dimanche 8 septembre 2013

[Carnets de Festival] L’étrange festival 2013 – vol. 1 : Blood Diner / Confession of murder / Wrong cops


Du 5 au 15 septembre, « L’étrange festival » déroule sa 19e édition, tout en
« mauvais genre » et en curiosités ! Phil Siné vous livre en épisodes ses pérégrinations et ses découvertes au gré de la programmation…


blood_diner.jpg[Les pépites de
l’étrange]

Blood Diner, de Jackie Kong
(Etats-Unis, 1987)




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« Pépite », c’est bien le mot pour qualifier ce « Blood Diner » absolument délirant ! Deux jeunes demeurés récupèrent le cerveau de leur oncle pervers défunt pour ressusciter une vieille déesse
vorace… Entre cannibalisme (les « demeurés » servent de la chair humaine aux clients de leur restaurant « végétarien ») et mauvais goût extrême, on se fend la poire devant cet objet filmique
parfaitement non-identifié ! C’est drôle, sanglant, fauché, décalé… ça ressemble à un pur joyau de la série B, que John Waters en personne considérait comme « culte » ! Une référence
incontournable pour les amateurs…


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[Compétition
internationale]

Confession of murder, de Byeong-Gil Jeong
(Corée du Sud, 2012)




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Un jeune homme aussi beau que mystérieux publie un livre en prétendant être le serial-killer de crimes dont le délai de prescription a désormais expiré… Entre lui et le policier chargé de
l’enquête à l’époque, un étrange jeu se met en place. Premier film de Byeong-Gil Jeong, « Confession of murder » fait preuve d’une belle maîtrise en terme de mise en scène et de scénario : climat
sombre et tendu, scènes d’action bien menées, rebondissements à foison… Une belle réussite dans la famille du thriller sud-coréen, sous l’influence des chef-d’œuvres d’un Park Chan-Wook,
notamment.


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[Compétition
internationale]

Wrong Cops, de Quentin Dupieux
(France, 2013)




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« Wrong cops » est la nouvelle curiosité signée Quentin Dupieux, qui réussit une comédie absurde réjouissante et plutôt bien menée. Entre un flic pourri et un autre obsédé sexuel, il se lance
dans une énumération de « mauvais flics » dont les destins se croisent à l’écran… Des rats servent d’emballage à des sachets de drogues (les clients du flic dealer se retrouvent tous avec leur
petit rat mort en main), un policier borgne et musicien se fait rappeler que le talent compte un peu dans la création (avant de découvrir qu’il avait peut-être mal cerné son « public cible »), un
pauvre gars à moitié mort (dont le corps est censé disparaître) se sent bien mieux dans son coffre avec de la musique, l’enterrement d’un flic qui s’est suicidé avec un outil de jardinage vire à
la bouffonnerie grinçante… autant de scènes aux portes du surréalisme qui composent un « film à sketch » iconoclaste et joyeusement fou ! On y retrouve en outre de bien chouettes comédiens :
Grace Zabriskie, Eric Judor… ou encore la présence surprise de Marilyn Manson dans la peau d’un adolescent solitaire.



Autres films de Quentin Dupieux :



Rubber (2010)



Wrong (2012)



Site et programmation de l'Etrange Festival































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samedi 7 septembre 2013

[Critique] Backstage : Mylène Farmer part en live



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Backstage



d’Emmanuelle Bercot



(France, 2004)



Passez un été "en chanté" avec Phil Siné !




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En intitulant son film « Backstage », la cinéaste Emmanuelle Bercot nous emmène en « coulisses ». A priori dans les coulisses du monde du show-business à travers la description du quotidien d’une
grande star de la variété française, mais peut-être bien plus certainement dans celles de l’adolescence, thème cher à la réalisatrice, avec le parcours de cette jeune « fan », absolue et maladive
dans son adulation, qui réussit à pénétrer l’intimité de la chanteuse à qui elle voue littéralement un « culte »…

C’est par le biais d’une émission à mi-chemin entre la variété et la télé-réalité que « Backstage » va se faire croiser deux mondes qui normalement ne se rencontrent jamais : celui de Lauren
Waks, célèbre chanteuse à succès, et celui d’une de ses plus grandes fans de 17 ans, Lucie, qui voit sa star débarquer à son domicile pour lui chanter une chanson, suite à la demande qu’a fait sa
mère, tout aussi allumée et collectionneuse d’autographes, à l’émission de télé. Sauf que la rencontre n’a pas lieu à ce moment-là, Lucie ne trouvant d’autre réaction que de s’enfermer dans sa
chambre devant le choc d’une telle confrontation… C’est à Paris, où la jeune fille s’enfuit pour retrouver son idole, que Lauren accepte de la recevoir dans l’hôtel de luxe où elle loge et de lui
faire alors pénétrer l’univers si fascinant dans lequel elle évolue…

C’est avant tout ce « choc » improbable et impossible de la star inaccessible et de sa fan que voulait montrer Emmanuelle Bercot : "Il y a un jeu du mystère et de la frustration. Le mirage doit
être préservé à tout prix. Entre les deux parties, le parcours est balisé par des vitres, des barrières, des gardes du corps... Autant de limites dressées entre deux mondes irrémédiablement
opposés, bien qu'entrelacés. Parfois, la rencontre se produit, mais les secondes sont alors sauvagement comptées. A l'origine de « Backstage », il y a eu cette question : qu'est-ce qui se
passerait si ces instants de quelques secondes se prolongeaient ? Qu'est-ce qui se passerait si le rapprochement illusoire entre une fan et son idole avait lieu, vraiment, physiquement, dans la
durée que suggère la découverte de l'un par l'autre ?" Par le prisme de la folie obsessionnelle d’une fan, qui révèle alors au sens propre sa position de « fanatique », la cinéaste filme au fond
quelque chose de la folie adolescente : les réactions passionnelles et irrationnelles, spontanées et presque dangereuses… Il y a de la cruauté, voire du sadisme, dans le jeu que finissent par
jouer les deux personnages principaux, et un mélange d’amour-haine qui demeure le vecteur de toutes les fascinations. Si Lucie finit par se transformer en succube quasi-vampirique à l’égard de
Lauren, commençant par lécher sa brosse à dents pour finir par s’offrir à son ex-amant, Lauren se révèle de son côté tout aussi perdue et enfantine que son admiratrice… La relation qu’elles
tissent se fait progressivement plus ambiguë et semble pouvoir dégénérer à tout instant : réaction épidermique quand la fan surprend sa star couchant avec un autre – la rendant alors « impure » à
ses yeux – ou tentative de noyade de sa fan pour la star qui se sent au fond dévorée par l’autre, au point de ne plus pouvoir exister ailleurs que dans ses fantasmes… De caprices de star en
dérives de fan, « Backstage » s’enfonce dans des abîmes de cruauté et d’autodestruction assez impressionnants !

Pour incarner ces deux personnages à fleur de peau, Bercot dirige avec beaucoup de talent deux actrices qui n’en manquent pas non plus ! Isild Le Besco fait presque peur tant son interprétation
de la folie de la fan, jusqu’à la perte de soi, semble authentique, et Emmanuelle Seigner électrise dans sa posture à la fois sévère et extrêmement fragile, glaçante et sensuelle… Son personnage
se rapproche d’ailleurs par bien des aspects d’une star bien connue de la chanson française, la seule à pouvoir comme dans le film créer un tel engouement auprès de son public : Mylène Farmer ! On dirait que les créateurs de « Backstage » se sont amusés à
disséminer tout au long du film comme autant d’indices révélant l’inspiration du personnage de Lauren Waks… La vision d’un concert qui ressemble plus à une messe grandiose et ritualisée, la
distance par rapport aux médias (Lauren ne voulait pas faire l’émission à la base), les fans qui campent devant son hôtel, l’évocation d’un certain « Laurent » à la composition des chansons de
Lauren (on pense forcément à Laurent Boutonnat), l’histoire au détour d’un dialogue des paillassons qui disparaissent du domicile de la star (des fans volaient régulièrement ceux de Mylène Farmer
lorsqu’elle n’habitait pas encore sa résidence surveillée), l’ambiguïté autour de la mort du père ou de l’inceste (la chanson « Blanc comme neige »)… et puis les chansons composées pour le film,
bien évidemment, enregistrées en qualité professionnelle avec la voix d’Emmanuelle Seigner (disponible dans leur intégralité sur la superbe B.O. du long métrage), qui paraissent parodier le style
poétique et mystérieux de Farmer (rythmes et musicalité, nappes sonores, vocabulaire utilisé dans les paroles, jeux d’écriture automatique…), au point de créer la même fascination chez
l’auditeur…



Perspective :



- Mylène Farmer fait son cinéma chez Phil Siné !































