vendredi 11 janvier 2013

[Critique] The Bubble, d’Eytan Fox



the bubble
The Bubble



d’Eytan Fox



(Israël, 2003)




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coeur


« On ne veut pas des territoires, on veut danser ! » clament haut et fort les jeunes héros de « The Bubble ». Des personnages beaux, touchants et hauts en couleurs, qui voudraient « supprimer la
politique » et oublier la violence du conflit israélo-palestinien pour simplement vivre et profiter de leur jeunesse… C’est en gros le propos d’Eytan Fox dans sa description de Tel-Aviv, qu’il
décrit comme la ville de tous les possibles et des libertés au milieu de tous ces territoires écrasés par le poids de la guerre, des attentats, de la tradition et de l’intolérance. La « bulle »
du titre désigne justement cette ville qui contraste étrangement avec le reste de son pays : ce lieu est comme une bulle protectrice pour tous ceux qui veulent fuir la dure réalité du conflit et
toucher du doigt l’insouciance de la vie, en la vivant pleinement en dépit de tous les préjugés, notamment en matière de religion ou de sexualité… Mais une bulle reste une bulle, avec tout ce que
cela comprend de fragilité, et finit toujours par « éclater », aussi triste et désespéré que ce soit…

Il y a une belle fraîcheur et une sacrée liberté de mise en scène dans « The Bubble », qui offre une image ouverte et pleine d’espoir de la jeunesse israélienne… Avec une bande originale au top
et des jeunes acteurs enthousiastes et attachants, le film nous décrit le quotidien de trois colocataires libres et épanouis : Lulu, vendeuse de produits de beauté, Noam, disquaire, et Yali,
gérant d’un café… Les deux garçons sont homos et tous les trois participent activement à une association prônant la réconciliation des peuples avec une belle légèreté, en organisant par exemple
une « rave pour la paix » sur la plage. Le jour où Noam entame une liaison avec Ashraf, un palestinien qu’il a croisé à un « check point » où il terminait son service militaire forcé, leur vie va
se retrouver rattrapée par la triste réalité politique de leur nation… Pourtant c’est par l’humour et une certaine forme de superficialité qu’Eytan Fox nous entraîne dans ce sombre univers : une
superficialité seulement apparente néanmoins, à l’image de Tel-Aviv… « Cette ‘bulle’ est selon nous un mécanisme de survie », explique le cinéaste : sans leur insouciance, tous ces jeunes gens
auraient une vie proprement insupportable et invivable !

C’est avec finesse et un goût du détail impressionnant que le réalisateur nous raconte son histoire, écrite en collaboration avec son compagnon Gal Uchovsky. La scène du check point qui ouvre le
long métrage se révèle déjà en tout point admirable : en quelques plans seulement, Fox nous dit quasiment tout des problèmes de son pays ! D’un côté des militaires israéliens qui abusent de leur
pouvoir en voulant empêcher des journalistes palestiniens de filmer leur travail, ces derniers guettant la bavure ; de l’autre des palestiniens toujours obligés de se faire fouiller et écraser
par l’autorité israélienne, quitte à laisser provoquer des situations atroces : une femme enceinte perd son enfant dans l’attente de soins au barrage… Il y a aussi comme une provocation de la
part du cinéaste de faire naître l’histoire d’amour entre Noam et Ashraf précisément à cet endroit où se cristallisent toute la tension du conflit politique !

Si l’introduction du terrorisme dans la dernière partie du film se révèle peut-être un peu maladroite et appuyée, la subtilité avec laquelle « The Bubble » dresse les enjeux sociaux et politiques
de ses personnages est passionnante : l’obscurantisme sitôt quitté Tel-Aviv (l’incompréhension incompréhensible de la sœur d’Ashraf quand son frère lui révèle l’amour qu’il porte à un autre
homme), la bavure militaire tuant la sœur d’Ashraf le lendemain de son mariage, les attentats kamikazes à Tel-Aviv… Mais entre une référence amusante à « Jules et Jim » de Truffaut et une scène
d’amour très belle et sensuelle entre Noam et Ashraf, Eytan Fox revient cependant toujours à ce qui le motive peut-être le plus : la difficulté de l’amour homosexuel dans cette société… Cette
difficulté, vécue par Ashraf comme une impossibilité, explique sans doute la motivation de son acte à la fin du film : s’il se fait « éclater » en pleine rue de Tel-Aviv dans les bras de son
amant (après que tous deux se soient « éclatés » au lit), ce n’est au fond pas pour des raisons politiques, mais bel et bien amoureuses… Loin d’être un terroriste, il n’est au fond qu’un jeune
qui a perdu tout espoir dans ce monde : « Il y a peut-être un paradis où nous pourrons nous aimer » murmure sa voix off après sa mort, comme si son amour ne pouvait plus être vécu qu’en quittant
enfin la Terre…



Perspectives :



- Yossi, de Eytan Fox



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5 commentaires:

  1. Excellent film en effet, intelligemment construit et des acteurs vraiment bon... 3/4

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  2. Tu as raison, la mise en scène est géniale et je pense que c’est ce qui fait la beauté de The Bubble. De plus, on a droit à un scénario réussi et à des acteurs bourrés de talents.
    Franchement, je pense que cette œuvre devrait conquérir de nombreux amateurs de longs-métrages dramatiques.

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  3. Le film est très bon c'est vrai bien que peut-être un peu trop rythmé à mon goût. Je lui préfère quand même Tu marcheras sur l'eau, qui il est vrai est d'un autre genre.

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  4. Eytan Fox est courageux, car il a osé mettre en scène un film qui traite d’un sujet tabou. Bref, je
    pense que cette œuvre pourrait intéresser ceux qui n’ont aucun préjugé et qui aiment les drames.

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  5. un très grand et beau film pour moi... ;)

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