jeudi 6 février 2014

[Critique] Gerontophilia, de Bruce LaBruce



gerontophilia.jpg
Gerontophilia



de Bruce LaBruce



(Canada, 2013)



Sortie le 26 mars 2014




star.gif

star.gif

star.gif


Quand le réalisateur Bruce LaBruce décide de délaisser son univers underground habituel (« Hustler White », « Otto », « L.A. Zombie »…) pour se lancer dans le cinéma « mainstream », on ne peut pas dire qu’il le fasse
avec un sujet tout à fait discret : il y aborde rien de moins que le thème de la gérontophilie, laissant d’emblée présager que son film ne sera en rien un film banal ou édulcoré, comme le tout
venant de la production « grand public »…

« Gerontophilia » raconte ainsi un moment de la vie de Lake, jeune homme de tout juste 18 ans, vivant chez une mère un peu volage et sortant avec une fille de son âge, et découvrant
progressivement son attirance pour les vieux messieurs, lorsqu’il commence un job d’été à leur contact dans une maison de retraite… Il deviendra plus particulièrement proche de l’un d’eux, M.
Peabody, avec qui il va vivre une véritable histoire d’amour.

Toute la gageure – et le talent ! – de Bruce LaBruce est de surfer entre une utilisation assez étonnante des codes du film « mainstream », sur le mode je raconte une bluette amoureuse façon «
teenage movie » avec toutes les étapes que cela exige (rencontre, drague, obstacles, fuite en avant, jalousie…), et tout un ensemble de passages borderline où l’âme indécrottable et perverse du
cinéaste se révèle avec évidence… Si la pornographie est absente du film, par exemple, elle se révèle néanmoins parfois insidieusement dans la mise en scène : gros plan sur le visage de plaisir
du jeune homme alors qu’il se masturbe devant le vieillard endormi, présence nonchalante d’une capote oubliée dans les draps… etc.

Il y a en outre une forme d’ironie comique dans la façon dont LaBruce nous décrit cette histoire d’amour, qu’il souhaiterait visiblement nous présenter comme parfaitement banale : les scènes de
jalousie de Lake à l’égard de son vieil amant qu’il surprend à parler à d’autres jeunes hommes sont notamment particulièrement piquantes… Mais en plus d’être tout à fait distrayant et sincère, «
Gerontophilia » interroge autant le cinéma dans ses représentations formelles que la société dans les regards qu’elle porte encore sur des sexualités minoritaires, faisant une nouvelle fois du
cinéma de Bruce LaBruce quelque chose de parfaitement atypique et passionnant ! Révélant qui plus est ici un très jeune acteur tout à fait charmant et aux choix pour le moins audacieux :
Pier-Gabriel Lajoie, que nous suivrons donc désormais avec beaucoup d’attention…



Autres films de Bruce LaBruce :



L.A. Zombie (2010)



Otto (2008)































  • Plus










3 commentaires:

  1. J'ai aimé la scène où il se masturbe devant un veillard. ça semble un peu osé et pervers à la fois. Donc vous avez réussi à lever le tabou du moment. 


    http://www.loveandvibes.fr

    RépondreSupprimer
  2. En effet, pari réussi pour Bruce LaBruce!
    Avec une idée de départ pour le moins décalée, voire dérangeante, il parvient à nous embarquer totalement dans son histoire grâce à des personnages attachants, des codes de narration finalement
    assez classiques et juste ce qu'il faut d'humour. L'interprétation sonne juste, mention particulière à Walter Borden, qui campe un M. Peabody classe et malicieux. Une bonne surprise, merci Phil
    Siné! ;)

    RépondreSupprimer
  3. content que tu aies pu voir le film finalement... et surtout qu'il t'ait plu ! :)

    RépondreSupprimer