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vendredi 6 septembre 2013

[Critique] Une chambre en ville : A 'demi'-syndicaliste



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Une chambre en
ville



de Jacques Demy



(France, 1982)



Reprise en version restaurée le 9 octobre 2013



Passez un été "en chanté" avec Phil Siné !




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coeur





Bien avant « Bilbo le Hobbit » au cinéma, il y a eu « Guilbaud le
gréviste » devant la caméra de Jacques Demy… « Une chambre en ville », mettant en scène le métallurgiste François Guilbaud en pleine grève sur les chantiers navals de Nantes en 1955, reste sans
doute le film le plus sombre de son auteur, à la fois une très grande réussite artistique et un échec public parfaitement injuste dans les salles (les spectateurs lui ont préféré « L’as des as »,
sorti la même semaine et bénéficiant d’une campagne médiatique et publicitaire bien plus importante, ce dont certains critiques cinéphiles – notamment à « Libération » et à « Télérama » – se sont
émus à l’époque, tentant de faire ce qu’ils pouvaient pour attirer l’attention sur le film de Demy). Le projet avait en tout cas quelque chose de fort pour le cinéaste, l’action du film se
situant là où il a grandi et son scénario – l’un des premiers auxquels il a pensé – ayant été entrepris dès les années 50 au moment des manifestations ouvrières… Le réalisateur dira d’ailleurs
lui-même d’« Une chambre en ville » : « Il y a peu de films que j’ai voulus comme celui-ci. Peu de films que j’ai rêvés comme celui-ci ». Autant dire que le long métrage demeure un élément clé de
la carrière de Demy, si ce n’est l’une de ses pièces maîtresses, injustement maudite et boudée.

Dès la scène d’ouverture, le film nous plonge dans une atmosphère d’affrontements tendus entre des manifestants et des policiers, et montre un engagement fort du côté des ouvriers de la part de
Jacques Demy. La solidarité ouvrière est joliment décrite à travers cette façon dont le peuple fait masse, d’un seul bloc contre les forces de l’ordre, pour « défendre ses droits », comme il le
clame en chantant… Les chansons trouvent ici une valeur de slogans syndicaux, parfois même assez violents à l’égard des hommes en uniformes (« Police milice ! Flicaille racaille ! » scande-t-on
alors avec conviction et détermination). Les relations qui se nouent entre les ouvriers sont aussi importantes dans le déroulement du récit (on découvre François souvent entouré de ses «
camarades »), mais la force politique du film est toujours mis en relation avec une histoire d’amour qui se révèle au fond tout aussi brûlante et violente que les échauffourées avec la flicaille
! Jacques Demy ne se refait donc qu’à moitié, ayant toujours besoin de se raccrocher à la force vive de son cinéma : la fureur des sentiments… Guilbaud tombe ainsi amoureux d’Edith, une femme
mariée mais qui se prostitue par dépit (son mari est impuissant), alors qu’il est en couple avec Violette, qu’il aime bien mais avec qui il ne se voit pas vivre…

« Une chambre en ville » se construit alors peu à peu comme une véritable tragédie. Tous les fils se nouent sous nos yeux impuissants, jusqu’à une issue forcément fatale… Demy ose inclure des
éléments assez violents dans son intrigue, chose assez inédite dans son cinéma : le rejet de Violette par Guilbaud alors qu’elle lui apprend qu’elle est enceinte de lui, la vengeance meurtrière
puis le suicide du mari impuissant (qui se tranche la gorge sous les yeux de sa femme !), la violence policière à l’égard des manifestants (qui coûtera finalement la vie à Guilbaud) et le coup de
revolver fatal que se porte Edith lorsqu’elle voit mourir à ses pieds son amour… Une fin de tragédie shakespearienne, si l’on peut dire, voire quasiment opératique, tant les postures que prennent
parfois les acteurs, les décors ostentatoires et la musique de Michel Colombier (Demy délaisse pour l’occasion son compositeur fétiche Michel Legrand) évoquent des compositions d’Opéra ! Une
violence qui accompagne en outre une crudité générale très prégnante, qui ajoute à l’atmosphère sombre et sans détour du film : on le voit notamment à la nudité frontale d’Edith (entièrement nue
sous son manteau de vison) et au vocabulaire très prosaïque employé par les personnages (« J’en ai rien à foutre », « saloperie », « tu fais la pute », ou encore l’irrésistible et culte « Tu me
prends vraiment pour une conne » de Danielle Darrieux).

