jeudi 17 mars 2011

[Critique] D’un film à l’autre, de Claude Lelouch



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D’un film à l’autre, de Claude Lelouch (France, 2009)



Sortie nationale le 13 avril 2011



Note :
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La tête de Claude Lelouch apparaît toute seule et en gros sur l’affiche « D’un film à l’autre » : pour célébrer les cinquante ans de sa maison de production « Les Films 13 », le cinéaste n’hésite
pas à se placer au cœur du dispositif de son documentaire, très largement aidé par son ego démesuré… En toute modestie donc, Claude Lelouch parle de Claude Lelouch et des films de Claude Lelouch,
au cours de presque deux heures de métrage, heureusement pourvues de nombreux extraits de sa filmographie, tantôt drôles, tantôt tristes, souvent émouvants…

Le film s’ouvre sur un plan séquence tourné depuis la voiture de course de Claude Lelouch dans les années 70, alors qu’il se jette à toute berzingue dans une folle traversée de Paris, n’hésitant
jamais à griller les feux rouges et à plumer quelques pigeons au passage… En commentaire, le réalisateur nous explique qu’il y voit une métaphore de son cinéma : foncer à toute allure, en prenant
des risques… L’audace, donc, comme un film de Claude Lelouch peut être audacieux ! Sauf qu’on pourrait lui objecter l’illégalité, mais surtout la bêtise et l’inconscience de conduire ainsi dans
Paris, mettant constamment sa propre vie et celles des autres en danger de mort… Du coup, soit la métaphore est idiote, soit le cinéma de Claude Lelouch est lourdement stupide et inconséquent
!

Mais ce plan d’ouverture demeure pourtant visuellement très efficace en terme cinématographique : on est pris au jeu de la vitesse et on frissonne, attendant presque l’accident, le craignant à
chaque virage… Sauf, encore une fois, que ce cinéma-là n’est rien d’autre qu’un cinéma de fête foraine ! Alors oui, c’est bien fun et c’est bien cool de faire un tour de Space Mountain, ça tourne
dans tous les sens un peu à la façon de la caméra du cinéaste quand il « tourne » justement, mais ce n’est ni très fin ni très consistant intellectuellement…

Allez, ne soyons pourtant pas vache, et reconnaissons à « D’un film à l’autre » de compiler de belles émotions cinéphiliques, composées par des acteurs qui ont fait l’histoire du cinéma :
Deneuve, Luchini, Trintignant, Aimé, Dalle, Belmondo… jusqu’à ces images étonnantes de Dewaere peu de temps avant son suicide ou cette insistance sur la figure d’Annie Girardot, récemment
disparue, et sur laquelle Lelouch n’a jamais cessé de miser… (et pour laquelle il n’hésita pas non plus à tromper sa femme, tout fier de nous l’avouer !) Le film nous propose en outre de
nombreuses images des coulisses des tournages : on apprend par exemple une technique amusante pour filmer un long travelling d’un fauve qui court dans la savane (attacher un gros morceau de
bidoche à une barre à l’avant de son camion… et c’est parti !), mais on comprend surtout toute la sincérité de Lelouch à faire des films… Son enthousiasme et son euphorie apparemment insatiables
sur les plateaux sont joliment communicatifs !

Même si Claude Lelouch n’est pas un très grand cinéaste, on doit finalement au moins lui reconnaître un grand talent dans la direction d’acteurs : il a au cours de sa carrière obtenu des choses
assez incroyables de très grands comédiens, laissant souvent tourner la caméra un peu plus qu’il ne faudrait… Peut-être a-t-il raté sa vocation et qu’une carrière au théâtre lui aurait été plus
profitable ? On ne le saura jamais… Mais on ne peut s’empêcher de s’agacer de certains propos du réalisateur dans cet exercice d’autocongratulations très scolaire : il reste persuadé qu’il a fait
de grands films et que le temps finira par les réhabiliter un jour, alors même que tous ses derniers films semblent vieillots avant même de sortir en salles ! La critique, certes parfois cruelle
à son égard, n’est pas complètement demeurée non plus… Lelouch passe son film à évoquer sa carrière comme une alternance de haut et de bas, d’échecs et de succès. Il confie parfois avoir voulu
mourir ou au moins tout arrêter après certains échecs… Cyniquement, on ne peut s’empêcher de penser qu’il aurait peut-être eu raison, à certains moments, surtout à la vue de son « œuvre » dans la
dernière décennie…



 



Mise en perspective :



- Ces amours-là, de Claude Lelouch (France, 2010)































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2 commentaires:

  1. J'ai botté en touche quand l'attachée de presse m'a proposé la projo. J'ai beaucoup aimé Un homme et une femme ou Tout ça... pour ça mais sinon Lelouch
    me laisse un peu de marbre.

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  2. j'ai de bons souvenirs de "la belle histoire", mais c'est vrai que moi non plus son cinéma ne m'a jamais vraiment accroché... faudrait que je revois "un homme et une femme" d'ailleurs...

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