mercredi 2 mars 2011

[Critique] Birdemic, de James Nguyen


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Birdemic : Shock and Terror, de James Nguyen (Etats-Unis, 2008)



Note :
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« Birdemic » commence tout en douceur, mais alors vraiment « tout en douceur »… A l’issue d’un (long et lancinant) générique filmé depuis le tableau de bord d’une voiture, en plan quasiment
oblique, on suit encore et encore cette voiture sur la route, puis sur une autre route, puis une autre… jusqu’à ce qu’elle se gare dans une rue et que le héros du film en sorte enfin. Il se met
alors à marcher tranquillement et fièrement sur le trottoir, en direction d’un restaurant pour déjeuner, tout ça en tant réel, voire parfois étiré par le biais de subtils et magistraux plans
dédoublés : on le voit d’abord marcher de dos, puis de face, puis de profil… Dès le départ, on est comme immergé par la mise en scène improbable et radicale de James Nguyen, dont les aberrations
même en constituent tout le génie ! Tout au long du film, on est ainsi fasciné par sa volonté constante de conserver ses plans dans leur intégralité, par ses prises de son quasi « naturelles » et
authentiques, par ses panoramiques contemplatifs absolument éprouvants, par ses cadrages très aléatoires et surtout par sa direction d’acteurs épurée, quand elle ne s’avère pas tout simplement
inexistante… Le réalisateur de « Birdemic » filme décidément comme personne et propose justement une façon inédite d’envisager le cinéma, dont l’originalité ne pourra pas lui être réfutée !

Selon les propos même du « cinéaste », le film est un « thriller romantique ». On assiste ainsi d’abord à la rencontre sentimentale du héros avec l’héroïne, mais là encore Nguyen sait faire fi de
tous les clichés ! On a droit à toutes les hésitations possibles entre les deux tourtereaux qui se tournent autour sans oser encore s’approcher : je lui parle, je lui parle pas, je lui demande
son numéro ou j’ose pas, je l’appelle, je l’appelle pas… etc. De ces tergiversations naît très lentement une idylle à travers une description des sentiments à la fois très prosaïque, ancrée dans
le réel, et finalement très touchante, aussi étonnant que cela puisse paraître… Il faut dire que le charme du jeu maladroit des acteurs se confond très vite avec leurs personnages, qui
s'échangent d’ineptes et longs dialogues autour de leurs métiers, de leurs loisirs, de leur façon d’envisager la vie… Mais la banalité de ces échanges nous renvoient mine de rien à notre propre
futilité, faisant de « Birdemic » une représentation rigoureuse et sans concession de nos misérables existences !

Mais comme dans « thriller romantique », il y a le mot « thriller », il se trouve qu’au bout d’une heure de romance, tout le film bascule dans l’horreur ! Ainsi, au moment où les deux héros
viennent (enfin !) de conclure laborieusement en couchant ensemble, et alors même que tout semble paisible et merveilleux, « tout à coup » (jamais cette expression n’aura d’ailleurs été prise
dans un sens aussi littéral…) des oiseaux attaquent la ville… Quand je dis « tout à coup », c’est donc très exactement cela : après plusieurs plans contemplatifs de la ville et de la plage où
rien ne se passe, tout explose d’un coup au plan suivant ! Et attention, les oiseaux rebelles ne sont pas n’importe lesquels ! Ce sont des rapaces incrustés numériquement et à peu près n’importe
comment dans les images, qui fondent sur la ville comme des kamikazes (avec explosions enflammées à la clé, s’il vous plait !) ou qui arrivent à faire du surplace devant les humains pour les tuer
à coups de becs, de serres ou d’ailes, on ne comprend en fait pas bien… Les personnages réagissent alors en héros, toujours prêts à se battre (même à coups de cintres, tiens !) ou à sauver la
veuve et l’orphelin…



birdemicDerrière ces images comico-apocalyptiques se dissimulent en
réalité un beau discours écologique, qui revient à plusieurs reprises dans l’intrigue, au gré des rencontres et d’inénarrables monologues monocordes déclamés par quelques illuminés pseudo
scientifiques : si les aigles attaquent, c’est bien sûr à cause du réchauffement climatique, et puis de toute façon l’espèce humaine mérite bien son sort parce qu’elle arrête pas d’être méchante
avec la nature… En plus elle est complètement conne, à l’image de nos héros qui se ravitaillent « en vitesse » dans un magasin en lisant tranquillement les étiquettes sur les bouteille de
champagne ou qui partent pique-niquer à trois kilomètres de leur véhicule alors que le monde est à feu et à sang et que les vautours peuvent les agresser à tout moment… Ok, James, le message est
passé et c’est vraiment très beau !!