Jacques Demy reprend au fond la méthode utilisée sur « Les parapluies de
Cherbourg
», mais en la poussant cette fois-ci à son apogée : « Une chambre en ville » est ainsi lui aussi intégralement « chanté », en maintenant un niveau de langage familier, transformant
ainsi les conversations populaires en art véritable… Cela ne l’empêche d’ailleurs pas de se permettre quelques notes d’humour : « Ca pue le poulet » entend-t-on pour décrire la rue pleine de
policiers, « Vas donc au piquet mon amour » dira gentiment Violette à François, qui doit retourner au « piquet de grève », et un peu plus loin « Alors tu n’es pas une vraie pute » s’étonne
François en se réveillant au matin avec Edith, qui lui déclame en souriant « Je ne travaille qu’à mi-temps » !

Et pour nous accompagner dans cette fabuleuse « tragédie en chanté » et nous conter combien la vie est une lutte permanente et peut-être sans espoir, autant dans le monde du travail qu’en amour,
les acteurs d’« Une chambre en ville » sont tous au diapason ! Si Catherine Deneuve et Gérard Depardieu n’apparaissent finalement pas au casting suite à un désaccord artistique avec le
réalisateur (ceux-ci voulaient chanter eux-mêmes leurs textes, ce que Demy refusait fermement), leur remplacement par les acteurs moins « installés » Richard Berry (encore débutant) et Dominique
Sanda dans les rôles principaux s’est peut-être au fond révélé payant (pas pour faire des entrées certes !), dans la mesure où le cinéaste s’est peut-être senti bien plus libre d’aller au bout de
ses désirs, avec des comédiens alors plus ouverts à la prise de risque… Quant aux seconds rôles, ils étonnent autant qu’ils impressionnent : Danielle Darrieux en vieille bourgeoise solitaire qui
hait les bourgeois, Michel Piccoli en mari jaloux et violent, Jean-François Stévenin en ouvrier bon bougre… Une distribution de rêve pour un film inoubliable à (re)voir absolument !



Autres films de Jacques Demy :



- Les Parapluies de Cherbourg



- Les demoiselles de Rochefort



- Peau d’âne



- Trois places pour le 26































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jeudi 5 septembre 2013

[Critique] Subwave : Le tunnel infernal



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Subwave



de Anton Megerdichev



(Russie, 2013)



Actuellement en DVD et Blu-Ray chez Condor Entertainment




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Vous rêviez depuis longtemps du grand retour du film catastrophe ? Eh bien la Russie l’a fait pour vous, à travers cette « production ambitieuse » (dixit le dossier de presse) de 13 millions de
dollars (allez savoir combien ça fait en roubles !), qui sort directement en DVD par chez nous… A Moscou, une fuite dans le métro inonde un tunnel qui passe sous le fleuve et menace alors de
s’effondrer, après qu’une rame pleine de voyageur y ait bien sûr déraillé ! La grandeur soviétique, symbolisée par la construction de ce métro dans les années 30, en prend un sacré coup plus de
vingt ans après l’effondrement du bloc… « Subwave » évoque effectivement en (très léger) filigrane certaines conditions de vie à Moscou : eau courante aléatoire dans les immeubles, négligences en
matière de sécurité (via celle du métro), difficulté d’organiser les secours, pauvreté générale, même pour la famille d’un médecin par exemple… C’est intéressant, au fond, de trouver une telle
thématique dans un film dans lequel on attend a priori rien de bien folichon ! Pourtant, malgré un scénario archi attendu (le sort en suspens de quelques passagers miraculés, un happy end
larmoyant et presque moralisateur en matière de mœurs) et des personnages ultra stéréotypés (l’affrontement entre le mari et l’amant d’une même femme parmi les survivants du métro alourdit
notamment inutilement la tension dans la dernière partie du film), le film d’Anton Megerdichev sait réserver d’autres bonnes surprises, à commencer par des scènes d’action et des effets spéciaux
assez réussis, illustrés par une mise en scène certes pompée sur un cinéma hollywoodien moderne, mais parfaitement efficace pour ce genre de film… Un film au fond banal et sans surprise, mais pas
nul pour autant !































