mardi 5 avril 2011

[Critique] Chez Gino, de Samuel Benchetrit



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Chez Gino, de Samuel Benchetrit (France, Espagne, 2008)



Sortie le 30 mars 2011



Note :
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Injustement massacré par la critique (qui a vraiment parfois de la merde dans les yeux !), le beau et fringant Samuel Benchetrit (romancier, scénariste, acteur, réalisateur… bref, un homme
accompli !) récidive après son chef d’œuvre ignoré « J’ai toujours rêvé d’être un gangster », avec cette fois-ci un film peut-être un rien moins abouti, mais pourtant toujours furieusement
original et passionnant : « Chez Gino »… Il y évoque les efforts hallucinants du propriétaire d’une modeste pizzeria (José Garcia) pour tourner un faux documentaire sur sa vie et se faire ainsi
passer pour un riche et dangereux mafieux respecté aux yeux de son oncle, véritable « parrain » italien, sur le point de mourir, qui exige de constater qu’il marche dans ses pas avant de lui
permettre de toucher une part de l’héritage…

On peut dire que l’histoire part un peu dans tous les sens et exploite de multiples sujets à un rythme débridé, comme si le cinéaste cherchait finalement à revisiter toute l’histoire du cinéma…
Il faut dire que les hommages au septième art sont nombreux dans ce film archi référencé ! On pense inévitablement aux grands films de gangsters et de mafieux au début du film, avec notamment le
massacre de la famille du personnage de José Garcia lorsqu’il était enfant, source d’une terrible vengeance par son oncle. « Chez Gino » est ensuite parcouru par une quantité tellement incroyable
de citations, de pastiches, de parodies, d’hommages, à des longs métrages de genres et d’époques si variés, qu’il serait impossible d’en faire une liste exhaustive : on retiendra cependant la
relecture hilarante de plusieurs scènes mythiques du « Parrain » de Coppola (notamment celle de la tête du cheval posée dans un lit comme un avertissement), ou une référence improbable et étrange
à « Festen » du danois Thomas Vinterberg… La fin du film nous emporte ensuite plus clairement dans l’hommage à la comédie italienne, de laquelle Benchetrit dit s’être fortement inspirée pour le
film… Tendance « Affreux, sale et méchant », mais avec une tendresse qui contraste forcément et rappelle combien le réalisateur possède en lui une sensibilité profondément humaine.

Si « Chez Gino » crie son amour du cinéma et plus particulièrement du (des) cinéma(s) italien(s), il n’est pas non plus un simple catalogue de citations détournées, pillées ici et là… Il est
peut-être même avant tout un film brillant et novateur, imposant un style (d)étonnant, iconoclaste et carrément foutraque, capable de tout mélanger sans pourtant se perdre dans le n’importe quoi…
Ainsi, si le film fait rire, souvent, il s’avère également très touchant et possède un décalage unique, à la maîtrise rarement constatée au cinéma : si Benchetrit part d’une certaine façon sur
les traces d’un Edouard Baer, prince d’une poésie mi-absurde mi-improvisée mais débordant trop souvent de toute part, il parvient à en délivrer une version plus travaillée et moins dispersée,
plus « regardable » d’un bout à l’autre du long métrage en quelque sorte… Avec « Chez Gino », le jeune surdoué de la littérature et du cinéma contemporains se paie même le luxe d’une mise en
abyme absolument savoureuse et déconnante : il n’est d’ailleurs pas innocent de le voir incarner lui-même le pseudo réalisateur qui va réaliser, en multipliant les gaffes et les imprévus, le film
dans le film, moteur véritable du scénario. Une façon de se moquer de lui-même, sans doute ! Mais il est drôle de constater qu’il a beau redoubler d’efforts pour enlaidir et crétiniser son
personnage, son interprétation nous le rend toujours aussi séduisant et émouvant… On ne peut que tomber sous le charme de « Chez Gino », au fond !































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6 commentaires:

  1. Pour une fois que j'avais envie de voir une comédie française (un petit évènement en soi), il n'est passé qu'une semaine, et la semaine où j'étais occupée tous les soirs (semaine des bulletins et
    des conseils de classe), du coup je n'ai même pas pu aller le voir... Enfin, il passe encore en après-midi, on verra si je sais me libérer.

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  2. Ça faisait un bout de temps que ça ne m'était pas arrivé mais là, je n'ai pas eu la patience d'attendre que Sergi fasse son entrée, je me suis carapatée vite fait. Et j'ai vu dans les yeux de
    José Garcia qu'il aurait bien aimé se tirer du film aussi !

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  3. Merci pour ce papier bien documenté autour  de ce film que je n'ai tjrs pas vu ! Mais ce résumé m'en donne une nouvelle fois l'eau à la bouche...Je pense que tout le monde n'adhèrera pas à
    ce film un peu loufoque (la preuve voir commentaire sur ce même  blog !) , tout comme certains n'ont pas aimé "j'ai toujours r^vé..." en reprochant à Benchétrit d'avoir trop référencé le
    film via Tarentino..ok ! ok ! En tous cas il a le mérite d'^tre original...Je me souviens il y a qq années d'^tre sorti de la salle très peu convaincu après avoir vu un certain film des frères
    Poiraud avec Paradis, Marielle & notre Belge de service, et de m'apercevoir que plusieurs fois des scènes me revenaient  à l'esprit tellement leurs originalités étaient probantes...
    Alors ! Alors je vais aller le voir ce film !!


    PS :  le bjr à tous les lecteurs de ce blog ainsi qu'à son édificateur !!! ciao-ciao !

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  4. Un titre qui fait pas du tout envie... Mais ton article invite à accorder de l'intérêt à ce film !

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  5. Les critiques n'ont effectivement pas été tendre avec ce film. Pourtant, il à l'air vachement sympa.


    Pour info, Benchetrit ne devait pas jouer le rôle du réalisateur. Le comédien initial s'étant désisté, Garcia à convaincu Benchetrit de prendre le rôle.

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  6. il n'a pas seulement l'air sympa, il l'est !! :)


    j'espère que tu pourras aller te faire ton opinion...


    dommage que benchetrit ne joue pas plus souvent en effet, je crois qu'il rechigne à le faire... pourtant je le trouve génial comme comédien aussi ! (merci pour l'anecdote en tout cas, je n'étais
    pas au courant)

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