jeudi 14 avril 2011

[Critique] Scream 3, de Wes Craven



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Scream 3, de Wes Craven (Etats-Unis, 1999)



Note :
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Bien qu’il demeure un très bon film, « Scream 3 » n’en reste pas moins l’épisode le plus faiblard de la première trilogie culte signée Wes Craven… L’effet de surprise est en effet ici largement
éventé pour le tueur au masque blanc et l’on sent que l’inventivité constante qui parcourait les deux précédents opus se retrouve en partie bridée dans cet épisode : moins de créativité dans les
scènes de meurtres, une séquence d’ouverture intéressante mais bien loin des prologues mythiques de ses aînés… Sans compter que la popularité de la série (et les meurtres de déséquilibrés qu'elle
aurait inspirée dans le « monde réel ») semble avoir visuellement édulcoré le propos : moins de sang et plus de gags paraît alors désormais être le credo de « Scream 3 », qui lorgne ainsi plus
facilement du côté de la comédie que de l’horreur… On sent du coup que la saga s’essouffle un peu et qu’il était effectivement grand temps de conclure en beauté !

Si le script de cet ultime volet s’avère donc le moins inspiré, cela n’empêche pas néanmoins Wes Craven de livrer un long métrage comme à l’habitude efficace et virtuose, à la mise en scène
suffisamment maligne et habile pour passionner le spectateur avec une histoire qui sent un peu le réchauffé… Le film offre en outre quelques séquences de terreur bien sentie, qui si elles ne
renouvellent en rien le genre ont au moins le mérite d’être crédibles… De nombreux décors permettent un sentiment factice de renouvellement, qui n’a d’ailleurs rien de désagréable, à l’image
notamment du manoir au sein duquel les fils de l’intrigue se dénoueront à la fin du film : multiplication des pièces et des lieux à l’infini, portes qui claquent, phénomènes de surgissements par
l’utilisation de l’espace, sous-sol mal éclairé et passages secrets, sont comme autant de rebondissements qui permettent au metteur en scène de jouer librement avec les nerfs de son
spectateur…

Mais là où « Scream 3 » est le plus génial, encore une fois, c’est dans sa capacité à se mettre constamment en abyme ! Le cinéaste obsédé de mise en scène et de perspectives se paie en effet le
luxe, comme si cela était possible, d’aller encore un peu plus loin dans ce procédé, en mettant cette fois-ci le cinéma au cœur même de l’action… Si le premier film renvoyait dans un étonnant jeu
de miroir les actes des personnages et les clichés du cinéma d’horreur, si le second volet intégrait un film dans le film qui mettait en scène les évènements du premier opus, « Scream 3 » fait
finalement se rejoindre fiction et réalité en intégrant à cette troisième aventure, qui se déroule en outre au cœur même des studios à Hollywood, le tournage en cours d’un troisième volet de la
saga au sein de la fiction : « Stab 3 ». Comme le scénario de « Scream 3 » se révèle bientôt être le déroulé exact du script de « Stab 3 », on peut même se dire que la fiction finit par dépasser
la réalité, ou du moins par l’engendrer ! Si chaque personnage de la saga « Scream » possède dans cet épisode son double fictif de « Stab » (les acteurs les incarnant dans les films tirés de
leurs vies), le scénario de « Scream 3 » s’amuse en outre régulièrement à « fictionnaliser » la réalité, qui pour nous spectateur est en réalité la fiction… Vous suivez ? Plusieurs scènes
illustrent ce procédé à merveille : c’est le cas lorsque Sidney (l’héroïne) se retrouve poursuivie par le tueur sur le plateau de tournage qui reconstitue au détail près le décor même du premier
film… là voilà prisonnière d’une boucle temporelle, la condamnant à revivre la même scène cauchemardesque une seconde fois. Heureusement, le caractère factice du décor lui sauve finalement la
vie, lorsqu’une porte ne s’ouvre finalement que sur du vide où tombera le tueur… Autre scène à la fois drôle et pleine de suspense qui joue avec le concept de « film dans le film » : les
personnages se trouvent terrorisés d’une drôle de manière par le tueur, au sein d’une maison où ils se sont enfermés, puisqu’ils sont tous pendus à un scénario qui sort page après page d’une
imprimante et qui leur décrit exactement la scène qu’ils sont en train de vivre… Qui sera la prochaine victime ? Peut-être bien celui ou celle qui attendra de lire la suite du scénario…

Jubilation suprême, Wes Craven place au cœur de son dispositif diégétique un personnage de cinéaste, que l’on peut alors facilement considérer comme un double de lui-même. Si ce personnage « clé
» est le réalisateur de « Stab 3 » (tout comme Craven est celui de « Scream 3 »), le dénouement du film nous révèlera bientôt qu’il est bien plus que cela et qu’il est surtout l’origine même de
toute la saga… L’origine de tout, le créateur et en d’autres termes « Dieu » : voilà le statut que s’accorde Craven en tant que cinéaste ! Il peut faire ce qu’il veut avec sa fiction : la preuve
en est que même s’il prétend ici achever pour de bon sa saga, assurant que cette séquelle n’est pas une vulgaire suite mais bel et bien le chapitre final d’une « trilogie », il n’en conclut pas
moins son film sur le plan d’une porte grande ouverte… et voilà que « Scream 4 » apparaît, quelques douze années plus tard !



 



Mise en perspective :



- Scream, de Wes Craven



- Scream 2, de Wes Craven



- Jeu : Les Rois du Caméo # 4



Toute la saga "Scream" vue par Phil Siné































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5 commentaires:

  1. J'ai un souvenir pénible de ce film, enfin je ne sais plus si c'était le 1, le 2 ou le 3. Mais j'étais en voyage dans un car en partance pour un pays d'Europe de l'Est (ou bien c'était l'Italie
    ?), et je retiens le type qui a filé le dvd au chauffeur, j'ai pas pu dormir à cause des cris.. Ben c'est pas ma semaine décidément..

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  2. Le moins bon de la première trilogie mais même si il ne possède pas la force des deux premier film, il se regarde quand même comme un slasher honnête qui nous divertit et c'est déjà pas mal ^^

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  3. Non il n'y a pas à dire, je n'aime pas ce film!

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  4. Diégétique ? Wouah.... ^^
    Bon, décidément je ne me souviens absolument pas de ce Scream 3, que j'ai vu, enfin je crois.
    Je suis mal barré pour le 4 !

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  5. Le plus faible, mais très regardable tout de même !

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