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mercredi 4 septembre 2013

[Sortie cinéma] Roméos : Juliette, sors de ce corps !



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Roméos



de Sabine Bernardi



(Allemagne, 2011)



Sortie le 4 septembre 2013




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Sur un sujet délicat et peu traité au cinéma - la transexualité -, la réalisatrice Sabine Bernardi réussit un film sensible et complexe, à l’image de son personnage principal…



Découvrez tout le bien que Phil Siné pense du film en vous rendant à l'autre bout de
ce lien !































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lundi 2 septembre 2013

[Carte blanche] Musique classique et musique de films (par Cachou)


musique_cinema_garden_state.jpgPassez un été "en chanté" avec Phil Siné !



Sur son blog "Les lectures de Cachou", l'auteure de notre carte blanche du jour nous parle avec passion de ses lectures, certes, mais
aussi de ses dernières toiles! Grande lectrice, mais tout autant cinéphile, Cachou y partage avec force sa boulimie de culture... et nous fait l'honneur de nous expliquer ici, dans le cadre de
"l'été en chanté", sa conviction que les musiques de films sont devenues la musique
classique d'aujourd'hui !



Avez-vous eu l'occasion de voir la bande-annonce de “A Single Shot” ? Elle est quasiment entièrement sans paroles et les images se
succèdent sur une mélodie au violon au rythme obsédant. Je suis tout de suite tombée sous le charme de ce morceau. En creusant un peu, j'ai appris qu'il s'agissait d'un passage du Fratres d'Arvo Part que je ne connaissais pas. J'ai trouvé chez lui ce qui me manquait chez Philip Glass (voir par exemple la B.O. de "The Hours"
de Stephen Daldry), une simplicité et une retenue superbes qui laissent éclater la pureté des deux instruments utilisés, piano et violon.

Ce n'est pas la première fois que je découvre un morceau grâce à une bande annonce ou un film. Je dois même dire que ces derniers ont permis de garnir au moins la moitié, sinon les deux tiers de
ma CDthèque. Mon cœur balance toujours autant entre les B.O. de “Garden State”, de “500 Days of Summer” ou encore de “Great Expectations”, qui m'ont permis de découvrir The Shins, Iron &
Wine, The Temper Trap ou encore Tori Amos. Mais si ces CD-là sont constitués de chansons populaires que les spectateurs finiront peut-être par rencontrer d'une manière ou d'une autre (à la radio,
à la télé, dans un magasin, etc.), il est une autre musique qu'on croise de moins en moins souvent, si ce n'est au cinéma. Je veux parler de la musique classique.

Si vous n'êtes pas nés dans une famille vous incitant à jouer d'un instrument de musique (ou simplement amatrice de musique classique) ou si vous n'avez musique_cinema_the_fall.pngpas fréquenté une école offrant
une éducation (correcte - je considère encore et toujours que les chansons de Gilbert Montagné et de Céline Dion que nous chantions au cours de musique ne constituaient pas un enseignement
musical valable) (détail véridique) en la matière, vous avez peu de chance de tomber sur un morceau de musique classique, si ce n'est en regardant un film ou une série. Même les publicités ont
abandonné la chose en cours de route et il n'existe plus beaucoup de radios non spécialisées diffusant du Bach ou du Beethoven hors émissions consacrées à l'un ou l'autre des compositeurs qui ont
réussi à rester dans la mémoire collective (combien ont été oubliés en cours de route?).

Dès lors, une grande partie de notre éducation à l'histoire de la musique classique se fait grâce au cinéma. Certains morceaux prennent du sens pour nous parce qu'ils accompagnent des images nous
marquant pour toujours. En ce qui me concerne, il y a par exemple l'incroyable deuxième mouvement de la 7e symphonie de Beethoven qui illustre magistralement les images de Tarsem Singh dans la
séquence introductive de "The Fall" :








 


D'autres me reviennent en tête comme la Symphonie n°25 de Mozart utilisé au début de “Romeo + Juliet”, la “Sarabande” de Handel que l'on retrouve dans la superbe B.O. de “Barry Lyndon” ou encore la “Gymnopédie n°1”, un morceau d'un de mes compositeurs préférés, Erik Satie, qui passe dans “La famille Tenebaum”,
film d'un de mes réalisateurs préférés, Wes Anderson.