Reste cependant encore le clou du spectacle : car « Birdemic » est aussi l’occasion pour James Nguyen de rendre un hommage dithyrambique à son idole Alfred Hitchcock ! Si le film a été conçu
comme une sorte de « reboot » des « Oiseaux », il en garde surtout le vague principe d’une rébellion soudaine et inexpliquée d’oiseaux un peu foufous… Pour le reste, c’est à l’avenant : on
retrouve notamment une micro apparition de l’actrice du film d’Hitchcock (Tippi Hedren), qui est en réalité un stock shot de « Julie & Jack » (le précédent film du cinéaste), et surtout des
références aux séquences mythiques du film original (un cadavre dont les yeux ont été dévorés par les oiseaux, une station service qui explose…) Bien sûr, conséquemment au budget du film, le
rendu n’est pas tout à fait aussi impressionnant dans « Birdemic » !

Tout à la fois profus et confus, « Birdemic » zigzague ainsi entre chef d’œuvre absolu et nanar tout aussi ultime… Mais au fond, quel besoin de trancher entre les deux tant le film est un régal
pour les yeux et pour les sens, quelles que soient d’ailleurs les raisons pour lesquelles on le regarde ! Les sens, justement, parlons-en, puisque James Nguyen travaille déjà d’arrache pied (et à
tire d’ailes !) pour offrir une suite à son long métrage : « Birdemic 2, the resurrection », qui sera proposé cette fois-ci en 3D ! Rien de moins…



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James Nguyen : le nouvel Hitchcock ?



Mise en perspective :



- La chronique du film sur Nanarland



- Birdemic : le site officiel































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13 commentaires:

  1. Mais d'où sort ce machin ??? tu me connais... ça m'a mis l'eau à la bouche lol

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  2. purée, il faut que je le vois celui-là... Pourrais-tu me proposer un lien pour visionner ce... comment dirais-je... Film ?

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  3. Non, jamais entendu parler, mais ça y est je l'ai trouvé sur le net ;-)

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  4. Tu trouveras facilement un torrent non sous titré sur le net... pour les ss titres,nada, mais ça n'a pas l'air bien difficile à suivre lol

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  5. Oh non j'espère que ça ne sera pas sa dernière projection en France. J'avais noté depuis des semaines la diffusion à Panic Cinéma, et manque de bol une réunion de famille m'a contraint à annuler
    ma venue j'étais dégoûuuuuuuté !!!

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  6. bah, bientôt, j'ai tellement de films à voir, mais tu seras tenu au jus via Facebook, anyway ;-)

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  7. LOL Tu as osé critiqué ce truc!


    J'avias vu des extraits sur Nanarland et j'étais plié en deux. Surtout le passage de la scène de bureau dans laquelle il film des morceaux de tablées qui applaudissent en canon! Alors que je
    croyais avoir tout vu, il y a toujours pire! Il faut que je me le dégote!

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  8. "génie" "radical" "subtil", "touchant","beau discours sur l'écologie".... il faut vraiment que tu arrêtes la drogue lol


    C'est absolument consternant... Le pire film de l'année sans aucun doute possible, de la décennie probablement et il est sur les starting blocks pour le pire film du
    siècle...
    Scénario, néant, acteurs... néant, toutes les règles les plus élémentaires de la grammaire cinématographique sont violées à chaque plan, le son est atroce et pas mixé...


    et cerise s ur la bouse, les trucages sont du niveau d'un jeu vidéo Atari des 80's.
    A ne voir QUE défoncé, dans une salle remplie de fumeurs d'herbe, et encore, je les mets au défi de ne pas s'endormir en moins d'une demi heure...


     

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  9. Le côté bruyant de ce genre de projo ne me gêne pas dans la mesure où on reste dans le domaine du nanar. Mais ça me gênerait plus si c'était la même ambiance sur The Fall que j'ai bien
    l'intention de venir voir la semaine prochaine...

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  10. Mais ça n'est ni du génie, ni de l'anticonformisme radical, c'est juste un gros navet tourné par un amateur... rien de radical et encore moins de génial... là tu délires...lol

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  11. Espérons que l'esprit ne sera pas trop confus tout de même samedi prochain ;)

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