dimanche 13 février 2011

[Critique] Braindead, de Peter Jackson


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Tous les dimanches, c'est désormais "le jour du saigneur" sur le blog de Phil Siné, avec la
critique d'un film d'horreur bien gore, bien saignant ou bien barré. Pour une première, rien de mieux que "Braindead", l'un des films les plus cultes et mythiques du genre... Enjoy !




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Braindead, de Peter Jackson (Nouvelle-Zélande, 1992)



Note :
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Film culte réalisé par Peter Jackson à l’époque où il faisait encore de bons films, à la fois audacieux et originaux, « Braindead » est une petite merveille dans l’univers du gore parodique et
déjanté ! Le film raconte l’histoire de Lionel, un jeune homme vivant sous la coupe d’une mère très possessive, qui tombe amoureux de la belle et hispanique Paquita, à qui le destin l’a
visiblement lié. Sauf que la mère de Lionel ne l’entend pas de cette oreille (cette même oreille qu’elle laissera tomber dans un bol de crème anglaise un peu plus tard dans le film…), et suivant
le petit couple jusqu’au zoo pour les espionner dans leur bluette sentimentale, elle se fait malencontreusement mordre par une espèce de singe rare et dangereux, née de l’accouplement de petits
singes violés par de gros rats et que l’on ne trouve que sur l’île de « skull island » (référence directe aux origines de King-Kong, soit dit en passant… tiens, tiens ?) Ni une ni deux, la
vieille mère se transforme progressivement en zombie sanguinaire que Lionel tâchera tant bien que mal de cacher dans la grande maison familiale : mais de fil en aiguille, elle mordra ici et là et
la demeure se retrouvera bien vite infestée de morts vivants… Commençant comme une mauvaise et caricaturale telenovela espagnole à voir au second degré, le long métrage s’achève ainsi dans des
torrents de sang ébouriffants, laissant toujours une place prépondérante à l’humour !

La mise en scène de Peter Jackson est constamment outrée et excessive, pour verser dans un grand guignol volontaire et parfaitement assumé : mouvements de caméra amples et exagérés, effets
visuels ou de maquillage « à la truelle », jeux excédés des acteurs, gros plans poussifs sur les visages… Tout est fait pour en rajouter une louche à chaque plan, comme si l’intention du cinéaste
devenait justement la perspective de la surenchère elle-même : surenchère gore, surenchère comique, surenchère dans le niveau de lecture du film, que l’on peut / doit voir au moultième degré !
Mais l’aspect cinématographique ne se limite pas à une mise en scène de folie, il fourmille aussi de références et d’hommages à l’histoire du cinéma et à plein d’autres choses, comme autant de
clins d’œil qui rendent le tout encore plus jouissif : l’île de King-Kong donc, « Psychose » de Hitchcock, des scènes burlesques mimées comme au temps du cinéma muet… ou encore des allusions à
l’univers du « cartoon » et à ses gags : Lionel faisant du sur-place en essayant de courir dans une flaque de sang, un gros bonhomme qui poursuit un bébé aux traits de dessin animé un hachoir à
la main…

« Braindead » ose ainsi aller très loin dans le délire furieusement barré et enchaîne les situations et les rebondissements à la fois drôles, ahurissants et inventifs ! On croise par exemple le
chemin de personnages haut en couleurs, tel qu’une infirmière mutante qui perd régulièrement (et littéralement) la tête, un monstrueux bébé rigolard et tête à claque, ou encore un prêtre peu à
cheval sur les traditions et professionnel des arts martiaux (« Au nom du seigneur, je vous botte le cul », déclamera-t-il à quelques zombies dans son cimetière). On assiste à de nombreuses
séquences peu ragoûtantes, mais néanmoins profondément originales et décalées : une tête qui s’éclaire après avoir été traversée par une ampoule électrique, des organes qui continuent à vivre et
à se promener sans leurs corps, Lionel s’occupant des zombies comme on s’occupe d’enfants (il faut le voir apprendre à manger à ces créatures lors d’une scène de repas inoubliable !) Bref, le
scénario nous embarque ainsi souvent vers des routes à peine imaginables, où la surprise est de tous les plans, nous guidant peu à peu jusqu’à un finale hallucinant, avec visiblement pour seul
mot d’ordre : déchiqueter tout ce qui bouge, au mixer ou même à la tondeuse à gazon, dans une débauche de sang et de membres coupés rarement vu dans un film !

Si « Braindead » est avant tout un puissant défouloir cathartique pour amateurs de gore et de trash, le tout abondamment saupoudré d’humour gras mais toujours pertinent, il n’en reste pas moins
une œuvre un peu plus fine (à sa façon) par endroits… A commencer par la relation de Lionel à sa mère, que l’on peut lire dans une perspective délicieusement psychanalytique ! Traumatisé par la
mort violente de son père quand il était enfant, le jeune homme demeure ainsi « captif » de sa vieille mère, femme « dévoratrice » dans tous les sens du terme, en particulier une fois qu’elle est
devenue zombie… Mais malgré sa monstruosité, Lionel fera tout pour la garder jusqu’au bout près de lui, l’idée de détruire sa mère s’avérant pour lui parfaitement atroce… Heureusement, la
rencontre de Paquita va pouvoir changer la donne et le décider à « couper le cordon ». Au cours d’une ultime scène, la mère devenue gigantesque finit par reprendre Lionel dans son ventre :
celui-ci n’aura alors plus d’autre choix que de la tuer de l’intérieur, figurant ainsi une « nouvelle naissance » bien sanglante, lui permettant enfin de partir tranquillement vivre son idylle
sentimentale avec sa belle… Une illustration quasi littérale des théories de ce cher Sigmund : absolument charmant !



 



Mise en perspective :



- Créatures célestes (Heavenly Creatures), de Peter
Jackson (Nouvelle-Zélande, 1995)



- Lovely bones, de Peter Jackson (EU-GB-Nouvelle-Zélande, 2010)































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4 commentaires:

  1. Ah, du Peter jackson comme je l'aime: purée, tu pourrais pas refaire des flms comme ça plutôt que des lovely Bones ?

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  2. Pas revu depuis sa sortie (2 fois à l'époque) mais quel souvenir !!!


    J'ai l'impression de le connaitre par coeur...

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  3. pas sous nos tropiques en tout cas... mais j'ai entendu parler d'un projet de réédition des premiers films de jackson dans ce format...


    là je l'ai revu en fichier numérique numérisé à partir d'une VHS... ;)

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