vendredi 15 avril 2011

[Critique] Scream 4, de Wes Craven



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Scream 4, de Wes Craven (Etats-Unis, 2011)



Sortie le 13 avril 2011



Note :
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Avertissement : si la lecture du début de cette chronique est sans danger, sachez cependant que son quatrième et dernier paragraphe regorge de « spoilers »,
qui risquent donc de gâcher la vision du film à tous ceux qui pensent encore que l’histoire est importante dans un long métrage… Au moins, vous êtes prévenus !


Après une trilogie achevée par un épisode malheureusement un peu faiblard par rapport aux
autres, la saga « Scream » repart de plus belle douze ans plus tard, avec ce quatrième épisode vendu comme celui d’une « nouvelle génération », mais qui sonne aussi beaucoup comme un retour aux
sources… A commencer par le retour du scénariste originel à l’écriture : le grand Kevin Williamson, ce génie du grand comme du petit écran, où il avait notamment signé l’inénarrable et novatrice
série pour ado « Dawson », pas si éloignée que ça de « Scream », en fin de compte, dans sa tendance obsessionnelle à mettre en abyme le cinéma ! Mais c’est aussi l’occasion de revoir les trois «
survivants que l’on croirait immortels » des chapitres précédents : à savoir Sidney Prescott, l’héroïne endurcie (incarnée par Neve Campbell), Gale Weathers, la journaliste désormais sur le
retour (Courteney « Friends » Cox), et ce bon vieux Dewey, devenu shérif de Woodsboro (David Arquette). Force est de constater qu’ils ont tous pris un petit coup de vieux, renvoyant les
spectateurs de la première heure à leur propre et douloureuse sénescence… Mais ce quatrième opus marque surtout, après un numéro 3 plutôt « édulcoré », le retour salvateur et en grandes pompes du
sang qui gicle et qui pisse par tous les orifices que l’on peut rajouter dans un corps humain : l’occasion donc de jouir… pardon, de « mourir en série » tranquillement, comme il se doit
finalement dans tout bon « slasher » qui se respecte ! D’ailleurs : « slasher », « se lâcher »… quelle différence ?

Comme à son habitude, Wes Craven illustre en bon faiseur, avec un talent certain pour l’efficacité visuelle, un scénario « taillé au couteau », si l’on peut dire… Le film réserve d’ailleurs bien
des surprises, balançant entre le rire et l’horreur, et des séquences de meurtres souvent très bien emballées : on retient entre autres le massacre d’une jeune fille dans une chambre, avec
spectateurs impuissants aux fenêtres de la maison d’en face, éviscération et éclaboussures écarlates sur les murs incluses ! Le tueur possède toujours un merveilleux talent sadique pour la mise
en bouche (essentiellement téléphonique… mais jamais téléphonée !), puis pour la mise en scène de ses crimes…

« Scream 4 » file en outre le « méta » fort ! (méta-fort / métaphore, vous saisissez ? :) Les procédés de mise en abyme semblent effectivement partir dans tous les sens et se trouver à chaque
coin de la pellicule… On se retrouve d’ailleurs très vite dans le bain de tout ce qui a fait l’originalité des films précédents à travers non pas une, mais pas moins de trois scènes d’exposition,
toutes plus goro-ludiques les unes que les autres : la série des films « Stab » s’étant poursuivie dans le monde de la fiction (ils ont atteint les sept, autant que les « Saw » !), l’ouverture du film se présente ainsi comme un enchâssement de « film dans le
film dans le film » qui donne le vertige et surtout l’extase cinématographique à son spectateur ! Ca commence fort, mais ça se poursuit aussi avec brio, notamment par un fil rouge laissant
supposer que le « ghostface » est en train de faire le « remake » du premier film, mais avec de
nouvelles règles, établies donc par une nouvelle génération, une nouvelle jeunesse encore plus folle et cynique en matière de dérives sanguinaires… Le méta-film se construit ainsi en multipliant
les autoréférences à la saga (mais aussi des tonnes de citations à d’autres films d’horreur) ou les tergiversations sur le ou les suspects potentiels et le mode de pensée de ce tueur d’un nouveau
temps… A l’ère des nouvelles technologies et des réseaux sociaux (incontournables références à Facebook ou à Twitter), on commence même à comprendre que l’assassin « réalise » lui-même le film en train de se faire, en filmant les crimes qu’il commet ! En terme de
réflexions sans fin sur les « nouvelles règles » possibles, on s’amuse également d’une scène limite parodique entre les deux flics idiots chargés de surveiller la maison où se trouvent Sidney et
sa « famille » : ils s’interrogent sur les gestes à faire ou à ne pas faire pour ne pas être le policier qui meurt en premier, surtout si le meurtrier va à l’encontre des clichés… Ils ne seront
finalement pas déçus du résultat !

