mercredi 16 février 2011

[Critique] Qui a envie d’être aimé ? d’Anne Giafferi



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Qui a envie d’être aimé ? d’Anne Giafferi (France, 2010)



Note :
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Mais pourquoi diable me suis-je mis à pleurer à chaudes larmes devant ce premier film d’Anne Giafferi ? Il est des projections, parfois, qui nous bouleversent sans trop savoir pourquoi, et au
cours desquelles on perd complètement le contrôle de nos glandes lacrymales… Mais pour le prétendu athée que je suis censé être (qui ne parle à Dieu qu’en de rares occasions et surtout dans le
secret le plus absolu et la dénégation la plus totale…), chialer devant un film évoquant le récit de la conversion d’un homme à la foi catholique, ça la fout quand même plutôt mal !

Adaptant le roman « Catholique anonyme » de son mari Thierry Bizot, dont elle ne partage pourtant pas l’expérience « mystique », la réalisatrice raconte le parcours atypique d’Antoine (doux et
subtil Eric Caravaca), homme « accompli » dans un milieu embourgeoisé qui rejette avec moquerie et prétention toute trace de religion… Marié, deux enfants, avocat reconnu, il se révèle un jour
mystérieusement attiré dans un groupe de catéchisme pour adultes, où il allait d’abord par « politesse » comme il dit (suite à une invitation), puis par curiosité, et enfin par conviction. Le
film est à la fois drôle et terriblement émouvant, et présente un personnage en proie au doute, qui n’ose d’ailleurs pas évoquer auprès de son entourage ses nouvelles réunions « catholiques »,
comme pétri de honte… La chose devient son secret et sa femme ira même jusqu’à le soupçonner d’avoir une liaison avec une autre femme, avant qu’il n’avoue comme on avoue un crime !

Mais la beauté de « Qui a envie d’être aimé ? » n’est pas tant cette rencontre inattendue d’un homme avec Dieu ; c’est bien plutôt la prise de conscience de cet homme de sa propre fragilité et de
son besoin des autres… Car la religion n’est pas présentée ici comme une transcendance, mais bel et bien comme une ré-humanisation ! Le nom de « Dieu » n’est pas alors à prendre comme une entité
supérieure, mais au contraire comme l’amour qui devrait régner parmi les hommes… On voit alors peu à peu Antoine chercher à reprendre le contact avec ceux qui l’entourent : sa famille bien sûr,
ou même parfois de parfaits inconnus… Mais ce n’est pas chose aisée, bien sûr, et c’est peut-être même la chose la plus difficile au monde : la chose qui demande le plus de travail sur soi, et
dont on ne peut jamais présager un juste retour en sa faveur… Tout le contraire des fondements même de notre société matérialiste.

Tout cela est si joliment montré, si subtilement et humainement amené, que j’en ai ainsi eu les yeux mouillés… Les rapports d’Antoine avec sa femme, avec sa sœur joyeusement désespérée
(formidable Valérie Bonneton !), avec son frère « mauvais garçon » (Benjamin Biolay) ou avec son père toujours sec à son égard, sont comme autant de tranches de vie qui entrent fatalement en
corrélation avec notre propre vie et nos propres expériences… Et cet inertie quasi christique d’Antoine devant la violence des autres, ses efforts souvent vains de conciliation, sa façon de
tendre l’autre joue… sont-ils autant de preuves d’amour suffisantes pour continuer encore un peu à garder foi en l’homme ?



 



Mise en perspective :



- La critique du film chez Nicolinux































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9 commentaires:

  1. Good God, j'étais curieuse de voir ce film qui t'a arraché des larmes, mais il n'est plus à l'affiche à Lyon !

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  2. Je n'ai pas pleuré mais j'ai aussi étrangement été très ému, et j'ai beaucoup ri également...


    Caravaca est vraiment merveilleux, très subtil, comme le film. Et Bonneton, Bideau & Biolay sont formidables... Une très belle surprise, en effet et pour laquelle le bouche à oreille devrait
    vite faire le même effet que pour Le Nom des gens, à mon avis...

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  3. MM> le film est diffusé en ce moment même dans plusieurs cinés de Lyon, notamment le Pathé & l'UGC !!!

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  4. Ben je n'y comprends rien, j'ai mon petit bulletin du 16 au 22 février et ce film n'est plus à l'affiche, je le vois à Bron et à Brignais seulement... J'vous jure ! Y'a un complot lyonnais contre
    ce film ?

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  5. Une conspiration judéo-islamiste anti-catho lyonnaise peut-être lol

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  6. Bon ça y'est je l'ai vu (à Lyon !), et je suis d'accord avec toi. Très touchant ce film, et très crédible finalement. Eric Caravaca est formidable, un personnage foncièrement gentil, ça fait du
    bien. Et en plus c'est drôle sans être cynique.

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  7. un personnage gentil et qui essaie de faire ce qu'il peut... c'est tellement rare dans la "vraie vie" aussi, où l'arrogance le dispute à l'assurance injustifiée des gens... le plus bizarre c'est
    que son personnage soit avocat...

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