Mais je suppose que tout cela, vous avez déjà eu l'occasion de le constater sans moi. Là où je voulais en venir, c'est que non content de nous éduquer musique_cinema_double_vie_veronique.jpgmusicalement, le cinéma est également le lieu de la création d'une nouvelle musique classique qui, se démarquant du courant moderniste et parfois un peu complexe à suivre quand l'on n'a
pas une éducation musicale pointue - voire universitaire -, permet aux compositeurs souhaitant créer des morceaux ambitieux de les diffuser largement et, bêtement, de se faire connaître. C'est
ainsi que sont nés certains des plus beaux ensembles musicaux que j'ai pu entendre, de la B.O. de l'“Orgueil et
préjugés” de Joe Wright
à celle de “La leçon de piano” de Jane Campion, respectivement composées par Dario Marianelli et Michael
Nyman. Avec une palme toute spéciale à Zbigniew Preisner et, entre toutes ses B.O. magnifiques, celle de “La
Double Vie de Véronique
” de Krzysztof Kieslowski, dont voici un extrait éblouissant (dans un film non moins éblouissant) (Véronique y assiste avec ses élèves à un spectacle de marionnettes
et se retrouve complètement fascinée par le marionnettiste alors que tout le monde regarde les marionnettes) :











Alors, la musique de film, la nouvelle musique classique de notre époque ?


Retrouvez Cachou sur son blog !

































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dimanche 1 septembre 2013

[Critique] Monster Brawl : Catch your monster !



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Monster Brawl



de Jesse T. Cook



(Canada, 2011)



Disponible en DVD chez Factoris Films



Le Jour du Saigneur # 127




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« On se croirait dans une série B », s’exclame à un moment l’un des personnages de « Monster Brawl »… et on sent bien que c’est exactement ce à quoi a voulu faire ressembler son film le
réalisateur Jesse T. Cook ! Rien que le concept du long métrage parle au fond de lui-même : huit monstres célèbres sont réunis sur un ring dans un cimetière pour se livrer à un tournoi de catch
sans merci où tous les coups sont permis jusqu’à la victoire du dernier survivant, qui deviendra de ce fait le plus fort de tous les méchants…

Avec un humour ras-les-pâquerettes et une ambiance très relâchée (en gros ni prétentieuse, ni cynique), le début de « Monster Brawl » sait d’ailleurs se faire plutôt plaisant et distrayant : les
affrontements rappellent les grandes heures des films de la Hammer (on y voit notamment une momie s’y battre contre une « sorcière salope » ou Frankenstein casser du loup-garou !), la jour_du_saigneur_bis.jpgnonchalance générale évoque quant à elle le cinéma bis de Roger Corman… Certains éléments savent aussi surprendre gentiment, comme les
données « techniques » de chaque monstre qui s’affichent avant leurs combats ou les statistiques comparées entre deux adversaires. On imagine aussi que les fans de catch devraient trouver leur
compte devant ces combattants qui ressemblent certainement un peu aux vrais (si ce n’est qu’ils sont attifés de maquillages globalement plutôt réussis), d’autant plus que de véritables stars du
catch (Kevin Nash et Jimmy Hart) apparaissent en « guest » sous les traits des commentateurs des matchs…

Mais le tout reste assez disparate et pas toujours concluant : le bain de sang annoncé se révèle finalement bien gentillet (on voit des têtes tranchées, des corps explosés, des visages irradiés,
mais les effets gore demeurent bien trop timides !), les courts métrages consacrés à chaque monstre entre les combats sont de qualité très inégale, l’enchaînement des combats devient vite
répétitif et peu original et le scénario n’est pas toujours très soigné (mais où sont donc passées les demi-finales, par exemple ?) Bref, sans être complètement raté, on ne peut pas dire que «
Monster Brawl » soit une grande réussite ! Le film se regarde néanmoins du coin de l’œil, et si vous avez la bonne idée de le voir en V.O., la voix off de Lance Henriksen vous offrira une belle
valeur ajoutée à cet ensemble bien moyen…































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