dimanche 20 février 2011

[Critique] Basket Case 2 (Frères de sang 2), de Frank Henenlotter


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Tous les dimanches, ça va prier, et même supplier, sur le blog de Phil Siné, puisque l'on y célèbre désormais "le jour du saigneur", avec chaque semaine la critique d'un film d'horreur bien gore, bien saignant ou bien
barré...




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Basket Case 2 (Frères de sang 2), de Frank Henenlotter (Etats-Unis, 1990)



Note :
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« Basket case 2 » est la suite directe du premier volet de la
trilogie culte de Frank Henenlotter
: tout commence ici le soir même où les deux frères siamois « séparés » étaient tombés par la fenêtre de l’hôtel où ils logeaient après une violente
dispute… Laissés alors pour morts, il se trouve (fort heureusement pour cette suite !) qu’ils ne l’étaient pas vraiment et qu’une ambulance les emmène du coup à l’hôpital, tous les deux fortement
endommagés tout de même ! L’acteur qui joue Duane (le jumeau à allure humaine, contrairement donc à Belial, le morceau de chair difforme figurant l’autre frère, qui lui est interprété par une
marionnette), Kevin Van Hentenryck, a pris 10 ans depuis le tournage du premier film, mais au fond qu’importe puisque la cohérence n’est pas véritablement le souci majeure dans un film
d’Henenlotter…

On sent que l’amateurisme, qui faisait aussi le charme de l’épisode précédent, a en grande partie disparu, notamment du côté de la mise en scène, laissant alors l’œuvre du cinéaste faire une
belle remontée de la série Z… à la série B ! Henenlotter maîtrise visiblement foutrement bien les codes du cinéma de genre désormais : climat anxiogène, accentuation angoissante de certains sons,
jeux d’ombres portées, bruits mystérieux, gros plans sur des visages hystériques… etc. Et même si « Basket case 2 » se situe toujours du côté du cinéma d’exploitation (ce qui en fait d’ailleurs
aussi tout son intérêt !), on ne peut s’empêcher de ressentir aussi l’influence de grands maîtres du cinéma classique : Hitchcock notamment (une scène hallucinante de meurtre dans un grenier,
entièrement éclairée aux coups de flash d’un appareil photo), mais aussi le Todd Browning de « Freaks » (la vengeance monstrueuse de phénomènes de foires) ou même, pourquoi pas, une part entière
du cinéma expressionniste…

En ce qui concerne l’histoire, on est là aussi incroyablement surpris, le scénario s’aventurant dans tellement de directions différentes et s’éloignant amplement d’une suite trop attendue et
balisée… Après une fuite de l’hôpital sanglante, les « frères de sang » arrivent dans la maison d’une vieille et de sa fille apparemment normale, qui recueillent les êtres « monstrueux » qui ne
trouvent pas leur place dans le monde extérieur… Parallèlement, des journalistes vénaux en quête de scoop vont parvenir à localiser les jumeaux meurtriers en fuite et mettre ainsi en péril
l’avenir de la maison des monstres ! Leur sort s’avèrera bien entendu atroce…

Dans sa description des monstres, le réalisateur s’en donne à cœur joie : tête géante sur courtes pattes, homme à tête de lune, visages difformes, curiosités anatomiques en tout genre… Les
masques grotesques se multiplient à l’écran et donne à l’ensemble un aspect surréaliste assez étonnant, mais surtout une touche absurde et comique très bienvenue. Mais entre une femme enceinte
depuis six ans (dont le futur enfant lui sort du ventre comme un « Jack-in-the-box ») et la copulation immonde et très suggestive de Belial avec une autre « femelle » à son image, entre un humour
hilare et un aspect malsain étrangement fascinant, « Basket case 2 » se présente peut-être avant tout comme un merveilleux ode à la différence !

Car au fond, qui sont véritablement les monstres du film : ceux qui en ont simplement l’allure ou ce charlatan « montreur de monstres », exploiteur de la misère humaine, que Belial punit
abominablement au début du film ? Les monstres de la maison de la vieille dame ou ces charognards de journalistes ? Il y a en outre une once de conte de fées dans le film, que ce soit à travers
cette maison presque enchantée, avec une chambre pleine de jouets et de poupées, un mystérieux grenier où l’on accède par une trappe, ou par tous ces êtres monstrueux qui cachent en réalité
chacun un très beau talent enfoui tout au fond d’eux… Sans compter que tout s’achève dans une merveilleuse et affreuse ambiguïté ! Quand Duane découvre que la fille de la vieille avec qui il est
sur le point de conclure cachait elle aussi une horrible monstruosité, alors même qu’il aspirait à devenir enfin « normal », détaché de l’emprise de Belial, il devient fou. Et quand il s’aperçoit
que son frère, en plein ébat amoureux, se détourne enfin de lui (ce qu’il désirait pourtant plus que tout jusque-là), il décide de ré-assumer pleinement sa nature monstrueuse, dans un geste
désespéré et fou, se saisissant d’une grosse aiguille pour recoudre son frère à sa propre chair… Délirant, immonde, et pourtant génialement sublime ! Henenlotter prouve une fois encore qu’il est
le maître d’un « sub-cinéma » bien allumé et définitivement passionnant…



 



Mise en perspective :



- Basket case (Frères de sang), de Frank Henenlotter (Etats-Unis,
1982)



- Elmer, le remue-méninges, de Frank Henenlotter (Etats-Unis,
1987)































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3 commentaires:

  1. "Do you have the time to listen to me whine about nothing and..." (pardon)


     


    Plus sérieusement, jamais entendu parler de ce film, ni le premier qui a mon âge, ni celui-ci. Tu m'as intriguée, mais pas moyen de mettre la main sur le premier (qui s'appelle apparemment
    "Frères de sang"). Du coup tant pis pour moi (je vais en parler à mon shrink, je le sens)(repardon)

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  2. Je me suis arrêté au 1er: j'ai lu des tas de mauvaises critiques sur les deux suites portées au premier opus.

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  3. j'avais lu plein de mal sur les suites moi aussi, mais le 2 m'a vraiment enthousiasmé ! j'ai du mal à trouver le 3 par contre, pourtant c'est prometteur : belial va avoir une "progéniture" ! ;)

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