dimanche 6 mai 2012

[Critique] La cabane dans les bois, de Drew Goddard



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(Etats-Unis,
2011)



Sortie le 2 mai 2012




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Attention : critique un peu (mais pas trop) enrichie aux spoilers !

Contre toute attente, ce n’est pas le film réalisé par Joss Whedon ce mois-ci (« Avengers
»)
qui laisse le plus transparaître la « patte » du monsieur, mais bel et bien cette « Cabane dans les bois », réalisé par l’un de ses collaborateurs Drew Goddard. On retrouve en effet dans
le scénario un brin tordu et décalé de ce long métrage l’esprit si caractéristique du papa de la célèbre série « Buffy contre les vampires », en jour du saigneurparticulier des épisodes de la saison 4 dans laquelle un groupe appelé « l’initiative » enferme des monstres dans un centre souterrain… On pense
également à « Dollhouse » (série à la réputation un peu plus effacée et pourtant très intéressante) à travers le personnage de Marty, qui pense être manipulé comme une marionnette, et incarné à
l’écran par Fran Kranz, qui jouait justement Topher dans cette autre série de Whedon, personnage qui manipulait les gens en leur « implantant » de nouvelles personnalités dans le cerveau…
ironique et savoureux retour des choses ? Ces références ne sont cependant guère fortuites, dans la mesure où Joss Whedon a très largement contribué au film, en tant que scénariste, producteur,
mais également réalisateur de seconde équipe ! Autant dire que son ombre plane largement sur le long métrage…

« La cabane dans les bois » étonne d’abord par son originalité et la construction de son scénario. Sa tonalité directement inspirée de « Buffy » nous offre à la fois le sentiment d’assister à un
film d’horreur et en même temps à sa parodie, ou en tout cas à sa mise en abyme, ce qui rend l’ensemble à la fois efficace et proprement jubilatoire… A vrai dire, l’histoire commence à la façon
d’une situation horrifique assez basique, avec cinq jeunes écervelés qui partent s’isoler dans une « cabane au fond des bois », qui se révèle un piège mortifère allant très vite se refermer sur
eux et les faire mourir les uns après les autres. De ce postulat archi-classique et attendu, les créateurs du film s’en jouent pourtant habilement pour mieux contourner ou tourner en dérision
tous les clichés qu’une pareille intrigue appelle habituellement… On est en réalité assez étonné d’assister en parallèle à des séquences dans un étrange endroit clos, dans lequel des employés
assistent sur vidéo aux aventures des jeunes gens et utilisent de multiples astuces ou gadgets plus ou moins scientifiques ou fantastiques pour rendre leurs comportements le plus typique possible
! En fait, c’est comme si les « héros » faisaient tout pour ne pas être les stéréotypes attendus et qu’on les forçaient pourtant à agir selon les normes imposées par le genre de film dans lequel
ils se trouvent… De même, si chaque personnage incarne un pur poncif, ce qu’il symbolise pour nous ne se révèle en réalité qu’un verni qu’on lui a plaqué : la « blonde » délurée et décérébrée (en
gros la « pute ») est en fait une étudiante brune qui vient de se teindre les cheveux, l’intellectuel à lunettes possède un corps d’athlète, la pseudo-vierge ne le serait visiblement pas tant que
ça, et ainsi de suite…

Plus le film avance et plus on a ainsi l’impression qu’il lutte lui-même pour ne pas sortir des sentiers battus dans lesquels certaines normes du cinéma d’horreur le ramènent sans cesse… Mais le
système se grippe progressivement malgré tout, jusqu’à atteindre dans la dernière partie un point de non retour et nous proposer l’un des dérapages scénaristiques les plus ahurissants, les plus
délirants, les plus drôles et décalés qu’ils nous aient été donné de voir depuis bien longtemps dans le cinéma fantastique ! Si l’ultime dénouement n’est ni très subtil ni très intellectuel, les
dérives et l’extraordinaire explosion narrative et visuelle du dernier segment suffisent à nous scotcher littéralement à nos sièges et à nous faire passer l’un des moments les plus jouissifs de
notre existence de spectateur de série B… Le déluge de twists, de créatures horrifiques, de gore, d’inventivité de mise en scène qui inonde alors l’écran nous laisse sur le cul à l’apparition du
générique de fin, sans oublier une ultime intervention de la toujours formidable Sigourney Weaver, qui nous laisse à croire que l’on ne devrait pas oublier de sitôt cette « Cabane dans les bois »
qui démarrait pourtant presque trop normalement…



Index du Jour du Saigneur































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11 commentaires:

  1. J'y vais ce soir, j'ai hâte, je l'attends depuis longtemps! Mais comme "The avengers" m'a énormément déçue hier, je dois dire appréhender depuis...

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  2. Papa tango Charlie6 mai 2012 à 05:52

    Moi aussi ça m'a fait le même effet que toi: j'ai eu l'impression de retrouver avec bonheur le goût des films que j'adorais aller voir au cinéma il y a presque 15 ans et en même temps la surprise
    de la fin m'a fait l'effet d'un feu d'artifice délirant! J'étais émerveillé.

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  3. Un bon début, de bonnes idées mais ça tourne un peu au grand n'importe quoi après...

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  4. Un bon film intéressant et sympathique même si parfois j'ai eu l'impression qu'on à pas été au bout du concept.

