jeudi 12 août 2010

CineMADness : Donkey Punch, d’Olly Blackburn (Grande-Bretagne, 2007)



cinemadness

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Note :
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Nouvelle société de distribution française, spécialisée dans le "cinéma d'un autre genre", Cinemadness permet cet été à quatre films de connaître
le privilège de la sortie en salles, alors que leur caractère particulièrement "hors-norme" les vouaient très probablement à ne jamais être distribués en France (ou au pire à sortir directement
en DVD).



 



Trois filles et quatre garçons sont sur un bateau. Une fille tombe à l’eau… Qu’est-ce qui reste ? Un beau bordel ! Bon, ce n’est pas tout à fait ça, mais enfin presque, dans « Donkey Punch », un
thriller maritime bien dérangé, réalisé par un cinéaste sacrément « blackburné », comme son nom l’indique… Car il en fallait des couilles, en effet, pour mettre en scène un film de genre « éclaté
» et peu commun, qui commence comme la série « Beverly Hills », se termine dans le thriller horrifique bien tendu, non sans avoir fait une échappée auparavant par des séquences aux limites de la
pornographie !

Tout commence en tout cas assez tranquillement, si ce n’est assez connement, dans l’univers de la jeunesse américaine contemporaine, bien clichetonneuse et décérébrée… Une bande de jeunes font
connaissance, puis les garçons invitent les filles à faire un tour sur le magnifique yacht de luxe dont ils ont la garde. Ca discute, ça boit, ça prend le soleil sous des chemises ouvertes sur
des torses imberbes, ça joue les bimbos libertaires, ça plonge dans la mer, ça boit et ça se drogue à mort, rien que de très normal en somme… Et puis à force de se draguer les uns les autres, ça
finit par un plan cul dans la chambre la plus luxueuse du yacht ! Le film prend alors un virage assez inattendu, versant dans la caricature et l’esthétique d’un porno bien hétéro et bien machiste
(sans les bites et les cons, certes, mais avec du nichon à foison…), avec les postures attendues, devant, derrière, à deux, à trois, avec de la meuf bien salope et offerte, toute prête à s’en
prendre par tous les trous… Et puis alors que le mec déclame ses « Ca vient ! Je vais jouir ! », son pote en train de le filmer lui balance une réplique insistante : « Tu sais ce qui te reste à
faire, vas-y ! », façon « Just do it »… et là, le mec « le fait » trop bien justement, et c’est le drame ! La fille tombe raide morte sur le pieux, les bites (d’amarrage) retombent, tout le monde
se sent dans la merde sans trop savoir quoi faire, et le film peut plonger enfin dans le vif du sujet et dans ce qu’il fera de mieux : un bon petit thriller horrifique à base de trucidages en
série, desquels bien peu en réchapperont… Avec la mort de la bimbo offerte en pâture sexuelle aux mâles, avec cette sentence fatale qui met fin aux plaisirs dépravés de la chair, on assiste d’une
certaine façon à un détournement ironique des codes du cinéma pornographique et à une condamnation immédiate de la jouissance qu’il peut procurer : l’idée est furieusement jouissive, sans mauvais
jeu de mots…

A partir de ce fameux « Donkey punch »* fatal, donc, le film révèle sa véritable nature ! Les jeunes gens vont mourir les uns après les autres, dans des circonstances qui relèvent presque parfois
de l’accident involontaire, ce qui donne finalement un certain humour noir à la situation. La mise en scène est sombre et efficace, composant une montée crescendo de la violence, le tout dans un
univers en huis clos particulièrement étouffant et bien choisi ! On sent par ailleurs une certaine recherche et une inventivité ludique dans la façon dont les personnages meurent, la palme
revenant très certainement à la jeune fille en furie qui bondit avec un moteur de canot de sauvetage tenu à bout de bras pour dépecer un jeune homme qu’elle croyait menaçant… Si l’on ajoute à ça
les multiples confrontations niaiseuses, disputes, machinations, petits arrangements ignobles et sans scrupules, auxquels s’adonnent dans une absence de psychologie radicale tous ces jeunes gens
qui n’ont de beau que leur apparence, on ne peut que se réjouir d’un spectacle visiblement volontairement ironique, qui assume avec conviction et virtuosité son côté grand-guignol et exagérément
tordu !

Tout le plaisir passe ici par la découverte primitive de nos instincts les plus ignobles et sadiques… Le concept est machiavéliquement incarné par Josh (interprété par le miam-gnifique Julian
Morris), jeune et beau garçon au visage d’ange et apparemment tout innocent et tout propret, qui semble peu à peu découvrir ses pulsions intérieures atroces et progressivement y prendre goût !
C’est notamment par lui que le drame est provoqué : il faut le voir s’approcher tout timidement de la fille, ne sachant d’abord pas trop comment s’y prendre, et finir par la baiser à mort, au
propre comme au figuré ! Il en ira de même ensuite, lorsque devant son « ami » blessé par un couteau qui lui perfore probablement un poumon, il commence à appuyer sur le couteau pour le faire
parler, d’abord doucement, puis prenant très vite de l’assurance et beaucoup de plaisir à le torturer joyeusement, le regard carrément vicieux… Sublime !

* Le « donkey punch » désigne en réalité la pratique sexuelle à laquelle s’adonne le jeune homme sur la fille et qui lui sera fatale : plus proche de la légende
urbaine en vogue dans l’imaginaire de la jeunesse américaine oisive, cela consisterait à frapper la nuque de sa (ou son) partenaire lors d’un rapport anal juste avant de jouir, afin de provoquer
chez elle une contraction de l'anus, augmentant ainsi le plaisir de la pénétration au moment de l’orgasme.



 



Mise en perspective :



- Le site de Cinemadness



- Confession d'un cannibale, de Martin Weisz (Allemagne,
2007)



- Petits suicides entre amis, de Goran Dukic (Etats-Unis,
Grande-Bretagne, 2006)



- Grace, de Paul Solet (Canada, Etats-Unis, 2008)































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3 commentaires:

  1. Ah ouais quand même ! Ca a excité (là aussi, sans jeu de mots !) ma curiosité.

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  2. Ah ouais quand même...ça change de la pudeur du Nouveau monde.


    Et dire que je te compte parmi mes amis...

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  3. waow ! 2 commentaires d'affiler qui commencent par "Ah ouais quand même ! Ca", c'est impressionnant ! vous vous êtes passés le mot ?! ;)


    bon sinon l'emploi du présent dans ta phrase "je te compte parmi mes amis" me laisse supposer que tu ne m'as pas complètement renié après la lecture de cet article... mais sache aussi que le
    vocabulaire employé va faire venir des tas de gens sur mon site depuis les moteurs de recherche !! (bon, c'est vrai, pas forcément que du beau monde...)


    tu n'as pas envie de voir "donkey punch" du coup, n'empêche ?!

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