mercredi 9 juillet 2014

[Critique] Xenia, de Panos H. Koutras

Xenia
de Panos H. Koutras
(Grèce, France, Belgique, 2014)

Sortie le 18 juin 2014

★★ ♥

Après le fade et tristounet « Strella », le réalisateur de l’improbable (mais délirante) « Attaque de la moussaka géante » signe une splendide odyssée, aussi généreuse que colorée, avec « Xenia » ! Cette idée d’odyssée, forcément grecque, emprunte bien sûr à Homère, même si son ampleur demeure sans doute plus modeste…

Deux jeunes garçons de 16 et presque 18 ans partent sur les traces de leur père après la mort de leur mère et vivent mille aventures, de violences urbaines en télécrochet façon « Nouvelle star » pour la télévision grecque… Les deux acteurs, Kostas Nikouli et Nikos Gelia, tous les deux impeccables, contribuent largement à l’attachement que l’on peut avoir pour ces deux personnages sensibles et à fleur de peau… Leur origine albanaise et leur désir d’accéder à la nationalité grecque en retrouvant ce père qui les a abandonné, permet au cinéaste de distiller dans son long métrage une dose de critique sociétale, dans une Europe où les nationalismes grondent… Il regrette amèrement la disparition des principes antique de l’hospitalité grecque, en expliquant notamment le sens du titre de son film : "On pourrait traduire « Xenia » par « hospitalité » mais le sens de ce concept ancien est beaucoup plus complexe. C’est une loi respectée par les dieux grecs, qui nous intime d’honorer et d’accueillir les étrangers d’où qu’ils viennent. Zeus, le père de tous les dieux, est également parfois appelé Xenios Zeus, « Zeus l’Hospitalier ». L’hospitalité était un principe et un fondement majeur de la Grèce antique".

Mais face à la noirceur réaliste d’un monde en déroute, on sent que Panos H. Koutras préfère lui opposer une fantaisie colorée, faisant tendre « Xenia » vers l’humour, la générosité et parfois un merveilleux surprenant, à travers notamment les débordements de l’imaginaire du  plus jeune frère, à la gay-titude joliment romanesque et politique : sa passion pour Patty Pravo, une diva italienne des années 70, ou son attachement à un lapin aux multiples avatars, symbole rassurant d’une enfance en train de disparaître, offre une teinte délicieusement fantasque à un ensemble foutraque et généreusement rythmé ! Pour le cinéaste, « Xenia » est une façon intime de parler de sa propre adolescence : "Ce film est un adieu à ma jeunesse. Les années d’adolescence sont les plus intenses que j’ai vécues. En rébellion contre le système, j’avais pour seule trinité le sexe, la drogue et le rock’n’roll. Je me sentais différent, singulier. Mon homosexualité n’y était sans doute pas pour rien".

Entre réalisme noire et poésie arc-en-ciel, bourré d’énergie et d’inventivité, « Xenia » propose ainsi un voyage unique et plein de vie aux spectateurs curieux… Une belle proposition pour débuter l’été et garder espoir en de doux lendemains…

Autres films de Panos H. Koutras :

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire