout aussi casse-gueule, comme le nazisme dans « Inglorious Basterds » ! Pas d’inquiétude, le tout reste de très
haut niveau, mais il est possible de se demander si Tarantino ne commencerait pas à s’engoncer légèrement dans une forme de classicisme, bien malgré lui d’ailleurs, qui le freinerait dans son
audace ou ses ambitions… Affaire à suivre, donc, avec le prochain film, que l’on attend bien toujours avec la même ferveur !



Perspective :



- Le cinéma de Quentin Tarantino est-il gay ?































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13 commentaires:

  1. Je ne vais pas le rater celui-là !


    Bises

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  2. J'ai beaucoup aimé malheureusement pas de note maxi car trop de petites erreurs (anachronismes et humour râté lors de la scène du KKK)... 3/4

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  3. Mentir comme un arracheur de dents... bien vu !
    Par contre je le trouve bien plus réussi qu'Inglourious Basterds, qui tournait à la vengeance dans ce qu'elle a de plus puérile - voici le "visage de la vengeance juive" dans le cinéma, pour moi
    la pire scène de Tarantino - et QT montrait une arrogance assez déplaisante - le plan final qui déclare le chef d'oeuvre accompli.
    Là, tous les reproches que je pouvais émettre à l'encontre d'Inglourious ont disparu, c'est pour moi un film d'une grande maturité, probablement dans mon top 3 du monsieur.

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  4. Mais que lis-je ! Qu'est-ce que c'est que cette fine bouche(rie) ? "Django" est un film formidable... à un ou deux bémols près : trop long (clairement, l'épilogue "explosif" ne sert qu'à mettre
    le réalisateur devant la caméra), et constitué de segments d'inégales valeurs ("le coup du shérif" c'est marrant mais ça n'apporte rien à l'histoire). Reste une grosse partie qui confine au chef
    d'oeuvre dès lors que l'on entre "au pays de Candie", et j'ajouterai qu'il y a des méchants et des gentils. Par contre, Tarantino qui se prend au sérieux dans ce film, vraiment je ne trouve pas.
    Un peu prétentieux certes mais sérieux sûrement pas.

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  5. Film vraiment bien réalisé, apparemment y a de bonnes critiques, ils en parlent pas mal sur enjoystation.

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  6. C'est Tarantino qui se prend trop au sérieux ! Qu'il aille exploser ailleurs !!!!

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  7. Du grand spectacle, même si après "Inglorious Basterds" l'effet de surprise est moindre.

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  8.  J'ai adoré ! Et la bande originale de la bombe !


    Yes !


    Bises


     

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  9. Et voilà je me suis achetée le CD et je l'écoute en boucle. J'ai depuis très longtemps celui de pulp fiction !


    Bon dimanche

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  10. Rebonsoir Phil, je dois dire que ce film m'a réconciliée avec QT que j'avais abandonné après Kill Bill 1. J'ai été très agréablement surprise par les acteurs et l'histoire. Leonardo di Caprio m'a
    bluffée. Bonne soirée.

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  11. C'est marrant, j'avais eu ton point de vue actuel sur Inglorious bastard, que j'avais trouvé bien mais sans plus. Ici je me suis complètement éclaté et je le trouve au-dessus :
    du pur plaisir, et avec la (les) forme(s).

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  12. Ce western de Quentin Tarantino a marqué ma mémoire ! C’est une magnifique histoire et les acteurs jouent très bien.

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  13. Un film réussi, un casting parfait et un scénario en béton ! En résumé, on ne peut rien reprocher à Django Unchained.

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