lundi 7 février 2011

[Critique] Le discours d’un roi, de Tom Hooper


 




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Le discours d’un roi, de Tom Hooper (Grande-Bretagne, Australie, Etats-Unis, 2011)



Note :
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Cette évocation du handicap de langage du roi George VI, son bégaiement, que nombreux considérèrent comme une inaptitude difficilement compatible avec sa fonction politique, dans laquelle le
discours est (hélas ?) au centre de tout, particulièrement à l’ère où les médias se développent, souffre malheureusement d’une forme ronflante et académique. Le réalisateur se prend au piège de
la reconstitution historique engoncée dans une précision inutile et une vision rutilante mais sans originalité sur les choses. Du clinquant de pur apparat, en somme, qui transforme l’affaire en
grosse machinerie, filmée avec un classicisme amplement suranné !

Heureusement, des dialogues plutôt audacieux et réjouissants sauvent le film et nous font un temps oublier une mécanique scénaristique statique et trop attendue… Il faut dire que les acteurs qui
déclament ces lignes de textes, tous excellents, sont eux aussi pour beaucoup dans le plaisir que l’on finit par ressentir devant ce « Discours d’un roi » ! Les échanges entre Colin Firth (le
roi) et Geoffrey Rush (qui incarne son thérapeute aux méthodes novatrices) sont à la fois très fins et bien souvent hilarants… L’amitié qui finira par les lier s’avère même très touchante et nous
extrait enfin de toute rigueur (et raideur) trop « précieusement » historique. Helena Bonham Carter, de son côté, est parfaite en reine Elizabeth !

En dehors de ça, probablement pas grand chose. La dimension politique, avec la montée du nazisme en arrière fond, est finalement presque trop vite expédiée : on s’amuse quand même d’une séquence
vaguement ambiguë où George VI demeure un moment admiratif et envieux du talent d’orateur d’Hitler, qu’il regarde sur des bobines d’actualités filmées… La prestation de Colin Firth reste ainsi le
cœur même du film, pour ce rôle brillamment habité et taillé à la serpe pour l’Oscar : l’interprétation du handicap, même discursif, ça a toujours du bon, on le sait, pour mener à la victoire !



 



Mise en perspective :



- A single man, de Tom Ford (Etats-Unis, 2010)



- Le portrait de Dorian Gray, d'Oliver Parker (Etats-Unis, 2009)



- La critique du film sur Filmosphère



- La critique du film sur Garko































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7 commentaires:

  1. Je te trouve un peu dur sur la forme, certes très classique mais en rien pompeuse. La reconstitution historique n'est réduite qu'à son strict minimum, ça fait davantage penser à du décors de
    théâtre qu'à une surenchère hollywoodienne. De même pour l'interprétation de Colin Firth qui, même si elle est récompensée par un Oscar, ne me semble pas formatée pour ça.

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  2. Ah peu importe l'académisme, Colin Firth est formidable en prince vulnérable...Et Helena Bonham Carter en Queen Mum est étonnante tellement elle est sympathique. J'ai pourtant entendu dire
    par une Anglaise que Queen Mum pouvait être odieuse.

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  3. Le premier vrai très grand film de l'année. Excellent scénario dont le montage intelligent arase le temps entre 1925 et 1939 pour raconter le destin d'un roi qui est d'abord celui un homme.
    Casting parfait au premier lieu le duo Colin Firth-Geoffrey Rush tout simplmeent épatant. Après un premier film remarqué Tom Hooper persiste et signe. 4/4

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  4. Je suis bien d'accord avec toi, Phil. Déception que ce Discours d'un Roi. C'est un bon p'tit film, rien de plus. Il n'essaie même pas de se donner une dimension historique et politique, alors que
    le contexte s'y prêtait particulièrement, quand même. Dommage.

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  5. Ton point de vue est assez intéressant parmi tant d'éloges critiques. Pour ma part j'ai aimé le film, son académisme ne m'a pas rebuté. J'ai trouvé Colin Firth phénoménal : certes on
    peut regretter que les "rôles à oscar" soient souvent basé sur la performance physique physique... mais en même temps elle est assez bluffante.

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  6. J'ai trouvé ce film très intessant. Je suis d'accord sur son côté académique mais Colin Firth est tellement touchant dans les faiblesses, les incertitudes et les contradictions de son
    personnage. Il résume toute la difficulté de l'existence : savoir se dire et se faire entendre. Très émouvant.

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  7. oui, tout est concentré dans l'interprétation finalement et colin firth l'aura son oscar, c'est sûr ! ;)

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