Le dénouement surprend furieusement et excelle à démontrer une génération de jeunes gens encore plus malade et malsaine que la précédente, pour qui la célébrité semble être la seule échappatoire
possible à la vie moderne : « Je n’ai pas besoin d’amis mais de fans », conclura d’ailleurs la responsable du carnage, n’hésitant pas à perforer généreusement les organes vitaux de ses meilleurs
copains ! Malgré des rebondissements proprement jubilatoires, on pourra regretter peut-être une fin presque trop sage : rechignant à sacrifier leur héroïne Sidney, les créateurs préfèrent laisser
échouer, une fois encore, les plans machiavéliques des tueurs. A l’heure où le cynisme semble avoir gagné dans notre société pervertie, il aurait pourtant été habile de laisser la cousine de
Sidney, la tête pensante du massacre, s’en sortir en accusant d’autres coupables qui se seraient entretués : des suites la mettant en scène avec son innocence de façade auraient probablement été
géniales ! Sauf que non, elle meurt et c’est Sidney qui gagne en ressuscitant pour la… allez on ne compte plus les survies providentielles qui émaillent la saga : elles sont aussi ce qui en font
le sel et les gags les plus énormes ! Du coup, « Scream 4 » clame finalement la supériorité des « anciens » sur des jeunes qui ont quasiment tous l’air de gros blaireaux : une métaphore du
système hollywoodien et une revanche de Wes Craven, vieux briscard (re)venu des années 70 ? Pour saper le « remake / reboot » fomenté par sa tueuse de cousine, qu’elle trouve un peu trop
irrespectueux par rapport à son histoire, Sidney Prescott, elle, n’hésite pas à lui rappeler qu’« on ne déconne pas avec l’original ! » Comme ça au moins, c’est dit, mais ça nous laisse du coup
dans un drôle de flou quant à la suite de ce qui pourrait bien être une seconde trilogie ?



 



Mise en perspective :



- Scream, de Wes Craven



- Scream 2, de Wes Craven



- Scream 3, de Wes Craven



- Freddy : les griffes de la nuit, de Wes Craven (Etats-Unis,
1984)



Toute la saga "Scream" vue par Phil Siné































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16 commentaires:

  1. J'en sors et je dois réfléchir mais j'en suis content! Par contre, j'espère qu'il ne fera pas de suite....

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  2. Très bon texte mister Phil.
    Je suis également content de voir que tu partages mon enthousiasme et mes regrets, que tu exposes dans ton dernier paragraphe.
    Un Scream 5 ? Le bide assuré - et si Craven parvient à s'en tirer, alors là, tout mon respect pour l'éternité !

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  3. "slasher" "se lâcher", j'adore


    Je ne suis pas contre une suite. A l'annonce du 4, je me disais que c'était une connerie, que le 3e terminait complétement la saga. Et finalement ils m'ont bluffé, donc si il y a un Scream
    5
    du même niveau, je suis pas contre.


    SPOILERS DANS LA SUITE DU COM.


    Ca m'aurait aussi bien plu que Jill ne se fasse pas choper, mais faire une suite la mettant en avant en tant que tueuse récurrente aurait pu être sympa mais se serait éloigné de l'esprit de la
    saga. La toute fin est effectivement un poil décevante mais me paraît logique dans l'esprit de Scream. Mais j'ai déjà développé ça en réponse à ton commentaire sur mon blog.

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  4. Excellente critique très humoristique. Tu t'es transcendé sur ce coup là Phil :) Film effectivement vertigineux dans sa reflexion sur le film d'horreur et sur la saga.


    Pour la fin, Wes Craven est clair sur ce sujet : c'est une fin alternative ! Ceux qui veulent que Emma Roberts soit l'unique survivante resterons sur le massacre final.
    Les autres, qui veulent que leurs anciennes idoles resucitent, alors il accepterons la fin proposé par Craven.


    Je crois que c'est surtout que ce film est une ôde aux anciennes gloires qui, même si elles se font rares, demeure immuables dans l'esprit des gens. Scream 4 surfe donc sur la vague de la
    nostalgie (on réssucite à tour de bras des anciens jeux tv comme LA ROUE DE LA FORTUNE, des séries comme V ou des chanteurs avec AGE TENDRE ET TETE DE BOIS)

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  5. une bonne surprise pour un 4ème épisode qui annonce une nouvelle trilogie.

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  6. oh non...il tue Sucker Punch et encense Scream 4....il fût un temps où je t'aimais sincèrement!!

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  7. Oh, c'est exactement ce que je pensais aussi pour la fin, ça aurait été tellement mieux si ça s'était fini 10 minutes avant... (puis on imagine une Sidney qui s'en serait sortie quand même et
    serait devenue le tueur du 5, un truc comme ça).


    Je me suis bien amusée, autant qu'aux autres opus.

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  8. Dès le début on nous explique par A+ B qu'il faut faire un remake du premier pour faire mieux (lol) et en plus ça ne se foule pas tellement car c'est exactement ce qui se passe !  Aucun
    suspense notamment à cause du même effet appuyé sur le petit copain qui fronce les sourcils, qui joue l'ambiguité et qui a droit à de gros cadrage pour nous faire croire que c'est peut-être lui !
    Ridicule. Rien de bien neuf donc... L'accumulation du survival genre "pas encore mort" est aussi agaçant que peu efficace... 0/4 pour moi !

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  9. Même petite déception pour la fin, mais avec le recul, je pense que ce choix est peut-être le plus logique, même s'il ne réalise pas le fantasme du spectateur.


    Pour une prochain opus... Difficile de faire mieux ou de renouveler (là, on est déjà à mon sens dans la meilleure façon de jouer sur les codes sans les détourner)... Peut-être changer à fond la
    recette ? Mais ce serait pour le pire ou le meilleur alors...


    En tout cas, très bonne critique :

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  10. Mais bon, ce n'est plus une fin alternative une fois qu'on la laisse dans le film... ^_^


     


    J'ai eu une recherche pas possible de quelqu'un qui est arrivé sur mon blog pour lire l'article de Scream. Cette personne avait mis dans Google: "scream, j n'ai pas compris comment jill sait pour la blessure de gale"


    O_O



    ...


    O_O


    ...


    Oh, purée, l'a rien compris au film le pauvre...

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  11. Purée, t'as réussi à placer "sénescence"... respect !
    J'ai bien évidemment "kiffé" ce nouvel opus (article à venir dans quelques jours).
    Quand on a un gros plan sur Jill allongée auprès de Sidney, je me suis dit "waouh, quelle fin, ça promet pour les prochains"... et je n'ai pas compris pourquoi le film se poursuivait. Finalement
    je trouve ça beauocup plus croustillant, ce côté de Wes Carven "vieux grigou à qui on nela fait pas" me plait beaucoup plus.

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  12. un opus attendu au tournant et pourtant un gros kif


    deux heures de pur "scream" au combien réjouissant


    un vrai plasir

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  13. Assez d'accord. Un bon retour au slasher pour Craven, avec toujours ce même goût mesuré pour l'ironie, le suspens, et l'autodérision. Je suis assez client !


    (Et bravo pour les jeux de mots ;))

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  14. J'ai passé un bon moment (même si le trio est un peu en retrait et que Courteney Cox ressemble à une oie) et c'est bien là l'essentiel, même si on reste loin du premier en terme de qualité.

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  15. une oie ? comme c'est méchant... ;)

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  16. J’ai été déçu pour le troisième volet de la saga et j’ai beaucoup hésité avant de voir ce quatrième opus. Cependant, vu que je suis tombé dessus en parcourant le répertoire de l’application films en streaming, https://itunes.apple.com/fr/app/playvod-films-et-series-en/id689997717?mt=8 , j’ai décidé de le voir. Finalement, j’avoue avoir été surpris par la qualité du scénario. De plus, cela m’a fait du bien de revoir le trio Neve Campbell, Courteney Cox et David Arquette.

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