dimanche 10 avril 2011

[Critique] Rampage : Sniper en liberté, d’Uwe Boll


jour du saigneur
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Rampage : Sniper en liberté, d’Uwe Boll (Canada, 2009)



Note :
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Un grand « Boll » d’air !




Manque de "Boll" pour ses détracteurs, Uwe B. réalise avec "Rampage : sniper en liberté" un vrai bon petit film de genre, plein d'idées folles et de surprenantes subtilités, qui l'impose comme un
réalisateur efficace et novateur dans son domaine ! Il y raconte la folie meurtrière de Bill, un jeune américain désœuvré qui, agacé par ses contemporains incapables de lui servir le café qu'il
demande ou de lui rembourser son menu de fast-food après l'avoir renversé sur lui, va enfiler une tenue en Kevlar et un masque à gaz, avant de s'armer jusqu'aux dents pour "jouer" à tirer sur
tout ce qui bouge en pleine ville... A l'instar d'un Michael Moore ("Bowling for Columbine") ou d'un Gus Van Sant ("Elephant"), Uwe Boll livre en fait ici sa version toute personnelle des
massacres commis par des adolescents décérébrés et sans repères dans l'Amérique contemporaine : une vision très probablement bien moins subtile et réflexive que ses deux prédécesseurs, certes,
mais tout aussi pertinente et effrayante quant à la description de l'impuissance du monde à comprendre ce qu'il a pourtant engendré...

Cela dit, il convient aussi de ne pas voir en "Rampage" une intense réflexion moderne sur l'état psychologique de la jeunesse d'aujourd'hui... Il y a bien des bribes de conversations sur la
terrible situation du monde et des consciences, mais autant le dire clairement : le long métrage d'Uwe Boll est avant tout un film d'action meurtrière, un peu façon jeux vidéos, qui procure un
intense plaisir à voir ainsi un jeune homme trucider une centaine de personnes sans autre raison que la jouissance de tuer ! On admire à ce propos l'acteur Brendan Fletcher, qui incarne avec un
aplomb et une tranquillité remarquable ce jeune psychopathe en puissance, ne révélant à aucun moment la moindre émotion ou mauvaise conscience... Mieux encore, ce "héros" nous paraît presque
attachant : on pourrait en effet s'identifier à ce pauvre hère sur qui tout le monde s'acharne, à commencer par ses propres parents, pressés de le voir quitter le domicile familial... De là à
"comprendre" son geste, il n'y a qu'un pas, et quand on voit la connerie humaine irradier sur le visage de ses victimes, on lui pardonnerait presque ! Sa vengeance à l'égard des serveurs qui la
veille refusaient de lui rembourser ses consommations est un pur moment de bonheur, mais le sommet de la jubilation sanguinaire est atteint dans un salon de coiffure, peuplé de folles hystériques
et superficielles qui ne méritent finalement que la mort : "piou piou piou", déclame Bill avec ironie en imitant les lamentations d'une jeune femme, juste avant de la descendre comme il se
doit...

L'humour noir s'impose d'ailleurs dans "Rampage", pour notre plus grand plaisir de sadiques euphoriques à l'idée de peut-être commettre le même carnage que Bill, notre nouvelle idole ! La
séquence dite du "bingo", notamment, est juste énorme : notre jeune sniper détaché pénètre une salle des fêtes où le club du troisième âge du quartier joue au fameux jeu, sorte de loto
typiquement américain... Sauf qu'il a beau s'installer et prendre ses aises, personne ne le remarque ! Devant autant d'inertie, il ressort du coup aussitôt, persuadé sans doute que tout ceux-là
sont d'une certaine façon déjà morts... Politiquement, on pourrait y voir une métaphore des occidentaux, tous lobotomisés, dociles et ne réagissant qu'aux chiffres qu'on leur balance : critique
mordante du capitalisme ? Qui sait, qui sait...

Les méthodes de travail d'Uwe Boll pour ce film le rendent encore plus passionnant, constamment sur la brèche. D'un scénario d'une dizaine de pages, le cinéaste a privilégié l'improvisation avec
ses comédiens, ce qui confère au film un naturel presque documentaire assez sidérant. La mise en scène caméra à l'épaule finit de jouer la carte du réalisme, même si des effets spéciaux
approximatifs nous emmèneraient parfois du côté de la bonne grosse série B bien bourrine... Le réalisateur allemand exilé en Amérique impose en tout cas un style unique et percutant, pas toujours
très fin, mais typiquement cool et libérateur ! Le retournement de situation final, laissant le tueur impuni et visiblement "heureux" (cool, une "happy end" !), finit d'ailleurs de nous
convaincre à son égard et de lui donner raison... A ce propos, je ne sais pas vous, mais depuis que j'ai vu ce film, j'ai une furieuse envie de mettre en pratique mes pulsions meurtrières, que je
garde enfouies en moi depuis trop longtemps : ah, mes visions absolutistes et totalitaires d'extermination rationnelle des foules urbaines et suburbaines parisiennes ! Ah, mes doux désirs de
génocides fascistes des masses grouillantes ! Un petit coup de mitraille par-ci, un grand nettoyage au lance-flamme par-là, hum... le bonheur, en somme !































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7 commentaires:

  1. Apparemment, il a l'air sympa le dernier de Bowl: il était temps car ce réal est surtout connu pr avoir signé des abominations.

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  2. en effet, je confirme: je l'ai vu depuis mon dernier comm. Nihiliste, sombre et pessimiste. Un putain de film.

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  3. Je pouvais pas venir =(


    Crotte de bique comme on disait gamin !!

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  4. Blood Island, je l'avais vu à la Cinémathèque l'année dernière quand il s'appelait encore "Bedevilled" ;) Pas mal en effet !


    Vendredi soir je vais me faire la soirée bis Seagal à la Cinémathèque justement, normalement^^

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  5. En même temps il y a un des deux Seagal que j'ai déjà vu, mais il est tellement nanaresque, ça me gêne pas de le revoir ^_^

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  6. C'était assez énorme, je tarde, mais le billet va arriver sur mon blog^^

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