samedi 22 février 2014

[Critique] Bethléem, de Yuval Adler






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Bethléem



de Yuval Adler



(Israël, Allemagne, Belgique, 2013)



 Sortie le 19 février 2014




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Premier film du réalisateur israélien Yuval Adler, "Bethléem" marque par la force de son discours et la conviction de sa mise en scène. Rare film "politique" à avoir eu un succès dans son pays
d'origine, son point de vue sur le conflit israélo-palestinien semble interroger... Il est assez fascinant d'observer que sa réception par le public demeure pour le moins contrastée, dans la
mesure où certains le considèrent plutôt neutre et pas engagé d'un côté ou de l'autre, quand d'autres l'accusent de propagande pro-israélienne, le héros palestinien finissant par mal agir à la
fin devant la haute tenue morale du personnage appartenant aux services secrets israéliens... Rien que cette ambivalence dans son interprétation rend finalement le long métrage extrêmement
intrigant!



Mais "Bethléem" vaut avant tout pour sa réalisation extrêmement efficace et inspirée, qui sait imbriquer savamment la dure réalité d'un pays dans une fiction mémorable. Il faut dire que
l'écriture du scénario a nécessité de longues recherches, aussi bien du côté israélien que palestinien, afin de rendre compte avec une précision épatante d'une situation politique explosive...
L'emploi d'acteurs non-professionnels - et néanmoins talentueux - durcit en outre l'aspect réaliste et presque documentaire de l'ensemble...



Outre cette évocation pertinente et palpable du monde via un récit rivalisant avec les meilleurs thrillers, le film de Yuval Adler sait par ailleurs rendre ses personnages crédibles et surtout
humains... L'attachement que l'on peut avoir pour le jeune Sanfur, le héros du film, tient autant à l'interprétation subtile de l'acteur qu'à l'écriture de son portrait. La situation déchirante
dans laquelle il se retrouve rend d'ailleurs puissamment et symboliquement compte des déchirements des nations qui s'affrontent : partagé entre son grand frère engagé dans un groupuscule
"terroriste" plus ou moins proche du Hamas (mais là aussi, les rapports ont l'air complexes et problématiques) et un agent de la police secrète israélienne (qui l'a pris sous son aile en vu d'en
faire un indic), il se sent bientôt rejeté autant par son monde d'origine que par son "mentor" en territoire ennemi... La séquence finale, mémorable et atroce, vient clore dans la douleur un film
sombre et fort, que l'on n'oubliera certainement pas de sitôt !































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