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  5. @Mr Vladdy: Je dois dire être étonnée, après avoir vu ce film, par cette remarque: comment aurait-on pu aller encore plus au bout de ce concept? O_O


    Vu donc, et je me suis bien amusée. Là, c'est du Whedon tout craché (pas comme "The Avengers")(même s'il ne réalise pas, le scénario, c'est tout lui)(mais je trouve que ça fait beaucoup plus
    penser à "Angel" qu'à "Buffy" ou "Dollhouse"). Et quelle explosion finale (et le moment où les ascenceurs s'ouvrent... Whoua)!

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  6. @ Cachou : "Un bon début, de bonnes idées mais ça tourne un peu au grand n'importe quoi après..." ... Ce commentaire résume bien ce que je pense. Le concept est sympa mais je trouve qu'on à du
    mal à y trouver les véritables motivations de ceux qui font ce rituel puis la fin est quand même ultra facile. Je pense que le film est parti dans une mauvaise idée avec ce côté rituel. Ca plombe
    le truc, ca apporte rien surtout que ceux qui provoque ce rituel s'y amuse également. Ils auraient pu en faire un simple jeu sadique façon "Hostel" (le côté "american pie" en moins ;-) ) ou on
    aurait pu creuser sur la noirceur de la nature humaine, un truc plus badass, plus fort que la grosse scène comique à la fin où c'est du gros n'importe quoi.


     


    Après c'est sympa et je le reverrai bien je trouve juste que cela aurait pu etre prometteur et qu'au final ils en ont fait un film assez classique et prévisible ;-)

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  7. Ben ça dépend de qui est derrière ce "n'importe quoi". Quand on sait que Joss Whedon a fait deux séries où les apocalypses (réellement apocalyptiques, pas juste quelques zombies décimant la
    population) sont récurrentes et même terminent l'une d'elles (le dernière saison d'"Angel" se termine sur un déferlement de monstres sur Los Angeles, une sorte de déversement de l'enfer sur
    terre) et qu'il aime détruire les univers qu'il a construite (dans la 8ème saison en comics de "Buffy", il détruit tout ce qu'on a connu en retirant purement et simplement tous leurs pouvoirs à
    tous les personnages qui en avaient - et il y en avait beaucoup) et que, de manière plus générale, il aime montrer le côté humain et "normal" des "méchants", ce film-ci est en fait très cohérent
    avec le reste de ce qu'il a pu faire, et reflète même la majorité de ses obsessions. Chez un autre, peut-être que j'aurais pu considéré l'"explosion" finale comme du n'importe quoi. Mais sous la
    plume de Whedon, ça ressemble à la concrétisation de répétitions effectuées dans "Buffy" et "Angel".


    Whedon n'aurait pas pu faire un truc à la "Hostel". Je ne l'ai jamais vu aller dans la violence pour la violence, il n'est pas sadique, plutôt optimistiquement pessimiste. Du coup, il n'aurait
    pas pu en faire une expérience juste pour le plaisir de la souffrance. Et on sent tout au long du film que les scientifiques ne prennent pas plaisir à ce qu'ils font, ils le font parce qu'il faut
    que ça soit fait, et trouvent des dérivatifs pour échapper à l'horreur de ce qu'ils font, comme le type qui veut absolument voir Triton à l'action par exemple. Comme le dit justement ce type, où
    est le bon vieux temps de la vierge jetée dans le volcan?


     


    Pardon, si je suis autant "lancée", c'est que je suis en train de préparer mentalement mon billet du jour sur ce film, je vais continuer sur ma page Word plutôt avant de faire une tartine
    illisible ^_^.

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  8. Une bonne petite série B, à la fin décevante mais qui nous fait tout de même passer un agréable moment de cinéma.

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  9. Oui, il y a une saison 8, finie, la saison 9 vient de commencer en Amérique je pense. Elle est publiée en anglais ET en français (j'ai acheté les derniers des 8 tomes de la saison 8 en français
    parce que c'est même moins cher qu'en anglais) et elle est énorme. Dawn est devenue géante mais refuse de révéler comment, les tueuses se sont réparties en diverses équipes dans le monde, celle
    de Buffy est en Europe (dans un château paumé en Ecosse), Buffy va faire une expérience lesbienne, il va y avoir un retour inattendu et tu ne devineras JAMAIS qui est le big boss de la saison.
    C'est une saison énorme et la fin... Ben disons que la fin fait que je n'arrive même pas à m'imaginer à quoi la 9ème saison pourra ressembler.
    Oh, et Whedon (parce qu'il a participé au truc) tue mon personnage préféré, et je lui en veux encore énormément pour ça.


    J'en parle là: http://leslecturesdecachou.over-blog.com/article-buffy-contre-les-vampires-saison-8-8-tomes-joss-whedon-et-alii-76935436.html


     


    Il y a aussi une saison 6 d'"Angel", mais pas encore traduite et chaque tome coûte 30€ à la librairie bruxelloise où je vais, donc j'ai dû m'en passer.

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  10. Tu résumes parfaitement ce que j'en ai pensé. Excellent! Après Scream, c'est le pied!

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  11. Le seul côté diffcile du comics, c'est de réussir à reconnaître les personnages. Après 8 tomes, j'ai encore du mal avec certains...


    Mais autrement, la magie opère, ils sont pareils à eux-mêmes, il y a de grosses surprises, dont l'une des plus énormes arrive en fin du premier tome de la neuvième saison que je viens justement
    de trouver. Mais énorme du style ENORME.

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